Après avoir obtenu son visa, le 28 avril passé, le parti L'Initiative, plus connu sous le nom Almoubadara, fondé par Kamel Morjane, ancien ministre des Affaires étrangères dans le dernier gouvernement à l'époque de l'ex-dictateur Ben Ali, avec d'autres militants partageant sa vision d'une Tunisie nouvelle, essaye de se frayer un chemin parmi les 111 partis qui constituent le paysage politique du pays post-Révolution. Il a organisé, hier sa première conférence de presse animée par deux femmes qui ont participé à la fondation du parti. Convaincu du rôle que jouent les médias dans la réussite des élections et de la transition démocratique, Almoubadara, compte organiser des rencontres périodiques avec la presse pour présenter son action, ses programmes et ses centres d'intérêt, tout en faisant connaître ses têtes de liste et leur action sur terrain. Mme Rym Morali, une des fondatrices du parti, a rappelé que celui-ci a été créé avec l'aide de Kamel Morjane, par des militants partageant ses idées et ses valeurs avançant que « Le pays entre dans un virage nécessitant la participation du peuple dans toutes ses composantes pour une Tunisie nouvelle, celle de la dignité effective ». Des rencontres ont eu lieu à l'intérieur du pays pour sonder les vrais problèmes du pays afin que la participation de ce nouveau parti à la vie politique du pays soit efficace. Ce jeune parti, quoique constitué, entre autres, par de vieux mordus de la politique, préfère ne pas opter pour les solutions parachutées. Sa campagne électorale pour les élections de la Constituante a démarré le 2 octobre courant à Hammamet. La clôture est programmée à Sousse le 21 octobre. Un meeting est prévu à Monastir, ce dimanche. Il sera présidé par M. Kamel Morjane. Almoubadara a présenté 19 listes dont 17 en son propre nom et deux en alliance avec le Parti Libre Destourien. Ainsi, ses candidats entrent en compétition avec les autres listes, à l'Ariana, Béjà, Ben Arous, Gabès, Jendouba, Kébili, Le Kef, Mahdia, Manouba, Monastir, Nabeul1, Nabeul2, Sfax1, Sfax 2, Sidi Bouzid, Sousse, Tunis 2 et Zaghouan…Trois femmes dirigent des listes, Meryem Touzri au Kef, Lémia Baghdadi Haddad à Nabeul 1 et Emna Bountouf à Tunis 2. Samira Chaouachi, s'étalera sur les grands principes et les positions politiques de son parti. Almobadara défend une Constitution qui sauvegarde l'indépendance du pays, son identité arabo-musulmane tout en jetant les bases d'un régime présidentiel aménagé avec une séparation totale des pouvoirs, sans domination de l'un sur l'autre. Pouvoirs équilibrés Le président est élu au suffrage universel avec des pouvoirs limités. Il est garant de l'application de la Constitution, sauvegarde l'unité du pays et assure la continuité de l'Etat. Le gouvernement doit être issu de la majorité parlementaire. Le parlement, avec une seule chambre, élu directement par le peuple contrôle l'action du Gouvernement et peut lui retirer sa confiance, chaque fois qu'il le juge nécessaire. Le pouvoir judiciaire doit être indépendant avec un Conseil supérieur de la Magistrature élu par les magistrats. Une Cour constitutionnelle assure la bonne application des lois et leur constitutionnalité. Le respect du Code de Statut Personnel (CSP) et la consolidation de ses acquis doivent être inscrits dans la Constitution. Garantissant les Droits et fixant les Devoir, la Constitution doit consacrer les Droits de l'Homme conformément aux traités et conventions internationales, instituer une culture de la citoyenneté, de la tolérance et de l'égalité en rejetant toute forme d'exclusion et d'extrémisme. Les droits politiques, économiques, sociaux, culturels et surtout la liberté de penser et d'expression doivent être garantis. Par ailleurs, Almoubadara, propose la création de Conseils régionaux de développement élus avec de larges prérogatives économiques et sociales. Un nouveau découpage du pays doit être fait où chaque zone s'étendra de la mer à l'Est jusqu'aux frontières algériennes à l'Ouest. Une plus grande synergie à l'intérieur des régions est attendue. Rym Morali, ne tient pas à faire des pronostics pour les élections du 23 octobre, tout en espérant que toutes les listes de son parti passent. « C'est la première fois que des élections démocratiques s'organisent en Tunisie. Il n'y a pas d'expérience passée qui puisse servir de référentiel, sur lequel on peut bâtir », dira-t-elle. Ouverture sur le Maghreb Quinze commissions de réflexion et d'études ont été constituées au sein du parti. Formées de compétences tunisiennes et d'experts, ces commissions ont préparé des rapports soumis à la direction du parti. Dans le chapitre «Relations extérieures », le parti prône l'ouverture de la Tunisie sur son environnement maghrébin et le soutien de la cause palestinienne. « Nous aurons des relations particulières avec les pays où les représentants du peuple sont au pouvoir », dira Samira Chaouachi, en ajoutant qu'il faut « approfondir les relations avec l'Union européenne pour avoir le statut de partenaire avancé. La Tunisie mérite ce statut après la Révolution qui a rétabli les Droits de l'Homme ». Concernant la présence de militants de l'ex-Rcd, dans son parti, Samira Chaouachi, rappelle que les autres partis ont fait de même en recrutant d'anciens Rcédistes. Tant qu'ils n'ont fait aucun acte contraire à la loi, ils ont le droit d'avoir une activité politique, comme tout autre citoyen. Sans définir de façon précise leurs alliances après la Constituante, les militants de ce parti, tiennent à leur option centriste dans les prochains rapprochements. Quel que soient ses résultats lors de la Constituante, ce parti ne compte pas s'arrêter en cours de route.