Par Khaled GUEZMIR - Antoine de Lavoisier n'a pas été guillotiné pour avoir dit : « Rien ne se perd, rien ne se crée… tout se transforme » mais pour sa mauvaise gestion en tant que « Fermier général », c'est-à-dire, grand commis de l'Etat. S'approprier l'Etat peut vous mettre en possession d'une fortune colossale mais elle a un prix à payer dans l'immédiat une fois que vous êtes balayé, par un contre-pouvoir, une révolution ou même un coup d'Etat. L'histoire quant à elle ne retiendra que les images qui frappent et qui comptent : Moubarak sur une civière encagé comme un vieux lion en décomposition. Triste… mais que voulez-vous, ces dictateurs arabes déchus et ceux qui continuent à assassiner la liberté, et leurs peuples comme en Syrie n'ont jamais écouté Lavoisier et, médité son exemple et rares parmi eux ceux qui ont lu un livre d'histoire dans leur vie. Après l'Etat et les finances publiques ils pensaient avoir conquis l'éternité et leur immunité était intangible. Pourtant, le philosophe allemand Fredriech Rauh, les a bien prévenu : «C'est au moment où on est le plus fort qu'on est le plus faible». Finalement, la plus grande fragilité d'un homme politique et surtout d'un «homme d'Etat», c'est sa corruptibilité. Si l'Islam, aujourd'hui, est si populaire, c'est parce qu'il se réfère tout le temps au concept de l'intégrité morale et à la justice. Omar Ibn Al Khattab, le deuxième Calife après Aboubaker et bâtisseur du premier empire musulman n'était pas connu pour être démocrate, mais pour avoir été « juste » et incorruptible. Il a pu contrôler quelque part l'ensemble de l'appareil de l'Etat islamique naissant mais il ne s'est pas approprié les sources de la richesse collectivité (Beït mal al Muslimine). On parle de plus en plus en ce moment de la « crise de confiance » et surtout de la méfiance grandissante des citoyens, que nous sommes redevenus depuis le 14 janvier dernier, vis-à-vis des partis politiques, des leaders politiques et même de la classe politique dans son ensemble. Ce sentiment diffus et largement partagé par les Tunisiennes et les Tunisiens, trouve sa source dans l'échec lamentable de la «gestion» des élites modernisatrices qui ont accompagné le régime totalitaire de Ben Ali car Bourguiba, au moins, était propre. Les uns par faiblesse, peur ou même lâcheté, Ce qui n'est pas à la limite très condamnables. Les autres par amour de l'argent facile, d'où ces fortunes colossales construites en moins d'une génération grâce à la proximité cette fois bien condamnable avec le pouvoir. Maintenant, que faut-il faire ! et peut-on mettre des centaines, voire des milliers de personnes en prison. Ce serait dramatique surtout pour la relance de l'économie et l'investissement d'autant plus que ces individus et groupes ont des relations structurelles avec le capital étranger, les nouvelles technologies et les principales sources de la croissance mondiale. Il est facile de dire « on s'en fout », ils doivent payer pour l'exemple et pour éviter de nouveaux dérapages dans le futur. C'est du pur romantisme pour ne pas dire de la naïveté primaire. L'Histoire nous enseigne que chaque « ordre » a ses combinards argentiers et qu'on peut tuer un tyran mais qu'on aura toujours besoin d'un « Banquier ». C'est bien Richelieu qui disait que « l'argent est le nerf de la guerre », mais personne parmi les prix Nobel de l'économie ne peut soutenir qu'on peut faire de la croissance, doper l'économie, créer les emplois et même partager la richesse, sans argent et sans investissement. A notre humble avis,il faut faire confiance à la justice qui doit faire son travail sereinement sans l'acculer à la revanche » et sans politiser les procès. La plus grande sanction pour un homme politique c'est d'être « éliminé » de la sphère du pouvoir sauf évidemment s'il a du sang sur les mains. Pour la corruption, l'enrichissement sans cause, les délits d'initiés, l'appropriation indue du patrimoine public et national il y a des lois et les dossiers doivent être jugés ou traité au cas par cas. Le grand Mandela conseillait récemment aux Tunisiens et aux Egyptiens libérés de la dictature, de panser leurs blessures et surtout, de regarder vers l'avenir. Notre religion islamique elle-même favorise la négociation et l'indemnisation amiable en termes de « Kassas ». Alors, pour l'amour de ce pays, que nous avons reconquis, soyons solidaires et bâtissons ensemble l'avenir en faisant en sorte de limiter la « corruptibilité » à son niveau le plus minimal possible. C'est bien Dieu qui a créé l'homme corruptible et imparfait. Pourtant, il l'a bien voulu à son image mais l'homme n'est ni Dieu ni prophète ! il est tout simplement… Homme ! K.G sihem [email protected]