Le 17 novembre 2005, Robert Ménard, le secrétaire général de « Reporters Sans Frontières », s'apprêtait à assister au SMSI (Le Sommet mondial sur la société de l'information) qui allait avoir lieu à Tunis. Des policiers en civil étaient là pour l'accueillir, à leur manière. Ils l'avaient tout simplement empêché, par la force, de débarquer de son avion à l'aéroport Tunis-Carthage. Le motif était d'une absurdité affligeante : en effet, M.Ménard a été refoulé avant même d'avoir mis les pieds sur le sol tunisien par ce qu'il « ne disposait pas d'une accréditation pour le SMSI » selon l'un des policiers. A « Reporters sans frontières », ils avaient alors déclaré qu'ils étaient «sidérés par la complicité des organisateurs du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), et dans une certaine mesure de la France, qui n'ont rien fait pour garantir sa présence à ce sommet international. D'une mascarade, le SMSI est devenu un scandale ». Six ans plus tard, dans un café à l'avenue de la Liberté, le nouveau SG Jean-François Julliard, se trouvait avec Olivia Grè, la présidente du bureau de Tunis. Nous les avons rencontrés hier en ayant la conscience que cette nouvelle étape était historique pour l'avancée de la liberté de la presse en Tunisie. Aucun policier(en civil et en uniforme) ne se trouvait dans les environs. La tension était palpable et une crainte d'un refus rendait l'attente encore plus difficile. Vers 15h30, l'autorisation officielle du ministère des affaires étrangères pour l'ouverture d'un bureau d'RSF en Tunisie est enfin signée. Certains ne connaitraient même pas cette organisation non gouvernementale internationale dont l'objectif est la défense de la liberté de la presse. En Tunisie, avant la Révolution, la censure d'internet et de toute information faisant référence aux atteintes des droits de l'homme et de la presse était la règle. Aucun livre, ni aucune autre source d'information, ne pouvaient passer entre les mailles de « Big Brother ». Grâce aux réseaux sociaux, notamment Facebook, le flux d'informations naguère interdites s'est introduit chez plus de deux millions de Tunisiens. Le combat des militants et autres activistes commençaient alors à apporter ses fruits. « Sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu » disait le fondateur d'RSF, François Robert Ménard. Le cas de la Tunisie démontre bien la véracité de cette devise. Il a fallu que l'information, véritable oxygène, puisse enfin accéder au corps même de la société tunisienne pour la réveiller de son état de coma provoqué par un appareil de propagande et de désinformation implacable. Ainsi, l'ouverture effective du bureau d'RSF qui aura lieu, concrètement au mois de septembre, serait une victoire considérable pour la liberté de la presse en Tunisie mais aussi un premier pas vers un véritable Etat de droit. Lilia WESLATY ---------- Bizerte Qui aura les voix des Salafistes? Coup de théâtre en vue: pas Ennahdha Lors de la prochaine élection de l'assemblée constituante du 23 octobre 2011. Ennahdha n'aura pas le suffrage salafi, au moins à Bizerte. A la question de savoir vers qui ceux-ci se tourneront, la réponse tombe comme un couperet : personne. Les salafis n'iront pas voter puisqu'ils ne se sentent pas représentés par les partis politiques en lisse, Nahdha y compris. Le seul parti à trouver grâce à leurs yeux est le Hizb-o-Tahrir, mais ce dernier n'a pas été reconnu par l'Etat, ce qui ne lui donne pas accès au vote. Pourtant il n'est pas question pour les salafis bizertins d'adopter Ennahdha comme alternative ou comme substitution. Car l'agenda politique « nahdhiste » n'est pas le leur. La parti de Rached Ghannouchi accepte le principe de démocratie, et prône même le maintien du droit des femmes par exemple. Or, pour les salafs, la législation légitime est celle qui provient de Dieu (Shari'a), accepter la démocratie, c'est accepter que l'homme produise lui-même sa législation, et cela les frères ne l'admettent pas. Ainsi, pour eux, voter pour les représentants locaux du parti de Ghannouchi, ou pour ceux du parti communiste de Hama Hammami, le POCT (Parti des Ouvriers Communistes Tunisiens), cela revient exactement au même. L'établissement d'un émirat (en attendant le rétablissement du khalifat une fois tout le monde musulman unit), la restauration de la Shari'a, la certitude d'une confrontation finale entre les civilisations musulmane et non-musulmane, sont les principaux axes de la réflexion politique du mouvement salafi. Ce qui n'est pas le cas d'Ennahdha. Le 23 octobre 2011 à Bizerte, sera sans doute un jour comme les autres pour les salafis, conscients du vote et des enjeux qui vont avec, mais aussi totalement indifférents. Faker Korchane Contrebande des produits subventionnés L'administration va sévir Le ministère du Commerce et du tourisme affirme que le détournement des produits subventionnés destinés au marché intérieur ainsi que le monopole et la contrebande de ces produits constituent des infractions économiques et douanières. Le ministère a souligné dans un communiqué, rendu public hier, qu'une coordination a eu lieu entre les autorités de contrôle et de sécurité concernées pour accroître la surveillance de ces phénomènes et traduire les contrevenants en justice. Cette mise en garde intervient suite aux dépassements constatés, au cours de la récente période, notamment en matière du monopole de vente des produits subventionnés et de base, destinés à la consommation interne, et ce, dans l'objectif de la contrebande via les frontières libyennes. La même source souligne que l'exportation vers la Libye a lieu conformément à des normes réglementaires et suivant les mesures du commerce extérieur. Le ministère a appelé, par ailleurs, le consommateur tunisien à ne pas faire preuve d'avidité, expliquant que les équilibres de l'offre et de la demande nécessitent un comportement normal et rationnel des professionnels et des consommateurs. Le ministère du Commerce et du tourisme a précisé qu'il n'y aura pas de pénurie au cours du mois saint de Ramadan, eu égard aux préparatifs engagés au cours de la dernière période avec le concours des différentes structures administratives et professionnelles concernées. Le communiqué indique que des quantités de production ont été programmées, outre la constitution de stocks régulateurs des produits dont le rythme de production augmente au cours du mois de Ramadan, tels que le lait et dérivés ainsi que les oeufs. Des stocks stratégiques des produits de base importés de manière structurelle à l'instar du sucre, du café, du thé, des céréales et de l'huile végétale ont également été constitués. Les produits disponibles couvriront, selon le communiqué, les besoins de la consommation intérieure, en plus de l'existence d'un surplus de produits locaux devant contribuer à aider les frères libyens via l'exportation réglementée.