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«Il faut que les Tunisiennes et les Tunisiens continuent plus que jamais à se battre» 3 questions à… Mme Souhyr Belhassen, présidente de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH)
Nous avons réussi à joindre par téléphone Mme Souhyr Belhassen, présidente de la Fédération Internationale des droits de l'Homme (FIDH) qui en tant que militante des droits de l'homme et en tant que tunisienne nous commente ici les résultats des élections de la Constituante. Interview. Le Temps : Comment jugez-vous les résultats des élections de la Constituante en Tunisie ? Mme Souhyr Belhassen : Tout d'abord il faut saluer la transparence dans laquelle se sont déroulées ces élections. Il faut aussi rendre hommage aux Tunisiennes et aux Tunisiens qui ont participé massivement à ces premières élections démocratiques dans leur pays. Nous respectons le choix des Tunisiens et les résultats des urnes. • Mais ce choix ne constitue pas une menace pour le processus démocratique engagé dans le pays depuis la Révolution ? - Certes ont peut s'interroger sur les résultats de ces élections et sur le fait que le premier parti politique en Tunisie est aujourd'hui le mouvement islamiste Ennahdha. Mais il ne faut pas oublier que la victoire de ce parti est relative, il ne représente pas la majorité absolue dans la composition de la Constituante. Ennahdha doit donc tenir compte de cette réalité et du rapport des forces avec les autres partis représentés au sein de la Constituante. • Mais le fait qu'Ennahdha est désormais le premier parti politique et devance de loin les autres partis, il va tenter d'imposer sa doctrine qui s'inspire de la religion. Qu'en pensez-vous ? - Je dirai que ce parti doit fatalement avoir sa place en Tunisie parce que ces résultats reflètent la réalité sociologique du pays et les conséquences de la dictature exercée par Ben Ali qui a placé les nahdhaouis en position de martyrs. Aujourd'hui ce qui représente un danger c'est qu'Ennahdha parle de valeurs arabo-musulmanes et de l'Islam. Alors que ces valeurs défendues par Ennahdha ne doivent en aucun cas aller contre les valeurs universelles qui sont le respect des libertés et la défense des droits humains. Ce qu'on peut craindre, c'est qu'Ennahdha tentera d'intégrer les valeurs de l'Islam dans la loi à l'occasion de l'élaboration de la nouvelle constituante, on craint une réislamisation de la société et un éloignement de l'universalité des droits. • Comment y faire face ? - Il faut que les partis de gauche et la société civile dans leur ensemble agissent pour défendre l'universalité des droits sans ambiguïté et sans concessions. Il faut que le code du statut personnel, constitue non seulement la ligne rouge qu'il ne faut pas dépasser mais qu'il puisse évoluer notamment sur la question de l'égalité dans l'héritage. Les Tunisiennes et les Tunisiens qui ont joué un rôle déterminant dans la contestation de la dictature et l'instauration de la démocratie doivent continuer plus que jamais à se battre. Interview réalisée par Néjib SASSI