Un atelier de réflexion organisé à l'initiative de Ali Abâab, professeur universitaire et expert en environnement , en collaboration avec l'Association pour la Sauvegarde de l'île de Djerba, a tenu lieu samedi 23 juillet à Midoun Djerba, réunissant une vingtaine de compétences, entre universitaires, experts, hauts cadres, et techniciens, invités pour se concerter au sujet du projet de création d'un centre de réflexion stratégique pour un développement intégré et durable du sud-est. M.Abâab, dans son exposé introductif, a passé en revue les raisons d'une telle initiative, les objectifs spécifiques et généraux du centre à créer, ses modalités d'action, son fonctionnement, et une proposition d'agenda pour la mise en place du centre.
Les raisons d'un tel projet
Cette initiative est dictée par le devoir de participation et d'engagement de toutes les compétences scientifiques, techniques et économiques de la région du sud-est dans la construction d'une vision stratégique pour un développement durable de leur région. Intervenant dans ce nouveau contexte post révolutionnaire de démocratie naissante ouvrant largement la voie à la faveur d'une plus grande participation citoyenne dans la définition des choix et des orientations stratégiques inhérents au développement économique et social, elle devrait s'inscrire dans le nouveau processus de décentralisation dont le principe sera, espérons-le, retenu par la nouvelle constitution. Par ailleurs, la région du sud-est, englobant les trois gouvernorats de Médenine, de Gabès et de Tatahouine, couvre à elle seule 34% du territoire national et dispose de moult atouts non négligeables qui ne demandent qu'à être fructifiés dans le cadre d'une réflexion approfondie débouchant sur un nouveau modèle de développement: * Un littoral long de plusieurs centaines de kilomètres (500) équipé de nombreux ports de pêches et de deux ports commerciaux et qui constitue la principale zone de pêche du pays. * Un domaine pastoral avec de grands parcours steppiques (Dhahar, El Ouara…) et un cheptel composé d'environ 1 170 000 têtes ovines et caprines, 9 200 têtes bovines et 29 400 têtes camelines. * Une arboriculture pluviale essentiellement oléicole (7 millions de pieds) *Un domaine irrigué (oasis et périmètres irrigués) d'environ 25 300 ha qui bénéficie de ressources en eau non négligeables *Des gisements de pétrole et de gaz assurant l'essentiel de la production énergétique du pays *Six zones industrielles dont la plus importante est celle de Gabes comportant plusieurs grosses unités industrielles (ICM, Cimenterie) *Une infrastructure hôtelière composée de 158 unités et repartie sur plusieurs zones touristiques,dont la plus importante est celle de Jerba-Zarzis *Un tissu universitaire composé d'une université, de 19 établissements d'enseignement supérieur et d'un centre de recherche (IRA) *Une technopole en cours de création et une zone franche installée à Zarzis depuis plusieurs années D'autre part, la région du sud-est partage avec l'ouest libyen une frontière commune de 459 kms, et des traditions d'échange et de solidarité de longue date, et qui connaissent ces jours-ci leur meilleure illustration. Le nouveau contexte politique en place en Tunisie et vraisemblablement en Libye prochainement devrait ouvrir de nouvelles perspectives de coopération entre les deux pays et permettre aux deux régions, le sud-est tunisien et l'ouest libyen, de construire à moyen et long termes une zone d'intégration économique avec des choix stratégiques majeurs, tels que la mise en place d'une infrastructure de base moderne (autoroute, trains rapides, télécom,…), des centres de recherche et d'innovation technologiques, des technopoles et des zones industrielles, des espaces de culture et d'échange, des zones de loisirs et de villégiatures,…
Objectifs du Centre
Si ce centre venait à voir le jour, ses objectifs majeurs, comme définis dans l'exposé, seraient donc de contribuer à la définition et la mise en œuvre d'une stratégie de développement économique et social intégré et durable du sud-est tunisien qui, en dépit des innombrables atouts en possession, affiche un certain retard sur les plans économique et social, lié au chômage, à la pauvreté, au pouvoir d'achat, à l'investissement, et connaît de nombreux problèmes sur le plan environnemental liés essentiellement à la surexploitation des ressources phréatiques et halieutiques, à la dégradation du couvert végétal et de la biodiversité, à la vulnérabilité des écosystèmes, marin et terrestre, et à la pollution industrielle ; aussi, serait-il question de concourir par la réflexion au diagnostic de la situation régionale dans les différents domaines liés au développement économique et social, à l'identification des défis et des enjeux actuels et futurs, à l'exploration des opportunités, à l'adoption d' approches pertinentes par rapport aux spécificités et besoins de la région et enfin à l'élaboration de stratégies globales et sectorielles de développement, à même de la tirer de la précarité lourdement préjudiciable et d'en faire un pôle de rayonnement économique, social, environnemental et culturel.
Adoption à l'unanimité
A l'issue de la présentation de cet exposé exhaustif, la parole a été donnée aux participants pour avis ; un tour de table pour tâter le pouls et recueillir les impressions, qui se sont avérées unanimement favorables à l'initiative de création d'un centre de réflexion stratégique pour un développement intégré et durable du sud-est tunisien ; le verdict était sans appel, et les participants, toutes spécialités confondues, ont manifesté, d'une seule voix, non sans enthousiasme, leur adhésion inconditionnelle au projet. Un comité provisoire a été de ce fait désigné pour élaborer le document fondateur, ou une charte du Centre à créer, lequel document devra être soumis à l'attention du groupe élargi porteur de l'initiative lors de la prochaine réunion fixée à la date du 01 octobre 2011. Naceur BOUABID