Abbes Kiarostami, tourne pour la première fois à l'extérieur de son pays l'Iran. Il a choisi la très belle ville de la Toscane en Italie pour raconter l'histoire d'une passion entre une femme française, qui tient une galerie d'art en Toscane et élève seule son fils et un critique d'art narcissique James (William Shimell), un écrivain quinquagénaire anglo-saxon qui donne en Italie, à l'occasion de la sortie de son dernier livre, une conférence ayant pour thème les relations étroites entre l'original et la copie dans l'art. Et c'est dans un petit patelin dans la région de Toscane, qu'au cours d'une virée, ils apprendront à mieux se connaître. Au gré de leurs pérégrinations dans les ruelles de la ville où ils assistent à la célébration d'un mariage, partagent un repas dans un restaurant, leur discussion prend un virage inattendu d'où d'ailleurs tout l'intérêt du film. En effet, les deux protagonistes connaisseurs en art auront une discussion polémique sur la valeur d'une reproduction d'œuvre d'art par rapport à l'original. Autrement dit, l'importance entre le vrai et le faux, la fiction et la réalité, le leurre et la certitude. C'est cette confusion entre le vrai et le faux qui intéresse au plus au point Kiarostami parce qu'elle lui permet de nous faire accéder à un sens au-delà des images. On est au cœur du sujet qui abonde vers un questionnement perpétuel sur le sens des images et leur valeurs symbolique. Dans sa démarche singulière, le cinéaste nous donne à voir le regard que porte son héroïne sur la vie, son rapport avec les hommes, son attachement à certaines valeur comme la fidélité en s'adressant à son partenaire comme s'il était son époux ainsi que son regard de réalisateur sur ses personnages qu'il a mis en scène. Il y a là une double lecture, un jeu double et un double je. L'héroïne c'est elle et une autre. Elle est mariée, mais abandonnée par son mari et en quête d'un amant qu'elle traite comme un mari. La question fondamentale que pose le film est comment distinguer l'original de la copie, la réalité de la fiction. Et dans cet exercice Abbes Kiarostami excelle. Il installe le doute tout au long du film et offre au spectateur le plaisir d'enquêter sur cette relation entre le couple. De la sorte, il responsabilise le spectateur et le fait entrer dans le jeu. Un jeu de miroir, riche, construit habilement se prêtant à plusieurs interprétations. Cette fonction ludique est le but même du cinéma comme divertissement ajoutée à celle esthétique qui donne à réfléchir sur le sens des choses et de leur importance. Un jeu de contrastes où tout est suggestion. Derrière une apparente simplicité, le film s'avère complexe comme la vie. Le réalisateur allie avec maestria de longs plans-séquences avec des plans rapprochés sur des acteurs au jeu brillant sans compter une mise en scène ample et d'une précision impressionnante pour un film qui est une réflexion jubilatoire sur l'art et l'amour.