Au terme de ce mois consacré entièrement à l'emploi et au développement régional, comme d'habitude tout a été dit et rien n'a été fait. Que des promesses, des plans par ci et des plans par là. L'essentiel, c'est qu'au bout du compte les chômeurs d'aujourd'hui et ceux de demain n'ont aucune visibilité pour l'avenir proche. La constituante, le référendum, les élections présidentielles, la guerre des partis politiques, la campagne publicitaire des partis politiques se sont les themas essentiels qui retiennent actuellement l'attention de l'opinion publique et meublent quasiment les programmes des plateaux télévisés au point de se trouver dans un état de « d'overdose politique». Aujourd'hui tout le monde parle politique et occulte le volet économique qui est à l'évidence le seul facteur garant de la croissance, de l'investissement, de la création de l'emploi et par ricochet du développement régional. Un immobilisme absolu est constaté dans le traitement du dossier économique. Pour le gouvernement provisoire, les administrations, les politiciens, les banques, les investisseurs, les pourvoyeurs de fonds étrangers, c'est la veillée des armes en attendant l'après 23 octobre pour agir et pour repenser l'économie nationale. C'est pourquoi, les hommes d'affaires crient leur désarroi et déplorent des solutions d'urgence et un pacte national à même de sauver leurs unités productives et préserver les postes d'emplois. Taieb Souissi, un entrepreneur Tunisien trace un schéma fastidieux de la situation économique actuelle et tire la sonnette d'alarme en annonçant l'état d'urgence et la léthargie économique. « Nous sommes aujourd'hui dans l'expectative. Ce sont aujourd'hui ce que j'appellerai les deux « J » : journalistes et juristes qui s'emparent la scène alors que le problème est avant tout économique…. Ne serait-il plus opportun de sauvegarder les emplois existants », affirme Taieb Souissi en ajoutant que : « Seule l'économie est capable de générer le pain et la paix» En effet, le discours politique domine à l'heure actuelle la scène et on parle peu ou prou d'économie, même les pseudos programmes économiques des partis politiques n'ont pas l'air de faire l'affaire ce qui dénote de la place réservée au volet économique dans les desseins de nos politiciens. Comme si la « démocratie » et le pluralisme politique suffiront à eux seuls à sauver les meubles, à créer de l'emploi et à réduire les inégalités régionales. « Le temps de l'économie est le temps d'un TGV et le temps de la politique est le temps d'une bicyclette » « Alors que la perspective sur un éventuel référendum, sur les missions et attributions de la constituante et sur les élections présidentielles, fait son chemin, une stagnation totale est observée face au dossier économique. Les échéances proposées divergent : de 6 mois à 3 ans et entre temps la croissance économique tarde à prendre son envol et l'enveloppe du chômage risque d'augmenter pour d'atteindre 30% de la population active. En plus et compte tenu de la conjoncture actuelle, si on soldera l'année avec 0% de croissance, ça sera très bien. Les décideurs politiques oublient que le temps de l'économie est le temps d'un TGV et le temps de la politique est le temps d'une bicyclette. L'économie n'attend pas et la politique ne créée pas du pain », ajoute M.Souissi. Il appelle à un consensus national et immédiat autour de la politique économique à suivre. «Compte tenu de la gravité de la situation, le dossier économique doit être traité à part, loin de toute surenchère et tout jeu politique…Sinon, les entreprises risquent de devenir des pépinières de chômage », réitère l'homme d'affaires. Aujourd'hui, l'appareil productif est quasi-bloqué. Les banques et les institutions financières en général serrent la vis devant les investissements productifs, les intentions d'investissements privés dont notamment étrangers sont différés pour une date ultérieure et les décisions économiques manquent de rigueur et d'agressivité en attendant plus de la clarté et de visibilité dans le paysage politique. « Un état des lieux qui dénote du climat de suspicion et d'une certaine léthargie. 100000 emplois risquent de partir en fumée à cause de cette torpeur érodante et cet immobilise dans la prise de décision. Ce provisoire ne doit pas durer longtemps. Les banques, ces mêmes institutions qui ont accordé des crédits sans garanties au clan Ben Ali, se désistent et peinent aujourd'hui à jouer leur rôle de financement de l'économie, même la circulaire de la BCT, incitant les banques à jouer pleinement leur rôle de financement ne semble pas être appliqué. Les banquiers n'osent pas prendre de décisions et se contentent de se rejeter mutuellement la balle. Les entreprises en difficulté souffrent toujours le martyr et attendent toujours les primes et les dédommagements convenus. Bref rien n'a été fait et on veut en finir avec le langage du sourd et avec le fossé persistant entre les bonnes intentions et la réalité. Face aux ventres affamées on n'a plus de temps, il faut des solutions immédiates. En tant qu'hommes d'affaires, nous ne voulons pas êtres les victimes de l'ancien régime et les proies des hommes politiques dans l'ère post-révolutionnaire», conclut l'homme d'affaire.