L'ouverture de ces journées est prévue pour ce soir à 20H00, au cinéma Le Colisée. Les organisateurs ont programmé à cette occasion, « Danton » du réalisateur polonais Andrzej Wajda qui traite d'une étape critique de la Révolution française, un choix pertinent dans la mesure où la Tunisie vit encore les tout premiers mois de sa Révolution. Sans doute ce film aura-t-il du succès auprès d'un public de cinéphiles passionnés d'histoire et de politique qui seront certainement nombreux au rendez-vous pour revivre des moments intenses avec les différents événements de ce film qui se situent en l'an II de la République, quelques années après la prise de la Bastille, en 1789. Le film repose sur un antagonisme très exacerbé entre deux figures marquantes dans la Révolution Française dont les idées, les principes et les stratégies sont diamétralement opposés ! C'est dire qu'il s'agit du révolutionnaire et du contre révolutionnaire, alors qu'à cette époque, la Révolution risquait de s'enliser, à cause des divergences et les discordances entre les différents hommes politiques. C'est le Comité de Salut Public qui sert aux protagonistes de forum pour s'affronter et s'attaquer les uns les autres. Deux hommes font clan à part : il y a Robespierre (1758-1794), surnommé « l'incorruptible », qui est partisan d'un pouvoir dictatorial qui se réclame de la vertu et de la terreur pour, selon lui, protéger la Révolution des dangers qui la menacent ; dans l'autre camp, on trouve son adversaire menaçant Danton (1759-1794) surnommé « le corrompu » qui, inquiet du tour que prennent les événements, est plutôt favorable à une politique plus pacifique, sans violence, en réclamant la fin du régime de la terreur. Un combat idéologique très acharné oppose alors les deux hommes. Deux pôles d'une vision totalitaire de la révolution, l'un dogmatique, l'autre plus humain, les deux adversaires finiront par se détruire l'un l'autre. Accusé de tiédeur et de concussion par Robespierre, Danton est condamné à la guillotine. Quant à Robespierre, il ne tardera pas de connaître le même sort que son rival. Sorti depuis 1983, le film refait surface ces derniers mois avec l'avènement du « Printemps arabe » qui a conduit au renversement des tyrans en Tunisie, en Egypte et en Libye et bientôt dans d'autres pays (Syrie, Yémen…). C'est l'occasion pour les Tunisiens de se rappeler les tourments politiques qui ont suivi la Révolution française de 1789 et d'en faire peut-être un rapprochement avec ce qui se passe chez nous et dans les autres pays qui vivent cette période post-révolutionnaire marquée d'une effervescence politique inouïe. D'ailleurs, certains critiques vont jusqu'à faire un parallèle entre le film réalisé par le Polonais Andrzej Wajda qui a mis l'accent sur l'aspect de la terreur de la Révolution et ce qui s'est passé dans son propre pays, lors de la Révolution polonaise, d'autant plus que le film est une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre « L'affaire Danton », écrite par la dramaturge polonaise Stanislava Przybyszewska. D'ailleurs, certains n'apprécient pas le fait de voir l'histoire de France écrite par une Polonaise pour en faire une métaphore de la situation de son propre pays ! Nonobstant cela, le film est bien soigné sur le plan technique : le réalisateur a réussi à peindre l'ambiance hostile qui caractérise cette période de la Révolution. Le recours à un fond musical plutôt angoissant, à des prises de vues aux tons sombres et surtout la présence de deux grands acteurs, Depardieu dans le rôle de Danton et Pszoniak qui incarne Robespierre, on peut dire que c'est un film réussi à tous les points de vue. Un très grand film historique !