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« La Tunisie est aujourd'hui le pays porteur des plus grandes espérances… » Entretien - Colombe Anouilh d'Harcourt : présidente du Concours Philippe-Senghor
C'est en hommage au feu Léopold Sédar Senghor qui de son vivant était membre de l'Académie française, et à son fils Philippe, (disparu accidentellement en 1981), que Colombe Anouilh d'Harcourt, fille du célèbre dramaturge Jean Anouilh, (l'auteur d'Antigone, de Beckett ou l'honneur de Dieu, L'Alouette, Le bal des voleurs, l'Invitation au château et de tant d'autres succès au théâtre…), a voulu concrétiser le rêve d'un concours scolaire baptisé «Philippe Senghor», pour réunir des milliers d'enfants à travers la francophonie. Colombe Anouilh d'Harcourt était parmi nous à Tunis à l'occasion de la remise des prix du concours scolaire Philippe Senghor. Entretien. Le Temps : « Le Concours scolaire Philippe-Sengho initié, depuis maintenant cinq ans, souhaite faire partager aux enfants l'amour de la langue française. Partir d'un même début d'histoire pour continuer une aventure librement, sans inhibition, selon des références culturelles différentes » : ainsi se présente ce Concours scolaire. Pourriez-vous nous en dire plus ? Colombe Anouilh d'Harcourt : Il s'agit en effet de proposer un début de récit à des enfants qui suivent une scolarité en français dans une douzaine de pays. On attend de ces enfants, encadrés par leurs enseignants qu'ils poursuivent le récit selon leur imaginaire propre et en y apportant des illustrations. C'est donc une émulation dans la créativité que vise ce Concours. *L'enjeu ultime de ce Concours est de créer la première bibliothèque scolaire francophone constituée de contes écrits et illustrés par des enfants pour d'autres enfants. Pourriez-vous nous donner des explications sur ce point ? - Pour chacun des pays participants, les meilleures contributions sont retenues et font l'objet chaque année d'un recueil qui rassemble textes et illustrations. Largement diffusés dans les pays, ces recueils ont vocation à servir de base à la constitution de bibliothèques scolaires. L'originalité de ces recueils est toutefois à la différence d'autres ouvrages de fiction de rassembler des contes écrits par des enfants pour d'autres enfants de la Francophonie. *Chaque année vous faites appel à un grand écrivain francophone pour proposer un début de récit. Après le Français Erik Orsenna, la Sénégalaise Fatou Diome, le Libanais Amin Maalouf et la Malgache Michèle Rakotoson , l'Haïtien Dany Laferrière, le choix s'est porté pour le Concours de 2012 sur l'écrivaine romancière tunisienne Emna Belhaj Yahia. Comment la sélection s'est-elle faite ? - Vous remarquerez que nous respectons scrupuleusement l'alternance des genres. Il revenait donc cette année à une écrivaine de proposer un texte. La Tunisie s'étant particulièrement impliquée dans le rayonnement du Concours, il nous a semblé qu'il revenait logiquement à l'une de ses auteures de proposer un début de conte. *L'Association tunisienne pour la pédagogie du français (ATPF) dont le président est l'universitaire et le poète M. Samir Marzouki, vous a proposé d'accueillir le Concours et de réaliser sa prochaine édition. Que pensez-vous de ce partenariat ? - On a dit que « la Tunisie est la Méditerranée du cœur et le cœur de la Méditerranée ». Elle est aussi, pour nous, le cœur de la Francophonie méditerranéenne. Aussi était-il naturel que l'on mobilisât l'ATPF pour animer et assurer le bon fonctionnement du Concours. Ainsi que l'a rappelé son président M. Samir Marzouki à la résidence de l'Ambassadeur de France à la Marsa, le 7 octobre dernier, lorsque nous nous sommes rencontrés en 2006, il était alors un des directeurs de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui depuis lors m'a apporté le soutien indispensable au bon déroulement du Concours. *Quelle est votre impression à propos de cette cérémonie du 7 octobre à la résidence de France à la Marsa ? -J'ai été très heureuse de rencontrer les lauréats tunisiens et leur enseignante et d'apprendre à cette occasion qu'ils s'étaient impliqués avec autant de joie dans l'exercice qui leur était demandé. Ceux qui se sont impliqués également sont les responsables des Services de l'Ambassade de France et de l'ATPF. Je tiens tout particulièrement à renouveler ici mes remerciements pour le parfait accueil que nous ont réservé l'Ambassadeur de France, M. Boris Boillon et son épouse. *Et quel regard portez-vous sur la Tunisie post-révolutionnaire ? -La Tunisie est à l'origine des « printemps arabes ». C'est de Tunisie qu'a soufflé le vent de la Liberté. C'est aujourd'hui le pays porteur des plus grandes espérances. Je veux donc croire à présent qu'il sera le premier pays à donner l'exemple. L'exemple d'une démocratie de progrès, respectueuse de l'égalité entre hommes et femmes et soucieuse des libertés individuelles dans l'unité de la nation et la concorde civile. Propos recueillis par : Sayda BEN ZINEB