Souad Massi, clou du festival de Carthage post-révolution, n'a pas déçu. Loin s'en faut. Au contraire, elle s'est fait un réel plaisir de faire plaisir à des spectateurs venus découvrir son talent de chanteuse qui a rompu avec les chansons traditionnelles algériennes ou plutôt qui a su allier tradition et folk en relevant ses mélodies d'un goût de révolution. Souad Massi a plus que dans la voix, elle a aussi dans les doigts. C'est qu'elle joue efficacement de la guitare sèche pour accompagner son chant. Dès son premier album « Raoui » paru en 2009 et dont 10.000 exemplaires ont été écoulés en quelques semaines, la presse française la surnomme « Tracy Chapman algérienne » ou encore « Rickie Lee Jones de Bab-el-Oued ». C'est que la chanteuse a baigné, alors adolescente, dans la musique country américaine opérant une rupture radicale avec le chaâbi algérien sans toutefois renier ses origines. Sans doute, ses origines lui donnent de l'énergie et dans la voix et dans les pulsions par lesquelles elle veut toucher le plus grand nombre de mélomanes. Envoûtante, la jeune chanteuse ne laisse surtout pas indifférent. Sa présence, sa personnalité et son bagout lui donne une assurance auprès d'un public charmé. Elle compose et écrit ses propres chansons mais fait appel à un arrangeur Bob Coke pour donner plus de caractère et d'étoffe à ses refrains. Installée en France dans les années 2000, elle a trouvé sa voie. Les médias l'ont aidé et accompagné dans son ascension. Sa musique mi-Kabyle, mi-occidentale traverse sans entraves les cultures des deux rives de la Méditerranée. Musique multi-culturelle comptant la présence du luth et de la darbouka arabe, la guitare électrique et la batterie occidentale, les tablas indiens et le timbre de la voix kabyle de Souad dans des proportions équivalentes à celle d'une Fayrouz. Souad a su combler son public en lui offrant un bouquet de chansons imprimées de son caractère bien trempé. Cette enfant de la balle, qui a quitté la Kasbah d'Alger pour s'installer à Paris et entreprendre une aventure jalonnée d'embûches, n'a pas perdu son temps. Dès 17 ans, elle s'est mise à écrire et à composer ses chansons. Des chansons sortant de ses tripes et de tout ce qu'elle a vécu dans une Algérie livrée alors à la violence. Ce soir au Musée de Carthage, elle partageait avec le public tunisien des moments de joie d'une révolution conquise au nom de la liberté et de la dignité. Il y avait comme un air de communion entre l'artiste et l'assistance. Elle a chanté avec sincérité et subtilité se livrant à toutes sortes de prouesses. Une ondée d'ovations pour récompenser son talent et sa présence si chaleureuse dans le cadre enchanteur qu'est le Musée dans lequel son nom : Souad Massi résonnera longtemps.