• Beaucoup de Tunisiens n'ont pas encore compris le rôle de la Constituante. • La période doit être la plus longue possible : 4 ans, car une assemblée qui dure une année ne saurait faire face aux problèmes du pays Ancien ministre de la planification, Mansour Môalla, parlera de la Tunisie de demain en partant de la Tunisie d'hier, d'il y a 50 ans. « Nous avons vécu l'époque de l'indépendance, de la construction de l'Etat et ses institutions. Beaucoup de réalisations ont été faites. Elles étaient en deçà de nos espoirs, le lendemain de l'indépendance. Le leader Habib Bourguiba, lorsqu'il était Chef de Gouvernement, le 20 mars 1957, avait fait un discours démocratique prônant la séparation et la limitation des pouvoirs… Par la suite avec la succession des évènements, la tentative de complot, l'expérience de coopératives et son échec, l'union avec la Libye et son échec, les divergences à l'intérieur du régime, on est passé à la présidence à vie en 1979, puis au complot du 7 novembre et l'installation de la dictature. Le résultat est la pauvreté et le chômage qui sont à l'origine de la révolution des jeunes pour la dignité et la liberté. « L'espoir renaît aujourd'hui, comme au début de l'indépendance » dira le conférencier qui précise qu'il faut bâtir la nouvelle Tunisie évitant les erreurs du passé. Tout commence par la nouvelle constitution. Elle doit garantir un changement radical dans tous les domaines de la vie publique. Avec la transition qui s'achève dans quelques jours par les élections de la Constituante, des divergences sont apparues concernant la durée de ses travaux. Certains la fixe à une année, suivie par les législatives et éventuellement des présidentielles au cas où le pays opte pour un régime présidentiel et en fin des municipales. Mansour Môalla pense que « cette période doit être la plus longue possible de quatre ans par exemple pour assurer la crédibilité de cette institution. Une assemblée qui dure une année ne peut faire face aux problèmes du pays. Avec les trois gouvernements qui l'ont précédé et un quatrième gouvernement provisoire pour une année, les problèmes du pays ne seront pas résolus ». Concernant les attributions de la Constituante, celle-ci va élaborer la Constitution, choisir un Gouvernement, élire un président et légiférer. Cela nécessite au moins quatre ans. Ainsi on évitera quatre élections. « Si la Constituante approuve un régime parlementaire, on se contentera des élections du 23 octobre et on passera aux municipales. Le monde entier observe la Tunisie. Les Tunisiens attendent la stabilité. On parle de constitution, alors que les candidats à la télévision parlent de programmes d'emplois, de développement… « J'ai peur de l'abstention. Ce sera un signe d'échec pour notre expérience et notre Révolution », dira-t-il. Un autre problème se pose, celui du nombre élevé de partis, ce qui a entraîné un nombre élevé d'indépendants. Le mal n'est pas dans la prolifération des partis. C'est la loi électorale de la majorité relative avec les plus grands restes qui est derrière cette prolifération. Il fallait élaborer la loi des partis avant la loi électorale. En Allemagne un parti ne peut avoir de députés qu'à partir de 5% des voix. Le meilleur exemple nous vient de la Grande-Bretagne qui a opté pour la majorité relative. Des tentatives de créer un front centriste ont échoué. On parle de gouvernement d'unité nationale. Mais est-ce possible avec les divergences entre les partis. Pour le contenu de la Constitution, il doit inclure les principes généraux de libertés… Des divergences existent quant à la nature du régime politique. Durant 55 ans, nous avons eu un régime présidentiel, alors qu'aux premières années de l'indépendance c'était un régime parlementaire. Durant les neuf derniers mois, le pays a fonctionné avec un système équivalent au régime parlementaire. Quel régime pour la Tunisie ? Mansour Môalla est contre le régime présidentiel. Il est pour le régime parlementaire. Il se rappelle que les ministres étaient des fonctionnaires sous Bourguiba. En 1970, il s'était excusé auprès du peuple tunisien. Dans une démocratie, il aurait démissionné. A l'époque de Bourguiba et Ben Ali, une élection présidentielle était facile. Aujourd'hui, on peut s'attendre à une dizaine de candidatures qui alimenteraient les divergences, le tribalisme…La justice doit être totalement indépendante. Un vrai pouvoir avec son propre budget et informant continuellement le public de la situation du secteur. Mansour Môalla, espère que la Tunisie de demain disposera d'une bonne gouvernance, juste, responsable et d'un gouvernement qui peut être interpellé, rendre des comptes, sans favoritisme, refusant la violence et la torture. La société doit s'adonner entièrement au travail et vénérer la conscience professionnelle et l'ordre. La démocratie n'est pas l'anarchie.