Les bureaux de la Fédération Tunisienne de Football (FTF) ainsi que de pas mal d'autres Fédérations ont été choisis et installés par l'ancien régime, et rien n'a changé jusqu'à ce jour, à l'exception de la démission de Ali HAFSI (ex président de la FTF). Bien que je n'ai jamais partagé ses valeurs , je me dois à cette occasion de lui rendre un hommage pour sa démission. Il faut rappeler qu'il avait été élu !….et que s'il avait tenu à garder son poste jusqu'en 2014,il aurait été difficile de l'en déloger. Je ne connais pas les motivations de sa démission, mais, ce faisant, il a enlevé un sérieux obstacle de la voie des réformes. Son acte représente un premier pas vers la dissolution du bureau fédéral. Ce CNOT ainsi que ces Fédérations ont vu après le 14 Janvier certains de leurs responsables annoncer leur opposition à l'ancien régime (un peu de décence s'il vous plait !) alors qu'ils en sont l'émanation et le symbole : - Tel président annonce qu'il s'octroie un an de plus de mandat. - Tel autre annonce qu'il s'accrochera à son mandat, contre vents et marées, jusqu'à la fin Que fallait-il qu'ils fissent me diriez-vous ? La moindre des choses aurait été qu'ils assument au moins ce qu'ils étaient et qu'ils se mettent au diapason de ce que vit le pays en entamant les réformes en profondeurs qui s'imposent. Je n'ai pas besoin de rappeler que la situation du sport en Tunisie était très alarmante à la fin de l'ancien régime et je l'ai dénoncée dans ce journal même dans un article en date du 29 Mars 2010 intitulé ‘Et maintenant ?.....' dans lequel j'ai mentionné les lacunes existantes dans le football ,mais cela était aussi valable pour la majorité des autres sports : «- la formation des joueurs : des présidents de clubs qui négligent cette formation - parce qu'ils ne sont intéressés que par les résultats immédiats - la formation des entraineurs - la formation des arbitres - la formation des dirigeants - la tenue morale et professionnelle des médias - une autorité de tutelle qui ne doit exercer son pouvoir que là où elle doit le faire… - etc Qu'un maillon de cette chaîne ne fasse pas convenablement son travail et la sanction est immédiate. Aujourd'hui, force est de constater que les défaillances se trouvent au niveau de tous les maillons. Tout se tient et nous ne gagnerons notre pari que si tous les problèmes sont abordés. » Après la révolution, cette situation s'est encore plus dégradée. La plupart des clubs sont actuellement en situation de faillite. Alors, devant cette situation, tous les jours, toutes les heures et toutes les minutes comptent. Il aurait fallu , dès le 15 janvier, créer des commissions spéciales et tout réformer aussi bien au niveau des règlements internes des Fédérations que des lois générales qui régissent les clubs et le sport en Tunisie. Le sport est très malade et toutes ces instances l'ont regardé, ces quatre derniers mois, en train de dépérir sans le moindre geste. Quant à l'autorité de tutelle, telle Ponce PILATE, elle semble s'en laver les mains, s'appuyant sur le fait qu'il s'agit d'instances élues auxquelles on ne peut rien imposer. Pour autant, cela est un peu vrai ; mais on pouvait, quand même, appeler ces responsables, dialoguer avec eux, les raisonner pour leur faire prendre les bonnes décisions dans l'intérêt supérieur du pays. Les connaissant ,je suis certain que le dialogue persuaderait la majorité d'entre eux . Sinon , il faudrait rappeler aux récalcitrants les leviers dont dispose l'état pour les pousser à épouser la cause du changement opéré dans ce pays depuis le 14 Janvier. Ce n'est pas parce que l'état ne doit pas intervenir dans l'élection de ces instances, qu'il doit se taire ou continuer à les soutenir financièrement, quand leurs agissements sont contraires aux intérêts du pays. Devant cette situation, nous pensons pour notre part qu'il n'est jamais très tard pour bien faire et que l ‘autorité de tutelle devrait déclencher ce processus dans les plus brefs délais. Trop de temps est déjà perdu. Alors qu'y-a-t-il d'autre à faire à part pousser ces instances vers de nouvelles élections cet été ? Il faudrait, parallèlement, constituer les commissions nationales suivantes ,à l'image de ce qui a été fait sur le plan politique : - Une commission générale pour toutes les disciplines du sport dont le rôle sera une refonte totale des lois qui le régissent. - Des commissions spécifiques pour chacun des sports et dont le rôle sera la refonte des règlements internes à chaque Fédération. Ces commissions, la générale et les spécifiques, seront constituées de personnes connaissant bien le sport et ayant des expertises, non seulement dans les divers domaines classiques qui le régissent , mais aussi dans d'autres domaines, tels celui des nouvelles technologies. Ces personnes existent en Tunisie, un bon nombre ne sont même pas connues du grand public et leur apport serait certainement très utile. Il appartient à l'autorité de tutelle de désigner les membres de ces commissions après consultations avec qui de droit. La commission supérieure des réformes politiques ainsi que les deux autres commissions indépendantes ont bien été initiées et installées par l'autorité et sont en train de faire du bon travail pour notre avenir. Pourquoi ne pas faire autant pour le sport ? Les commissions à créer ,auront pour objectif de produire, après consultation avec toutes les parties prenantes, et dans un délai de trois mois, les textes de lois et les textes règlementaires qui devront régir le Sport et les Fédérations. Il est bien entendu que ces textes de lois seront soumis au vote de la prochaine assemblée nationale et ces textes de règlements intérieurs seront soumis aux votes des assemblées générales extraordinaires des différentes Fédérations, dont les nouveaux bureaux fédéraux auront été élus. Nous pensons que cette feuille de route est réalisable avant la fin de l'été 2011 ce qui aura pour avantages de faire gagner une année à notre sport et permettra aux clubs de démarrer la saison sportive prochaine dans de bien meilleures conditions. Le sport vit certainement la crise la plus grave de son histoire. Aujourd'hui ,les problèmes se situent à tous les niveaux : les hommes, les mauvaises habitudes ,les règlements ,etc. Mais impossible n'est pas Tunisien .Notre pays a réussi à se libérer d'un régime dictatorial ,et à se mettre dans la bonne direction. Alors , il n'y a aucune raison pour que le SPORT n'ait pas son 14 janvier. Khaled SANCHOU Ancien Président de la FTF Actuellement membre de la CAF kami [email protected]