Le taux d'inscription des jeunes aux listes électorales élections est relativement faible. Le président de l'instance Supérieure Indépendante pour les Elections avait souligné lors de sa dernière conférence de presse le faible taux de participation des jeunes (17%) et des femmes (13%).C'est une tendance vraiment alarmante pour des jeunes qui ont contribué à la réussite de la révolution. Certes, la participation aux élections est très importante puisqu'elle est un bon indicateur de la santé de la démocratie dans notre pays. Mais pourquoi nos jeunes boudent les bureaux d'inscription ? Cette désaffection d'une grande partie de jeunes citoyens vis-à-vis de l'opération électorale est due au fait que la Révolution était inattendue et que la phase de transition est nouvelle pour eux. « II y a trop de partis. C'est vraiment l'inflation avec souvent un manque de visibilité des programmes et projets de société des partis politiques».nous dit Hédia qui n'est pas chaude pour aller s'inscrire aux listes électorales. C'est vrai avoue-t--elle le but des élections est de choisir des gens afin de nous représenter et de prendre des décisions en notre nom. Mais qu'attendez-vous d'une jeune sans avenir et sans emploi. S'inscrire c'est sans son dernier souci » Les jeunes voient plus souvent la politique comme une querelle entre politiciens qui utilisent tous les moyens possibles afin de discrédité leurs adversaires et de regagner en popularité. Les jeunes croient de leur côté que la politique devrait être davantage un débat sur les véritables problèmes de notre société. Abdelwaheb Belhadj membre d'un parti politique estime que les jeunes n'ont pas fait vraiment la révolution. « Ils se sont révoltés sans des objectifs clairs dit-il. Ils se sont retrouvés par la suite dans une situation imprévue. Ils n'ont pas une culture politique pour s'exprimer et dire leurs opinions. Ils n'ont pas eu aussi l'occasion de connaître les programmes des partis. Ces jeunes refusent de se mêler à la politique vu qu'ils n'arrivent pas à saisir ces débats politiques. Ils ont un certain rejet de ces forums politiques. Ils attendent des partis des réponses à leurs attentes et à leurs problèmes. Ils sont parfois déçus » Karim Milad jeune universitaire ajoute « C'est vrai, ils sont désintéressés à cause d'un débat politique stérile souvent sur des thèmes creux comme la laïcité et l'identité mais j'ai l'espoir qu'ils iront s'inscrire durant les prochains jours » Nos jeunes ne sont pas politisés. Ils sont quotidiennement bombardés d'informations et ne savent plus quoi penser de la politique. Ils sont incapables de peser le pour et le contre de façon efficace afin de bien comprendre tous les enjeux politiques. L'indifférence des parents ! Le rôle des parents est très limité « Certains parents ne sont pas convaincus. Indifférents, ils n'essaient pas de sensibiliser et d'encadrer leurs enfants. Les jeunes, peu conscients de la situation, estiment que les élections sont leurs derniers soucis. Ils ne savent pas vraiment prendre une décision. Ils font comme leurs parents leur disent ou comme leurs copains... Ce n'est pas leur avis qu'ils donnent et là les parents devraient être conscientisés à discuter de politique avec leurs enfants. Certes, les parents sont responsables de l'avenir de leurs enfants et donc voteront pour les politiques qui favorisent les générations futures. » nous dit Moez Les adolescents ne sont pas assez matures pour l'inscription. Ils sont trop influençables. Leur vote serait celui de leurs amis, ou de leurs parents, ce qui ne changerait rien en fin de compte. J'hésite encore à m'inscrire affirme Nada parce que à mon âge je ne peux pas savoir vraiment quel parti choisir et je ne sais toujours pas différencier entre une personne qui vous graisse la patte et fait des louanges pour vous impressionner et une personne qui est sincère. Normalement je choisirai le parti de nos parents alors à quoi bon puisqu'à la fin ça ne changera en rien. « C'est sûrement à cause du manque d'information, de pratique et d'expérimentation politique que les jeunes boudent ces bureaux d'inscription. Ils pourraient trouver de bonnes idées dans les propos des politiciens bien sûr, mais ils n'arriveraient peut-être pas à différencier un bon démagogue d'un homme sincère et bien intentionné. Nos jeunes ne voient pas bien en quoi les élections peuvent être importantes. Ils ont tendance à privilégier les moyens d'action ponctuels et contestataires comme les sit-in et les manifestations. La sensibilisation des jeunes n'est pas assez importante surtout durant ce mois sacré et là on doit mener des campagnes ciblées pour emmener cette tranche de population à aller s'inscrire. Il y a certes un manque de motivation pour cette catégorie qui ne croit pas aux institutions. Elle a été déçue peut-être par les élections précédentes où tout est gagner à l'avance » nous explique Jihène Limam prof de droit Le manque d'information ! Le faible taux de participation est du aussi au manque d'information. Plusieurs jeunes disent ne pas connaître le système politique de notre pays. « Cette situation s'explique par l'absence de cour de politique dans les écoles. C'est à ce moment que les jeunes doivent commencer à se forger une opinion politique. Les parents ont également un devoir en ce qui concerne l'éducation politique de leurs enfants. Peu de parents discutent de politique à la maison. Si bien que plusieurs n'adhérent pas aux partis et refusent même de les reconnaitre. Il y a un manque de maturité et de culture citoyenne. Rares sont les jeunes adultes qui, de leur propre gré, passent quelques heures par semaine à feuilleter le journal ou à écouter un bulletin radio ou TV afin de rester bien informés sur les sujets d'actualité. » affirme M Guiras professeur. Mohamed Yassine jeune étudiant estime que le net est une autre solution qui pourrait stimuler le taux de participation « il s'agit dit-il de s'inscrire par Internet. En effet, en s'inscrivant de cette manière, les jeunes n'auraient plus besoin de se déplacer pour aller aux bureaux. Cette mesure inciterait davantage les jeunes à s'inscrire dans les bureaux de vote » Bref, nos jeunes ont intérêt à faire leurs devoirs de citoyens. Si on veut garder le confort de la démocratie, on doit aller s'inscrire et faire réussir cette transition politique.