• Kamel Laabidi, président de l'INRIC, déplore le fait qu'on ne soit pas convaincu de couper court avec le paysage médiatique de l'avant-révolution La presse n'a pas bonne presse sous nos cieux. Tout le monde le sait, ou presque en un temps où les enjeux de pouvoir et de manipulation ne comptent plus leurs vitesses. Kamel Laabidi en est conscient et le dit sans appréhension aucune, « Il est des forces qui ne sont pas encore convaincues que l'on doit couper avec le paysage médiatique de l'avant Révolution » dit-il lors de la conférence de presse qu'il a tenu hier matin. Pilotant une commission de réflexion sur l'avenir des médias, Kamel Laabidi est bien placé pour donner son appréciation de l'état des lieux des médias sous nos cieux. Le président de l'Instance nationale de la réforme de l'information et de la communication (INRIC) dont le goût pour la litote ne passe pas inaperçu s'est contenté d'évoquer le sujet sans pour autant l'approfondir. Les formules consensuelles et les sourires appuyés dissimilent mal la réalité des choses : c'est bien d'un domaine hémiplégique qu'il s'agit et l'éthique passe au second plan. Kamel Laabidi qui a rappelé que l'instance qu'il préside n'a qu'un rôle consultatif et a montré que dans le cadre de l'INRIC le travail se fait de pair entre autres avec le Syndicat national des journalistes tunisiens SNJT, avec le syndicat de la culture et des journaux et bien entendu avec l'Association des directeurs des journaux. Et c'est là que le bût blesse, car il paraît presque évident que les pratiques indignes des membres de cette association provoque un tollé de journalistes. « Ce sont les membres du bureau de cette association qui ont licencié des journalistes et payent chichement leurs employés. » fait-on remarquer. Kamel Laabidi a signalé dans la foulée que cette association a refusé le principe de la création de comités de rédaction dans les organismes de presse. « Il n'est pas de nos prérogatives d'obliger des parties mais de dynamiser les consciences… Par ailleurs, il est inconcevable pour nous qu'une chaîne privée façonne les contenus comme bon lui semble en se gaussant de l'éthique journalistique. Le citoyen qui paye les impôts a lui aussi le droit à un contenu respectable. Le droit aux ondes est le droit du contribuable et non seulement des directeurs de ces médias. » avance Kamel Laabidi qui continue « Nous avons envoyé une correspondance à Nessma dans laquelle nous avons exhorté ses responsables à ne plus passer de publicité politique, on a demandé également à Hannibal TV de suspendre l'émission religieuse animée par une personnalité politique, etc. » Notre interlocuteur a annoncé que des dialogues ont été entamés avec la Haute instance de la protection de la Révolution présidée par Yadh Ben Achour pour rendre un décret loi qui interdira la publicité politique. Le président de l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication, a par la suite passé en revue le programme des mois de juillet et août de l'organisme qu'il préside. Sans oublier de rappeler ce qui a été fait à l'exemple des ateliers et des colloques organisés visant la réforme du domaine de la presse. Il a parlé entre autres de la préparation d'un projet de loi portant création du ‘'Comité supérieur de la presse'' qui se chargera des questions ayant trait aux médias tunisiens toutes spécialités confondues. D'ici là l'instance présidée par Laabidi continuera à diriger la conscience des médias audiovisuels et les organismes de presse écrite, et à en faire autant pour ceux qui seront crées prochainement. Kamel Laabidi a précisé en effet que l'INRIC vient tout juste de finaliser le cahier des charges qui régularise la création de radios privées dont douze ont déjà obtenu leur licence. Quant aux télévisions, on apprend que l'INRIC a planché sur 33 dossiers et que la liste des chaînes qui auront leur droit de diffusion sera annoncée sous peu. Et qu'en est-il des droits des journalistes à un travail digne et à une paye conséquente ? Sans oublier le droit à l'information ? Kamel Laabidi a évoqué la question en signalant que les agressions oppressives à l'encontre des journalistes sont toujours de mise. Il invoque le cas de la journaliste partie faire un reportage à l'hôpital du Kef. La jeune femme qu'on a attaquée n'a pas eu droit aux soins dans cet organisme public. Cela dit, la liberté de presse est entrain de se réduire comme une peau de chagrin dans un pays malade de son temps… Et invraisemblablement, on est carrément abruti par toute une littérature déversée par ci et par là sur la liberté de presse acquise avec la Révolution … qui vu la situation actuelle de la presse, ne semble pas avoir l'effet de la panacée.