Nous avons dans une chronique précédente parler des nouvelles hiérarchies au niveau des valeurs diffusées par le système politique dictatorial ancien et la montée en puissance de nouvelles valeurs surtout liées à l'identité religieuse musulmane dans notre pays. Celles-ci sont à nouveau perçues comme plus égalitaires et de plus en plus « obligatoires » pour façonner et construire le nouveau système social et politique en gestation. J'en viens aujourd'hui au problème des « acteurs » qui constituent la 2e composante du système politique. Parmi ces « acteurs » c'est-à-dire le personnel politique, qui auront la responsabilité de la décision et du positionnement dans l'espace politique national, certains se caractérisent par un discours plutôt opaque et très peu rassurant. Contrairement aux « frères musulmans » en Egypte qui viennent de créer un parti « civil » totalement indépendant de la mouvance islamiste hégémonique classique et qui acceptent une certaine séparation de la religion et de l'Etat à l'image du système turc les leaders islamistes tunisiens semblent ne pas vouloir aller au fond des choses pour condamner leurs extrêmes, et affirmer de manière irréversible la « laïcité » de l'Etat c'est-à-dire la séparation de l'Etat et de la Religion. Evidemment certains de ces leaders font référence à l'occident pour dire que la « laïcité » est liée à la culture occidentale et à une évolution spécifique de la chrétienté et que le monde musulman a d'autres composantes où la Religion s'accommode de la politique et où l'Etat s'accommode de la religion. En tout cas l'exemple turc qui est cité comme exemple de la réussite de ce modèle dit tout à fait le contraire puisque Kamel Ataturk a séparé constitutionnellement l'Etat de la Religion. Que M. Erdogan soit un « islamiste » modéré revient à dire la même chose d'un Lech Waleza « Catholique » dans une République Polonaise démocratique et laïque ! Le leader charismatique de « Solidarnosh » et père de la révolution démocratique polonaise, d'ailleurs en visite en ce moment en Tunisie, une occasion pour lui dire une chaleureuse « Bienvenue », vient de faire la leçon magistrale au cours d'un colloque à tous ceux qui veulent s'approprier la révolution qu'ils soient de gauche ou de droite. Lech Waleza a martelé et sans concession : « La politique et la religion ne font pas bon ménage… Ils s'auto-détruisent en voulant cohabiter » et d'ajouter : « Je vous conseille de séparer la politique de la religion et de vous mettre humblement et paisiblement au travail pour faire aboutir la grande révolution tunisienne », avant de conclure que « les Tunisiens n'ont réussi jusque-là que 50% du parcours et que le plus difficile reste à faire pour mériter le Prix Nobel de la Paix ! » Pour une voix de maître c'en est une ! En tout cas personne ne peut remettre en question le mérite, de ce grand combattant pour la liberté qui a mis au placard la dictature polonaise et qui a surtout participé activement aux conquêtes démocratiques de l'ensemble des pays de l'Est jusqu'à la chute du mur de Berlin. Personne ne peut aussi être suffisamment présomptueux et insensible à ses conseils parce que tout simplement ce « petit homme » par la taille mais si grand par l'expérience et l'humour a été le premier président de la Pologne démocratique et libre et de ce fait sa contribution effective et pratique ne peut être que profitable à la Tunisie révolutionnaire. Les Tunisiens doivent être à l'écoute de Lech Valeza qui a su canaliser les ardeurs de la révolution polonaise dont il est l'auteur principal pour qu'elle ne déborde pas de son lit et qu'elle ne détruise pas le rêve démocratique du peuple polonais. L'homme d'Etat le vrai, n'est pas toujours celui qui fait du charme à son peuple ou à son électorat mais celui qui sait lui dire la vérité et amener, à bon port son pays ! Nous verrons prochainement l'adaptabilité des nouvelles valeurs à l'environnement extra-sociétal et ses exigences. Là encore la clairvoyance est de rigueur ! Ouf… je « brûle » pour la semaine en Europe ! Elle commençait à me manquer ! K.G.