Le Temps-Agences - Accusé de "déviationnisme" voire de pratiques occultes par ses adversaires conservateurs religieux, l'entourage du président Mahmoud Ahmadinejad a contre-attaqué en liant la crise actuelle à la tête du pouvoir iranien aux prochaines échéances électorales. "Il n'y a pas de +courant déviationniste+, ce n'est qu'une histoire inventée de toutes pièces dans la perspective des deux prochaines élections" législatives (en mars 2012) et présidentielle (en juin 2013), a affirmé hier Ali Akbar Javanfekr, conseiller de M. Ahmadinejad pour la presse et directeur de l'agence officielle Irna. "Nos amis (ndlr: les opposants conservateurs au président) feraient mieux de reconnaître qu'ils ont peur des élections plutôt que de créer un monstre dans la tête des gens pour leur faire peur", a-t-il ajouté sur son site internet. La ligne conservatrice dure du régime a lancé depuis un mois une violente campagne contre Esfandiar Rahim Machaie, directeur de cabinet et principal conseiller du président Ahmadinejad, en l'accusant notamment de diriger un courant "déviationniste" qui viserait à saper le régime islamique iranien. M. Machaie, «bête noire» des conservateurs religieux qui le jugent trop libéral et trop nationaliste, a également été accusé la semaine dernière d'avoir "envoûté" le président par un influent religieux ultra-conservateur, l'ayatollah Mohammad Taqi Mesbah Yazdi. Cette accusation a coïncidé avec l'arrestation d'au moins deux membres de l'entourage présidentiel pour des pratiques qui s'apparenteraient à de l'occultisme, selon les maigres informations diffusées par la justice sur une affaire qui a entraîné la diffusion de rumeurs de "sorcellerie" par des sites conservateurs hostiles au gouvernement. La justice, dominée par le courant ultra-conservateur du régime, a également annoncé les arrestations récentes de plusieurs proches de M. Ahmadinejad dans une obscure affaire de DVD à contenu politico-mystique. Parmi les personnes arrêtées figurent l'hosjatoleslam Abbas Amirifard, imam de la prière de la présidence, et M. Kazem Kiapasha, chargé du recrutement du personnel de la présidence. Cette offensive des conservateurs contre l'équipe présidentielle et M. Machaie, dont ils exigent le départ, est intervenue après une tentative ratée de limogeage du ministre du Renseignement par M. Ahmadinejad en avril. Cette opération, dont l'initiative a été attribuée à M. Machaie, s'est heurtée au veto du Guide suprême Ali Khamenei derrière lequel s'abritent les ultra-conservateurs, déclenchant une crise politique inédite entre le président et le Guide suprême. Les deux camps ont lié cet affrontement à une lutte pour le contrôle des services de renseignement à moins d'un an des législatives, auxquelles la présidence n'a pas caché son intention de présenter ses propres candidats contre les conservateurs religieux dominant actuellement le Majlis.