Dans le cadre de la 5è édition de Musiqat, le Palais Ennejma Ezzahra a abrité samedi 9 octobre l'Ensemble Zouhaier Gouja, le seul représentant tunisien dans cette édition, qui a invité le public à un agréable voyage à travers le patrimoine musical tunisien et maghrébin. Le public a été enchanté par les sons des instruments traditionnels et des chansons folkloriques qui sentent le terroir et qui remontent à de vieilles dates. C'est grâce à un travail de recherche entretenu par le musicologue Zouhaier Gouja que les assistants ont pu savourer des moments de plaisir en (ré) écoutant une musique ancestrale et authentique presque méconnue des générations présentes et qui pourrait tomber en désuétude sans l'effort de certains musiciens, férus de musique traditionnelle et soucieux de la sauvegarde du patrimoine musical, qui essayent de ressusciter ces musiques traditionnelles dont recèle chaque région du pays. En effet, il suffit de parcourir la Tunisie, du nord au sud et d'est en ouest, pour dénicher des modes musicaux de tous genres, qui font l'originalité de telle région ou de telle ville. Ces musiciens ont donc le mérite de transmettre cet héritage musical aux nouvelles générations, quand bien même certains seraient appelés à effectuer une relecture de ce patrimoine afin de lui insuffler un nouveau souffle de modernité sans pour autant lui faire perdre son originalité et son essence. Ce soir-là, l'Ensemble Zouhaier Gouja, constitué de sept membres, entre instrumentistes et chanteurs, ont présenté un bouquet de chansons issues du terroir, accompagnées des sons d'instruments hétéroclites, qui pourraient être une découverte surtout pour les jeunes assistant à ce spectacle : il s'agissait notamment du gombri, outars et chqacheq, à côté d'autres plus connus comme la tabla, le bendir et de la gasba (flûte). Il en sortait des arrangements musicaux aux rythmes forts et accélérés qui rappellent le fameux «stambali» dont les adultes d'aujourd'hui se souviennent encore et qui, à l'époque où il n'y avait pas encore de télévision dans les foyers, était l'œuvre de «boussaâdia», ce troubadour qui sillonnait nos villes et nos villages en présentant sur les places publiques ses chants accompagnés de danses traditionnelles endiablées. Au programme, il y avait d'abord des chansons puisées dans les pays du Maghreb (Maroc, Algérie et Mauritanie), puis du malouf tunisien et enfin des chansons populaires dont notamment celles de Ismaïl Hattab, ce chanteur populaire qui nous a quittés depuis quelques années en laissant un vaste répertoire de chansons folkloriques provenant des régions du nord-ouest tunisien, dont la fameuse «Bin El Widiène» interprétée merveilleusement par la voix féminine de la troupe. Une nouvelle approche a été suivie par cet ensemble musical féru d'innovation dans l'exécution d'autres chansons liturgiques anciennes, telles que «Ya Allah» et «Ya Moulaya» qui ont suscité l'admiration du public et ont été accueillies par des salves d'applaudissements. Des solos musicaux intervenaient de temps en temps, assurés avec zèle tantôt par un joueur de «gasba» ou de «gombri», tantôt par Gouja, le chef d'orchestre, qui a excellé ce soir dans son jeu subtil des différents «outars», ces instruments populaires d'origine maghrébine aux différentes formes et aux douces sonorités. Quant aux percussionnistes, ils ont donné toute la mesure de leur talent en battant sur leurs multiples instruments, créant ainsi une ambiance festive et très chaleureuse parmi les assistants. Une soirée mémorable !