Remédier à la faiblesse du tissu économique, au déficit hydrique et à la dégradation de la biodiversité Dans le cadre du projet de création du « Centre Jeffara » de réflexion stratégique pour un développement durable et intégré de la région du Sud-Est, le Complexe Culturel Universitaire de Gabès vient d'abriter samedi 01 octobre les travaux d'un colloque organisé par les initiateurs du projet. Faisant suite aux deux réunions de concertation ayant tenu lieu d'abord à Djerba à la date du 23 juillet, puis à Zarzis le17 septembre, cette rencontre était pour permettre à l'initiative de sortir de l'ombre et de parvenir à la connaissance d'un plus large public de connaisseurs invités parmi les compétences de la région du sud-est tunisien et de l'ouest libyen. Intervenant en sa qualité d'auteur de l'initiative et du document introductif exposé lors de la réunion inaugurale tenue à Djerba, M.Ali Abâab, professeur universitaire et expert en environnement a tenu à justifier les raisons d'une telle initiative dictée par le devoir de participation et d'engagement de toutes les compétences scientifiques, techniques et économiques de la région du sud-est dans la construction d'une vision stratégique pour un développement durable de leur région. Ensuite, il a passé en revue les lacunes ayant entravé son essor, dont la faiblesse du tissu économique, la surexploitation des ressources en eau dans une région souffrant déjà d'un grave déficit hydrique, la dégradation du couvert végétal et de la biodiversité, la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique et la pollution industrielle, avant enfin de mettre en exergue les potentialités non négligeables dont regorge la région. En effet, la région du sud-est, englobant les quatre gouvernorats de Médenine, de Tatahouine, de Gabès et de Kébili, couvre une superficie de 77 500 km2, soit 47% de la superficie globale du pays. Elle dispose d'un littoral long de plusieurs centaines de kilomètres (500) équipé de nombreux ports de pêches et de deux ports commerciaux et qui constitue la principale zone de pêche du pays, d'un domaine pastoral avec de grands parcours steppiques (Dhahar, El Ouara…), d'un cheptel composé d'environ 1 350 000 têtes ovines et caprines, 9 200 têtes bovines et 43 000 têtes camelines, d'une arboriculture pluviale essentiellement oléicole (7 millions de pieds), et d'un domaine irrigué (oasis et périmètres irrigués) d'environ 48 000 ha qui bénéficie de ressources en eau non négligeables. La région dispose également de gisements de pétrole et de gaz assurant l'essentiel de la production énergétique du pays, de huit zones industrielles dont la plus importante est celle de Gabes comportant plusieurs grosses unités industrielles (ICM, Cimenterie), d'une infrastructure hôtelière composée de 169 unités et repartie sur plusieurs zones touristiques, dont la plus importante est celle de Djerba-Zarzis, d'un tissu universitaire composé d'une université, de 20 établissements d'enseignement supérieur et d'un centre de recherche (IRA ),de deux technopoles en cours de création et d'une zone franche installée à Zarzis depuis plusieurs années. D'autre part, la région du sud-est partage avec l'ouest libyen une frontière commune de 459 kms, et des traditions d'échange et de solidarité de longue date que Professeur Féthi Licir, du côté tunisien, et M.Houssème Bacha Imam, du côté libyen, ont admirablement illustrées séparément dans deux exposés édifiants et pathétiques. Prenant ensuite le relai, Professeur Ali Ben Askar, de la partie libyenne, a, à son tour, passé en revue les caractéristiques de la région couverte par la plaine de la jeffara et le Jebel Nefoussa limitrophe et a exposé, chiffres et statistiques à l'appui, les potentialités de la région et la situation socio-économique prévalent. Enfin, en guise de clôture, Professeur Mabrouk Montassar a présenté un projet de statut élaboré par ses soins, à soumettre pour consultation en vue d'un ultérieur peaufinage à survenir lors d'une prochaine rencontre dans les semaines à venir. Tunisiens et Libyens, universitaires, experts, hauts cadres, professionnels, tous originaires du sud-est tunisien et de l'ouest libyen, étaient réunis sous le même toit, mus par la même volonté sincère de contribuer à la prospérité de leur région respective et d'asseoir les bases d'une coopération future dans le cadre d'un espace intégré de développement économique et social à même de consolider davantage les liens fraternels entre les deux peuples. Intervenant dans ce nouveau contexte de renouveau démocratique et de liberté, aiguisant l'appétit d'implication citoyenne, effective et agissante de par et d'autre des frontières communes, l'initiative a toutes les chances de parvenir à bon port et d'aboutir pour enfin répondre aux attentes et aux aspirations légitimes des uns et des autres