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Les raisins de la colère
Chronique
Publié dans Le Temps le 15 - 10 - 2011

Persépolis est-il analysable à froid avec les œillères de l'expert. Exercice difficile dans le contexte actuel, après les remous suscités par toute analyse passant pour nécessairement partisane. Le passage incriminé intervient à un moment du film où Marjane dans son souvenir, se rappelle d'un rêve où elle aurait vu Dieu, représenté comme un vieil homme à la longue barbe.
Si on a vu le film, cette représentation en est une au nième degré. C'est un film d'animation en deux dimensions, c'est-à-dire que les personnages ont été pensés, dessinés et animés image par image, donc dessin puis animation. Déjà deux niveaux de représentation et on n'est pas encore dans la diégèse (l'univers du film).
La structure du scénario est en flash-back nous sommes dans un aéroport dans le souvenir d'une jeune dame qui voit défiler son enfance, son adolescence et sa vie de jeune femme. De ce point de vue, Persépolis n'est pas l'histoire de Marjane, mais celle de l'image qu'elle se fait de son passé, troisième niveau de représentation. Passée au filtre du souvenir, cette mémoire est nécessairement partielle, partiale, embellie, romancée, tronquée, souvent faussée rarement vraie et assumée en tant que telle.
Le plan qui a déchaîné l'ire d'une frange des spectateurs intervient à un moment où Marjane petite décrit un rêve, nous sommes donc au regard de la structure du film, dans l'imaginaire de l'imaginaire d'un personnage imaginaire, s'agissant de la matérialisation du rêve de la petite Marjane, telle que la Marjane adulte s'en souvient, le tout s'inscrivant dans une fiction, donc dans l'imaginaire des coréalisateurs du film. Si on ajoute à cela, l'effet de distanciation produit par la technique de représentation choisie, à savoir l'animation dont les effets en termes d'identification ne sont en aucun cas comparables à ceux produits par la représentation d'un personnage en chair et en os, il résulte à la lumière de ce qui précède qu'en toute bonne foi, le plan en question perd toute sa substance. Cela d'un point de vue strictement cinématographique.
Le caractère blasphématoire de ce plan ne résiste donc pas au filtre de l'analyse sauf si on s'obstine à faire abstraction des enchâssements des niveaux de représentation qui y ont conduit. Il va sans dire que la lecture que l'on fait d'un film est nécessairement tributaire d'un contexte et que celui que nous vivons est de nature à favoriser une sensibilité à fleur de peau. Pour les croyants réellement offensés, il y a lieu de dire qu'une foi sereine n'a pas à être déstabilisée par une image quelle qu'elle soit, et si c'est le cas la violence n'est en aucun cas justifiable.
Pour les tenants de la théorie du complot ourdi par la police politique et la contre-révolution, il est indispensable de rappeler que dans les faits, une plan de cinéma a été à l'origine d'appel au meurtre et qu'en soi cela est condamnable, même si à leurs yeux cette polarisation entre modernistes et salafistes est un problème créé de toutes pièces.
Pour terminer, défendre Pérsépolis ne revient pas nécessairement à défendre Nessma dont la reculade et les excuses du premier responsable témoignent du caractère purement rhétorique et non assumé d'une ligne éditoriale « moderniste et laïcisante ». Ce sont les espaces de liberté pour les créateurs qu'il s'agit de préserver, à travers notamment un véritable travail d'éducation à l'image.


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