100 mille emplois perdus dans l'industrie, baisse de 27% des IDE, chute de 33,3% des entrées touristiques, risque très élevé pour le secteur bancaire et financier tunisien… L'économie nationale est-t-elle au bord du gouffre ? Telle est la question qui intrigue aujourd'hui le monde économique en général et le monde des affaires en particulier. Aujourd'hui la quasi-totalité des indicateurs de base de l'économie nationale virent au rouge et nous risquons une crise systémique sans précédent. Entre temps et depuis les élections du 23 octobre 2011, couronnées par la victoire du mouvement Ennahdha, les partis élus poursuivent leur course effrénée à la conquête de la toison d'or débouchant sur la redistribution des cartes politiques. La carte économique ne semble pas, pour l'instant, être prise au sérieux comme il se doit. Hormis les troubles sociaux et les mouvements syndicaux qui paralysent le moteur économique du pays, les statistiques économiques et financières sont alarmantes. Les investissements directs étrangers (IDE) poursuivent leurs descentes aux enfers en marquant une baisse de 27% au terme du troisième trimestre de l'année en cours. Pis encore, les intentions d'investissement extérieur ne sont pas favorables pour une courbe de reprise. Il va sans dire que le manque de visibilité dans le paysage politique tunisien et la victoire d'un mouvement islamique dans les élections de la Constituante, suscitent un tant soit peu la réticence des investisseurs et notamment ceux étrangers. Le secteur touristique sombre également dans le chaos et même si l'ONTT et la FTAV démentent la rumeur des réservations annulées, la crainte subsiste et le flot du secteur se confirme d'un jour à l'autre. A noter que les entrées touristiques ont fléchi de 33,3% au cours des dix premiers mois de l'année. Le secteur industriel ne déroge pas à la règle du tarissement en annonçant une perte de 100.000 emplois dans le secteur depuis la révolution et la fuite de 100 entreprises étrangères. Côté exportations, la crise de la zone euro risque d'influer considérablement sur la balance commerciale avec l'extérieur. Le secteur bancaire et financier ne va pas mieux. D'ailleurs, l'Agence de notation américaine Standard & Poor's vient de confirmer le risque très élevé qu'encourt le secteur bancaire et financier tunisien en lui attribuant une note de 8 sur 10. A noter que la même Agence de notation a confirmé la note BBB- avec perspective négative accordée à la Tunisie après les élections de la constituante et prévoit un risque très élevé en matière de risque de crédit dans l'économie. Un tableau sombre de l'économie nationale qui pousse à la détresse et suscite l'interaction immédiate de toutes les parties concernées.