L'instauration de la démocratie dans la Tunisie nouvelle, la préservation des acquis de la femme tunisienne et sa participation dans la vie politique, la montée de l'islamisme après le 14 janvier, la liberté d'expression et le rôle des médias, la gestion des élections…sont notamment les sujets évoqués par une trentaine de femmes tunisiennes et françaises lors de la 8ème rencontre des Femmes de Méditerranée tenue les 16,17 et 18 juin à Mahdia, Monastir et Sousse. Des sujets d'actualité qui attirent l'attention des observateurs internationaux dont des femmes du secteur audiovisuel français, des avocates, des universitaires et des femmes de production audiovisuelle et cinématographique. Moderniste, libre et libérée, la femme tunisienne voit-elle ses acquis menacés dans un contexte où plusieurs parties essayent de tirer en arrière la deuxième moitié de la société? Ce sujet fait juste après la Révolution, l'objet d'un débat chaud aussi bien dans les espaces de communication que dans le réseau social facebook, où chacun à sa manière essaye d'attirer l'attention sur l'importance de préserver le statut de la femme tunisienne voire de l'améliorer. En fait, la parité homme/femme dans la vie politique, sociale et économique et la participation de la femme à la prise de décision sont le cheval de bataille des femmes militantes et des associations actives dans le domaine. L'Association de la Femme Tunisienne pour la Recherche et le Développement, (AFTURD), l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) sont parmi celles qui défendent les acquis promulgués dans le Code du Statut Personnel. Une tâche certes, pas facile même après le 14 janvier car, nombreux sont ceux qui essayent de tirer vers le bas la femme et surtout de réduire son rôle dans la société. Un rôle qui se résume d'après une frange dans les tâches ménagères et domestiques. Ces idées dégradantes, dangereuses ont largement été évoquées par les Femmes de Méditerranée qui voient en la Tunisienne l'exemple réussi de la femme arabe libre, cultivée, moderne et éclairée. Elles se sont renseignées auprès des participantes sur la menace des mentalités arriérées, la montée des islamistes et le risque de toucher à la liberté de la femme en Tunisie et surtout de cloîtrer la deuxième moitié de la société. Les Médias Par ailleurs, le rôle des Médias dans le contexte actuel et surtout leur responsabilité dans l'orientation de l'opinion publique ont aussi fait l'objet d'un débat chaud. Un rôle jugé très important, primordial et essentiel pour faire face à certains groupes dont, les islamistes qui ne lésinent pas sur les moyens pour limiter les libertés de la femme tunisienne. Toujours dans le même ordre d'idées, les discussions ont été axées sur le port du voile et du « Niquab », aussi bien par les jeunes filles que par les femmes. Un sujet d'actualité brulante, il a accaparé la plupart de la discussion lors des deux premières séances de travail. Et le système électoral ? Toujours dans le même contexte, les participantes françaises se sont interrogées sur le système des élections de l'Assemblée Constituante et la participation de la femme à ce rendez-vous historique. Elles ont également évoqué un autre point toujours d'importance majeure, à savoir : la femme à la tête des postes de décision. Des réponses ont été apportées par les tunisiennes, où elles ont rappelé les décisions prises par la Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution, de la Réforme Politique et de la Transition Démocratique quant à l'égalité homme/femme sur la tête des listes électorales et l'alternance. Une décision, pionnière puisqu'elle n'a pas déjà été prise dans d'autres pays arabes ni européens. Reste à savoir si la femme sera capable de s'imposer face à l'homme et décrocher ainsi le maximum de sièges dans la Constituante ? Il s'agit de l'un des défis qui se posent à la femme tunisienne. Ces questions largement débattues par les participantes sont considérées d'après certaines « importantes mais pas prioritaires ». C'est à l'économie qu'il faut accorder l'attention. En chute libre, le secteur nécessite plus que jamais un coup de pousse pour pouvoir se relancer, résoudre le problème du chômage et réaliser ainsi les objectifs de la Révolution.
Et l'apport des Femmes de Méditerranée ? Comment les participantes françaises peuvent-elles assister la Tunisie, notamment dans le secteur du tourisme ? C'est à cette question qu'elles ont essayé de répondre. Elles ont toutes manifesté une volonté à garder contact avec les tunisiennes pour prévoir les méthodes de travail susceptibles de faire avancer les choses dans le bon sens. Une attention sera accordée à la participation de la femme dans la vie politique, l'économie et le tourisme. Les participantes tunisiennes ont proposé dans ce cadre à ce qu'on les mette en contact avec des associations françaises actives dans le domaine pour acquérir de nouvelles compétences. Pour ce qui est de l'économie, elles ont proposé d'organiser des rencontres entre les femmes chefs d'entreprises et ce pour attirer l'attention sur la situation économique. Le tourisme gravement sinistré a aussi été abordé. Il s'agit dès lors de l'amélioration de l'image de la Tunisie en France surtout par rapport à la sécurité. Solidaires au féminin, c'est ce que les femmes de Méditerranée essayent de faire.
Valérie Boned, secrétaire générale déléguée du SNAV, les professionnels du voyage « C'est le client qu'il faut convaincre aujourd'hui » Parlant du secteur du tourisme et de l'effort déployé par les professionnels français pour attirer leurs compatriotes vers la Tunisie Valérie Boned, secrétaire générale déléguée du SNAV, les professionnels du voyage a annoncé que les professionnels français sont également touchés par la crise. « Le taux des sinistrés est très important aujourd'hui », d'après elle. « Le vrai problème ce sont les clients et non pas les entrepreneurs ni l'Etat », ajoute-elle. Elle précise que « des campagnes ont été faites mais la façon de présenter la Tunisie est très compliquée ». Le touriste français cherche en fait, la sécurité et la stabilité, d'où l'importance de travailler sur ces points et de faire une réflexion cohérente, car « il s'agit bien du client qu'il faut convaincre aujourd'hui », attire l'attention Valérie Boned.