« Chansons de la vie » de Ridha Chemak est l'un des trois spectacles programmés à l'ouverture du festival de Carthage 2011 qui a eu lieu mardi 5 juillet au Musée de Carthage. La première impression ressentie lors de ce spectacle est que la délocalisation du Festival de Carthage de cette année n'a pas déteint ni sur la qualité de l'organisation ni sur le moral des artistes ou du public habitué à voir tous les spectacles à l'amphithéâtre romain. C'était une soirée réussie à tous les points de vue. La fraîcheur du temps, la splendeur des lieux et les performances des artistes ont contribué à créer une ambiance enthousiasmée tout au long de la soirée. Le spectacle a démarré vers le coup de 22h juste avec l'arrivée du ministre de la culture M. Bach Chaouch qui y assista jusqu'à la dernière minute. La soirée, signée Ridha Chemak, était dédiée à la Révolution tunisienne à travers des chansons patriotiques et engagées des meilleurs poètes arabes : Mahmoud Derouiche, Abou Kacem Chebbi et Nizar Kabbani. La composition musicale de toutes les chansons revient au virtuose Rihda Chemak qui assura ce soir là, en grand chef d'orchestre et avec brio, la direction de sa troupe formée d'environ une quarantaine de musiciens. Le public habitué à voir le maestro jouer de son luth a été agréablement surpris des belles performances de Chemak en tant que chef d'orchestre très habile et aux gestes endiablés. Il fut tellement excité sur scène qu'il simula quelques mouvements de danse sur scène au grand bonheur d'un public venu nombreux ce soir-là pour découvrir les dernières productions de cet artiste de talent. La troupe qu'il dirigeait se composait de 12 violonistes, d'un luthiste, de deux violoncelles, de deux contrebassistes, d'un accordéoniste, d'un joueur de qanoun, de percussionnistes et d'un pianiste. La chorale comportait une dizaine d'éléments dont ceux qui ont interprété les chansons programmées dans la soirée. Au programme, il y avait environ dix chansons célébrant la liberté et la dignité des peuples et dénonçant la tyrannie et la dictature sous toutes les formes. Des thèmes qui tombent à pic à l'heure où la Tunisie s'engage dans la voie de la démocratie. Ce sont des morceaux choisis parmi les œuvres de Mahmoud Derouiche interprétées respectivement par les jeunes voix féminines Asma Ben Ahmed, Raoudha Abdallah et Lobna Noômane. D'autres ont été interprétées par les jeunes chanteurs Mahdi Ayachi et Walid Mzoughi. Le public a eu droit à la chanson « Iradatou Al Hayat » de Abou Kacem Chebbi qui a été accueillie par une salve d'applaudissements. L'unique chanson de Saied Derwiche « A hou delli sar… » qui fut interprétée par Mahdi Ayachi a enfiévré l'ambiance parmi le public qui avait entonné les paroles de la chanson en chœur en applaudissant très fort le chanteur. Le clou du spectacle eut lieu quand Ridha Chemak, qui avait assuré jusque-là la direction de la troupe, prit le micro pour interpréter le fameux poème de Nizar Kabbani intitulé « Al Dick » (Le Coq) qu'il avait lui-même mis en musique. Une chanson qui a attiré l'attention aussi bien par ses paroles que par l'interpréttion du chanteur qui excella dans son interprétation du texte, à telle enseigne que le public lui demanda de bisser la même chanson. Pourquoi pas ? Tant que chaque parole du poème rappelle la tyrannie des dictateurs dans le monde arabe (dont le président déchu !) et leur abus de pouvoir, tout comme le coq qui régnait seul dans la basse-cour en maître incontesté en faisant la pluie et le beau temps.