Une manifestation a eu lieu hier vers midi et demi à travers les rues de la capitale en signe de protestation contre la chaîne Nessma, après diffusion du film franco-iranien Persépolis, jugé blasphématoire, pour avoir représenté la divinité par l'image et la parole. Nabil Karoui a beau faire des excuses publiques , en expliquant que ce détail n'a pas été mentionné lors du visionnage du film, qu'il n'aurait pas permis sa diffusion s'il était averti à temps. Il a même fait l'objet d'une plainte, présentée par un certain nombre d'avocat pour infraction au code de la presse et atteinte à la pudeur. Suite à quoi il a été entendu par le substitut du procureur de la république, près le tribunal de première instance de Tunis chargé de la presse et de l'information. Idem pour le responsable du service visionnage de la chaîne concernée, et qui est poursuivi en tant que complice. Cela n'a pas été de nature à apaiser cette tension Les remous commencèrent dimanche dernier, avec ceux qui ont tenté de s'introduire dans les locaux de Nessma et qui ont été dissuadés par les agents de l'ordre qui ont arrêté quelques uns parmi eux. Ceux parmi ces derniers qui ont été inculpés de trouble à l'ordre public, comparaîtront le 16 novembre devant le tribunal. La manifestation d'hier, se voulait à caractère pacifique. Mais les slogans scandés par les nombreux manifestants, étaient quelque peu provocants. « Dehors les pourris de Nessma ; Karoui Dégage ! » Ils avaient attendu la fin de la prière du vendredi, pour commencer leur parcours à partir de la mosquée El Fath au passage, et se dirigèrent vers la Kasbah, via la rue de Londres. Brandissant des pancartes et des bannières où étaient inscrits en calligraphie arabe : Allah Akbar, ou La Iaha Illa Allah. Arrivés à la Kasbah, ils ont été dispersés par les agents de l'ordre, qui se trouvèrent dans l'obligation de répondre par des bombes lacrymogènes aux jets de pierres de la part de quelques uns. Qui étaient ces manifestants ? ce n'était pas uniquement des « barbus » puisqu'il y avait des jeunes en Jean et baskets. Mais on se demande s'ils n'étaient pas mus par des extrémistes, surtout à voir les pancartes qu'ils brandissaient, rappelant l'époque des tensions entre les Mouahajirin et les Ansars, survenues à la mort du Prophète, et qui furent la cause de ce qu'on a appelé la grande discorde.(Fitnah) Laquelle avait pour cause la Kilafah (la gouvernance des musulmans après le Prophète.) Le Prophète Mohamed les avait prévenu de cette discorde à travers ce verset coranique O combien significatif : « Et craignez une discorde qui n'affligera pas exclusivement les injustes d'entre vous.» D'ailleurs, à la manifestation d'hier, certains scandaient : « Khilafah islamyah » pour réclamer le régime du khalife. Est-ce vraiment le moment de nourrir la discorde et mettre les bâtons dans les roues à l'évolution du pays dans la voie de la démocratie ?