Les grenades, fruits d'automne, constituent l'une des espèces de fruits les plus prisés par les consommateurs en cette période de basse saison vu leurs prix relativement accessibles et leurs multiples vertus pour la santé. Les étalages des marchés sont garnis par les différentes variétés de grenades. C'est l'heure de cueillir ces fruits à Gabès, Testour, Béja et Nabeul. La récolte qui a bousculé toutes les estimations atteindra les 75.000 tonnes cette saison. Comme des chevelures bien épandues qui refusent l'injure des ciseaux, les grenadiers sont pleins de fruits encore verts que les mains du producteur refusent de cueillir. Le calibre et l'aspect permettent d'ores et déjà d'affirmer que ces fruits arriveront à maturité. Ces milliers tonnes sont cueillies par des familles une à une chaque jour. C'est une activité qui procure à son propriétaire de l'argent mais qui exige également de grandes transactions comme l'achat des fertilisants, l'irrigation et le transport. Décidément, les fellahs essayent par tous les moyens de compresser ces dépenses et surtout la main d'œuvre jugée chère. C'est pourquoi, on emmène ses enfants pour atténuer les frais car on risque parfois de laisser des plumes. Cette culture du grenadier est très ancienne en Tunisie. Elle date, au moins, de l'époque phénicienne. Le grenadier est cultivé dans les zones côtières du nord, du centre et du sud et dans beaucoup de régions à l'intérieur du pays. Cependant, on constate une domination de Beja et Nabeul au Nord, ainsi que Sidi Bouzid, Kairouan et Mehdia pour le Centre, et Gabès au Sud. Toutefois, cette dernière s'accapare la plus grande partie du verger avec 37% de la production nationale. 17 variétés cultivées sur quatre mois Selon les chiffres fournis par le GIF, la moyenne de production des grenades n'était que de 51 mille tonnes au cours de la période 1992-1997. Elle est passée à 62 mille tonnes entre 1997 et 2001, enregistrant ainsi une augmentation de 22%. En 2010, la production a atteint 65 mille tonnes dont 23 mille tonnes à Gabès, 9500 à Béja, 7500 tonnes à Kairouan et 5.400 tonnesà Sousse . La Tunisie compte près de 17 variétés produites tout au long des quatre mois de récolte. El'gabsi, Ez'zahri, El'kalaai, et El'hammouri constituent des variétés précoces de grenades. Elles mûrissent et sont cueillies en septembre. En octobre, c'est au tour des variétés dites El khadhri, El chalfi, El tounsi, El djébali, El baldi, El mezzi, El zaghouani et landolsi d'être cueillies. El chétoui et Ennabli mûrissent, quant à elles, au mois de novembre. Enfin, les variétés El blahi et El karsi sont tardives : on les cueille en décembre. Toutefois, la grande variabilité observée rend assez difficile le choix rationnel des variétés à utiliser et pourrait engendrer une grande hétérogénéité au niveau de la production et contribue à la disparition de plusieurs types locaux. L'absence .de normes bien définies d'irrigation et de fertilisation laisse apparaitre beaucoup de problèmes de productivité des arbres et qualité des fruits. L'éclatement des fruits est phénomène continue et constitue l'un des problèmes majeurs surtout dans les oasis où existent les contraintes de tour d'eau. Dans certains cas, on peut avoir 40 à 50% des fruits éclatés. Les grenades tunisiennes sont appréciées par plusieurs pays voisins. Le premier importateur est la France suivie des pays du Golfe (Qatar, les Emirats Arabes Unis et le Bahrain), la Libye, la Hollande et le Canada.