Mercredi en fin d'après midi, le ministre de la Culture a passé un bon moment à Dar Ben Abdallah. Piloté par Noureddine Ouerghi, Mr Bach Chaouch a été, en tant qu'archéologue, visiblement, agréablement surpris par la qualité de la restauration de ce qui étaient les écuries de la demeure Ben Abdallah : voûtes et arcades en briques pleines, couleur ocre reposante, espace aéré, fonctionnel, avec petit jardinet attenant. Le ministre a aussi apprécié le théâtre de poche, situé à l'étage, équipement très moderne, fauteuils confortables et excellente visibilité. N. Ouerghi lui a aussi montré cet autre espace attenant, réservé aux répétitions, à l'expression corporelle, utile pour les répétitions, la danse, pour les stages de formation, de démonstration, pour le mime et la musique. Puis, une réunion, informelle, autour d'un thé à la menthe, loin de tout le tralala protocolaire auquel plusieurs responsables tiennent. Pas de costumes étriqués, ni pléthore d'apparatchiks inutiles, au contraire, presque une réunion intimiste, ambiance décontractée, beaucoup d'humour et beaucoup de sérieux surtout. Mr Bach Chaouch a réitéré sa satisfaction de voir ce morceau du patrimoine ainsi sauvegardé et a rappelé sa conception du théâtre. En tant qu'art, il faut le mettre à la portée de tous. Des théâtres de poches dans chaque quartier, cela créera inévitablement des emplois pour les jeunes diplômés des Instituts et attirera les habitants vers ces lieux de culture. Mettre fin à ces choix de construire d'énormes ensembles qui coûtent si chers. Récupérer et restaurer des lieux à l'abandon, un peu partout, et leur donner une nouvelle vie. Quelques propositions ont été faites en ce sens, bonne note a été enregistrée, des rendez-vous pour visiter les premiers espaces connus sont pris.
Interview exclusive avec M. Bach Chaouch, ministre de la Culture « Rapprocher le théâtre et la culture du citoyen »
Alors M. le Ministre, vous découvrez Dar Ben Abdallah ??
En fait, je connais l'autre Dar Ben Abdallah, le musée. Quand j'étais directeur, j'ai contribué à ce qu'il prenne l'allure qu'il a maintenant. Mais j'ai tenu à venir ici, parce que j'ai appris que M.r Ouerghi a eu le courage de restaurer ce makhzen qui était abandonné et dans un état lamentable, et il en a fait ce lieu de culture original. Comme j'étais longtemps exilé de ce pays, et dès ma nomination, j'avais décidé d'y venir. Je l'ai promis, je l'ai fait.
C'est une agréable surprise ?
Je suis très heureux de voir ce lieu ainsi conçu. En tant qu'archéologue, je constate que cela a été parfaitement restauré. D'autres utilisent des espaces patrimoniaux et les dénaturent. Ma surprise, ce sont ces deux salles à l'étage. Le théâtre de poche est une petite merveille, moderne, fonctionnel, ainsi que cet autre espace de répétition, de formation, de danse. Un ensemble polyvalent. Je suis vraiment satisfait de cette réalisation, et d'avoir vu cela. J'espère y revenir pour assister à un spectacle. C'est important.
Je vous ai entendu tout à l'heure parler de bibliothèque..
Je souhaiterais voir ici une bibliothèque, c'est fondamental pour un pareil espace. Attirer les jeunes et les enfants du quartier pour que cela devienne leur maison, leur maison de culture, avec une animation musicale. Je vais y veiller.
La meilleure politique serait donc de multiplier ce genre d'espace culturel ?
C'est évident ! Suffit de construire des mastodontes, des gouffres d'argent !! Question de gouvernance aussi : il vaut mieux gérer des espaces de ce type pour que les budgets alloués servent plutôt à l'emploi des jeunes et à l'animation culturelle qu'à des amas de béton.
C'est une façon de rapprocher le théâtre du citoyen…
Oui, le théâtre en tant qu'art complet. C'est une manière de mettre la culture à portée, à proximité du citoyen, et de gommer ce mythe du théâtre, de l'art, chasse gardée de l'élite.
Vous avez parlé de rendre hommage au cinéaste Mustapha Hasnaoui ?
Je proposerai de donner à la prochaine session du Festival de Kélibia le nom de Mustapha Hasnaoui. Il faut rendre hommage à ce cinéaste et le faire connaitre aux Tunisiens. Nous sommes fiers de ce genre d'artiste. Honorer sa mémoire, pour que des gens de cette qualité ne soient pas oubliés, au contraire, un modèle pour tous ces jeunes créateurs. Nous ferons le nécessaire pour lui donner la place qu'il mérite dans notre patrimoine cinématographique. Propos recueillis par : Fatah Thabet