Un nouveau créneau est entrain de se développer en Tunisie, la cuniculture. C'est à la fois un avantage et un inconvénient. Sans prétendre au statut d'un secteur moteur, son caractère récent lui permet de s'organiser à temps et d'évoluer sur des bases solides. La viande du lapin avec ses qualités diététiques très reconnues par les nutritionnistes connaîtra-t-elle l'essor qu'espère les éleveurs ? Comment doivent-ils s'organiser pour être au diapason des exigences internationales, surtout que la demande à l'exportation existe ? Une journée d'information a été organisée, hier par l'Union Tunisienne d'Agriculture et de Pêche sur la cuniculture en présence d'éleveurs et de techniciens. La production annuelle moyenne de viande de lapin s'élève à 3500 tonnes provenant, secteur moderne et secteur classique confondus. M Mabrouk El Bahri, président de l'UTAP devait placer la journée dans son cadre général, rappelant qu'à l'instar des autres secteurs agricoles, « la seule voie de salut est le regroupement ». Il n y a plus de place à ceux qui agissent seuls, car en cas de difficultés, ils s'adresseront à l'Utap. Il faut être solidaire entre éleveurs. Il ne faut pas hésiter à s'échanger les expériences réussies. En s'associant les éleveurs gagnent en force de négociation pour acheter ensemble les intrants et baisser les coûts. Au niveau de l'écoulement aussi, ils peuvent proposer des quantités intéressantes à prix négociables avec moins de difficultés que lorsqu'un éleveur se présente seul. Dans les pays avancés on considère que sans regroupement, il n y a pas de place à l'agriculture. Comme l'année 2007 a été proclamée celle des conventions de production, il faudra s'organiser en associations pour les signer. « Il ne faut pas penser production seulement. Il faut penser commercialisation » renchérit le patron de l'Utap.
Opportunités certaines Le créneau de la cuniculture est prometteur sur le marché local, tout en offrant des débouchés à l'exportation. Or les marchés étrangers exigent des quantités importantes, chose qui n'est pas encore effective chez - nous. Une enquête a été réalisée par le Groupement interprofessionnel d'aviculture et de cuniculture, concernant l'élevage de lapins. Elle a touché dix gouvernorats, le Grand Tunis, Bizerte, Nabeul, Jendouba, Béja, Siliana et Zaghouan. Elle a concerné tout ce qui se rapporte à l'éleveur, les bâtiments, l'état des cages, les effectifs ( mères lapines, mâles)... Elle a révélé certaine faiblesses au niveau des conditions d'hygiène, de la propreté, des cages, des boîtes à nid... Elle servira de base de données pour le Groupent qui vient récemment d'inclure la cuniculture dans ses activités. « L'enquête est faite en collaboration avec l'Office d'Elevage et de pâturage », déclare au Temps, Dr Chahid Chakroun en ajoutant qu'elle permettra de localiser les élevages et d'éviter les problèmes de concentration dans une seule région. Comment gagner le consommateur tunisien, surtout que les principaux débouchés de la viande lapine sont le tourisme et l'armée.
Plus de professionnalisme Des campagnes de sensibilisation seront organisées à l'intention du consommateur tunisien sans oublier les perspectives d'exportation vers l'Union européenne. Deux abattoirs seront construits à EL Jem et à Zaghouan avec une capacité de 2400 lapins/ jour chacun. « S'ils obtiennent l'agrément CEE, le marché européens sera ouvert », nous confie Chahid Chakroun. L'Europe est un grand marché qui importe même de Chine. Avec ces débouchées des investisseurs s'implanteront. D'ailleurs, même la peau du lapin est exploitable. Un entrepreneur l'utilise pour faire des gadgets. Les éleveurs tunisiens se professionnalisent progressivement puisque certains cuniculteurs égorgent les lapins et les congèlent pour les écouler pendant la saison touristique.
Un cahier de charges de référence Pour garantir un essor continu du secteur, un cahier de charges a été élaboré et édité par le ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, le 21 Octobre 2006. L'objectif de ce cahier de charges n'est pas de fermer les unités existantes. Il ne concerne que les nouveaux éleveurs. Ceux qui sont déjà installés doivent s'en inspirer pour se mettre à niveau. Il concerne les conditions d'hygiène, les locaux, les grillages... Dans l'élaboration de l'étude du projet, il faut tenir compte des vents dominants conformément aux normes internationales. Les conditions d'hygiène doivent être respectées de la manière la plus stricte. Des douches doivent être installées et utilisées par les ouvriers avant d'entrer à l'espace réservé aux lapins. Les cages doivent être sans rouille. Il faut utiliser des produits décapants et des produits désinfectants pour les canalisations d'eau. « Une mouche peut tuer », déclare Chakroun. Les éleveurs saisiront-ils la chance d'être en début de chemin pour instituer les bonnes habitudes ? Un encadrement continu de la part du Groupement est attendu.