Les préparatifs de la 46e édition du festival international de Carthage semblent battre leur plein. Mais il faudrait encore attendre le mois de juin pour que le programme définitif soit enfin dévoilé lors d'une conférence de presse. Pour le moment : motus, aucune déclaration officielle à propos des noms qui auront la chance de monter sur la prestigieuse scène de l'amphithéâtre romain de Carthage ! Seulement, voilà que Mourad Sakli, fraîchement nommé à la tête de ce grand festival, a organisé samedi matin, dans un hôtel de la capitale, sa première rencontre officielle avec les médias. Une rencontre qui a pris la forme d'un débat et dont le but était de recueillir les remarques, les critiques et les propositions des journalistes tunisiens afin de pouvoir pallier les travers dont a souffert le festival international de Carthage lors des dernières éditions, mais aussi, afin de pouvoir esquisser sa nouvelle configuration. C'est pour ainsi dire une première et une belle initiative que nous espérons instaurer comme tradition et pourquoi pas généraliser pour tous les grands événements culturels nationaux. Il s'agit donc d'un bon point pour la nouvelle direction qui a opté pour une voie résolument démocratique, et qui semble vouloir partir du bon pied avec la presse nationale dont les rapports avec le festival étaient parfois, nous le savons tous, assez tendus, lors des dernières éditions. Une stratégie nouvelle et progressive Bien que, comme nous l'avons déjà dit, le programme officiel et tant attendu de cette édition reste secret, bon nombre de nouveautés ont été annoncées. Mourad Sakli a, en effet, déclaré qu'une stratégie générale a été mise en place pour que le festival international de Carthage reste fidèle à sa réputation comme l'un des plus importants festivals arabes, africains et mondiaux, qui contribue à améliorer le goût du public, intègre le circuit du tourisme culturel et participe ainsi, au rayonnement de l'image de marque du pays. Désormais, les spectacles et les artistes ne seront sélectionnés que s'ils répondent à des exigences et à des critères techniques et artistiques bien précis. Dans ce sens, Mourad Sakli a promis que les artistes dont le niveau n'est pas à la hauteur de ce prestigieux festival ne seront plus programmés et que quatre à cinq gros calibres de la scène musicale internationale seront invités chaque année. Cela étant, les tarifs des billets ne seront pas augmentés. Mieux, la direction travaillera à ce qu'ils baissent d'une édition à une autre grâce à une stratégie de marketing efficace, au grand bonheur du public. Tous les spectacles seront inclus dans les abonnements, ce qui n'était pas le cas, tout bizarrement, ces dernières années. Mais ce qui est encore plus important, c'est que le festival sera enfin doté d'une direction permanente qui assurera le suivi des dossiers et des projets tout au long de l'année. Des diplômés en musique, en sciences culturelles, en communication et marketing et en archives... feront partie de cette nouvelle équipe. Mourad Sakli a aussi annoncé qu'un petit musée consacré au festival international de Carthage sera créé au sein de la direction et qu'un portail web regroupant toutes les éditions avec une documentation fournie sera lancé d'ici la fin de l'année. Pour cette 46e édition, nous savons déjà que la nouvelle direction n'a produit aucun spectacle et qu'elle va jouer la carte de la diversité et de la découverte. D'autres couleurs musicales, géographiquement éloignées, qui ne sont pas médiatiquement très connues, mais qui sont d'une très grande qualité artistique animeront plusieurs soirées de cette édition. Aussi, Rotana, dont la présence a été fortement critiquée—à tort ou à raison—, ne fera-t-elle pas partie de la fête et par conséquent, la variété et la chanson légère, bien que toujours présentes, n'auront plus le monopole de la programmation. Cette dernière comportera, d'après les déclarations de Mourad Sakli, des artistes de renom et des spectacles au fort impact culturel. Le cinéma, quant à lui, ne sera pas en reste, semble-t-il. La direction du festival a également annoncé que la télévision tunisienne a accepté de diffuser quotidiennement un journal spécial pour le festival international de Carthage, ainsi que d'offrir des spots publicitaires (avec les sponsors), ce qui est une première. Un sondage d'opinion sera par ailleurs réalisé pendant le festival et une réunion d'évaluation avec les journalistes aura lieu après la clôture de chaque édition afin de connaître les goûts du public, entrevoir les différentes tendances, esquisser les grandes lignes de l'édition à venir et progresser. Mourad Sakli, dont la compétence ne fait aucun doute et dont la nomination a réjoui les acteurs de la scène culturelle nationale, semble animé d'une bonne volonté, celle de redorer le blason du festival international de Carthage. C'est une lourde responsabilité qui lui a été confiée, mais les débuts semblent prometteurs. Réussira-t-il? Sa direction constituera-t-elle un tournant dans l'histoire du festival international de Carthage? Nous ne tarderons pas à le savoir...à partir du 8 juillet prochain.