• Menace de sanctions économiques Le Temps-agences - La Ligue arabe a adressé un ultimatum de 72 heures au régime syrien pour mettre fin à la répression sous peine de sanctions économiques contre Damas, où les attaques de manifestants pro-Assad contre les ambassades étrangères se multiplient. Sur le terrain, les violences se sont poursuivies hier avec la mort de quatre civils dont une fillette de neuf ans abattue par la sécurité syrienne lors d'une perquisition dans une localité de Deir Ezzor (Est), selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Mercredi, au moins 23 personnes avaient été tuées dont huit militaires, selon des opposants. A l'issue d'une réunion de la Ligue arabe à Rabat, le Premier ministre du Qatar Hamad Ben Jassem a déclaré que l'organisation donnait à "partir" de mercredi "trois jours au gouvernement syrien pour arrêter la répression sanglante" contre la population civile. "Si Damas n'accepte pas de coopérer avec la Ligue, des sanctions économiques seront adoptées contre la Syrie", a-t-il averti. Dix-huit sur les 22 membres de la Ligue arabe avaient décidé le 12 novembre au Caire de suspendre la Syrie, une mesure devenue effective ce mercredi, selon un diplomate arabe. Les ministres avaient également menacé de sanctions le régime syrien car il n'applique pas un plan arabe prévoyant la fin des violences, la libération des manifestants et le retrait des forces armées des villes. Damas, qui a boycotté la réunion de Rabat, n'a pas encore réagi aux injonctions de la Ligue arabe, ni commenté l'attaque par des militaires dissidents d'un centre des services secrets, présentée par l'opposition comme la première de ce type en huit mois de contestation. Celle-ci a été revendiquée par L'Armée syrienne libre (ASL), qui compte des milliers de soldats ayant fait défection. Une nouvelle attaque a visé hier un siège de la jeunesse du Baas, le parti au pouvoir en Syrie, où se rassemblaient des membres de la sécurité dans la région d'Idleb (Nord-ouest), selon l'OSDH qui n'a pas fait état de victime dans l'immédiat. Le Qatar, qui assure la présidence en exercice de la Ligue, a également demandé à Damas d'autoriser une mission d'observateurs de la Ligue arabe en Syrie. Soulignant que la patience des pays arabes était à bout, le ministre qatari cheikh Hamad a déclaré: "Je ne veux pas parler de dernière chance pour qu'il (le régime syrien) ne pense pas qu'il s'agit d'un ultimatum, mais nous sommes presque au bout du chemin". Pendant la réunion de Rabat, les ambassades du Maroc et des Emirats à Damas ont été la cible de manifestants pro-régime, qui ont multiplié depuis le week-end les violences contre les représentations diplomatiques étrangères dans la capitale. Le Maroc a rappelé son ambassadeur à Damas, alors que les Emirats arabes unis ont "rendu le gouvernement syrien responsable de la sécurité et de l'immunité de la chancellerie". Les autorités syriennes ont averti qu'elles arrêteraient et jugeraient toute personne qui attaquerait une représentation diplomatique. La Chine, fournisseur de premier plan de la Syrie dans le secteur militaire, s'est par ailleurs dite hier "très inquiète" des évènements en Syrie. La Russie, alliée de longue date de la Syrie, à laquelle elle fournit également des armements, a estimé que la communauté internationale doit appeler le pouvoir syrien mais aussi l'opposition à cesser la violence. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé que l'attaque d'une base militaire par l'ASL ressemblait à une "guerre civile". A Istanbul, le leader en exil des Frères musulmans syriens Mohammad Riad Shakfa a affirmé que les Syriens seraient prêts à accepter une intervention turque en Syrie pour protéger la population. "Le peuple syrien acceptera une intervention (en Syrie) venant de Turquie, plutôt que de l'Occident, s'il s'agit de protéger les civils", a-t-il déclaré. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a reproché hier à la communauté internationale de ne pas s'élever assez fermement contre la répression en Syrie. La Turquie, seule grande puissance régionale aux portes de la Syrie, a pris pour la première fois des sanctions en stoppant des explorations de pétrole communes.