Dans le cadre du Festival du Conte, le Club Tahar Haddad a programmé pour les enfants un spectacle de marionnettes du Théâtre de Tarabates dirigé par Philippe Saumont. Il s'agit d'un spectacle où humour et tendresse se côtoient, tout ce qu'il faut pour attirer l'attention des enfants qui forment la majorité du public de ce genre d'art. Dans un esprit populaire, Philippe Saumont, le marionnettiste, se sert du canevas traditionnel et se met au service de cette marionnette de bois et de chiffon, inspirée du Guaratella Napolitain, pour essayer de percer son secret… C'est la dernière création du Théâtre des Tarabates. Un spectacle qui rend hommage à l'art de la marionnette à gaine. Philippe Saumont, marionnettiste français de formation, a fondé la compagnie « Théâtre des Tarabates » en 1998. Depuis sa création, elle fait se rencontrer au sein de ses productions la marionnette, le théâtre d'objet et le jeu d'acteur. Il s'y pose également la question de la scénographie dans une recherche constante de nouvelles formes esthétiques de représentation. Il a également donné naissance au festival de marionnette "Les Marionnet ‘IC» organisé depuis 13 ans. La Compagnie joue en France et aussi régulièrement à l'étranger : Italie, Angleterre, Cuba, Danemark, Espagne, Pologne. Nicaragua, Tunisie et Serbie pour la saison 2010/11. Lors d'une rencontre brève avec Philippe Saumont, nous avons entretenu l'artiste sur ce spectacle et d'autres questions sur l'art des marionnettes. Entretien : Le Temps : Parlez- nous un peu de votre spectacle Philippe Saumont : C'est un spectacle que j'ai appris à jouer avec le maître de marionnettes napolitain qui s'appelle Bruno Léone. Il existe deux maîtres dans le monde qui enseignent l'art de la Guaratella, l'art de jouer le polichinelle, né il y a cinq cents ans à Naples : ce sont Bruno Léone et Salvador Gatto. Ce dernier refuse de donner les secrets du métier, mais c'est Bruno Léone qui accepte d'enseigner son art aux autres. J'ai eu la chance de travailler avec lui et il est devenu mon maître en la matière. Moi, je fais de la marionnette à gaine depuis vingt ans, et je joue Polichinelle depuis sept ans. Pour revenir au spectacle d'aujourd'hui, Polichinelle, redresseur de torts, est chargé de défendre les opprimés, ils déplace les limites, se joue d'elles, les contourne pour mieux porter la parole du peuple. Il aime toujours aller au-delà des limites. C'est un personnage qui aime danser, qui aime vivre, manger, dormir. A travers son histoire, il rencontre des personnages différents : il y a la police qui vient des fois l'embêter, il y a aussi la poule, le chien et la mort. Malgré sa stupidité, il parvient à défier l'autorité et tout ce qui se mettra en travers de la route qu'il a décidé de prendre…. C'est la première fois que vous jouez en Tunisie ? - oui, en fait. J'ai joué un peu partout dans le monde, en Australie, à Nicaragua, en Espagne, en Angleterre, en Italie, en Pologne… En Tunisie, j'ai déjà présenté mon spectacle deux fois à Nabeul, il y a quelques jours, j'ai été à Kalaâ Kbira et à Akouda et demain à Bizerte. Les enfants d'aujourd'hui, ceux de l'ère technologique, s'intéressent-ils encore aux marionnettes ? - Oui, absolument. Même les grands, d'ailleurs ! C'est un art universel, il met en relief des valeurs humaines. C'est un art essentiellement visuel, quiconque peut comprendre l'histoire même si on ne comprend pas la langue. C'est le reflet de la société, des problèmes de l'homme en général où qu'il soit. Il permet aussi au public d'évacuer ses propres peurs internes tout en le faisant rigoler. Mes histoires prêtent à deux lectures : une pour les enfants, une autre pour les adultes. Un bon spectacle pour enfants est toujours bon pour les adultes ! Plus on va dans la modernité, plus les hommes ont besoin de voir leurs réalités dans les arts, dans le théâtre vivant. Propos recueillis par : Hechmi KHALLADI