• Faible présence des femmes • Le choix de Tarak Dhiab et Rafik Abdessalem, critiqué La composition du gouvernement conduit par Hamadi Jebali et son programme d'action proposé, la veille, ont été au centre des débats de la Constituante hier au Palais du Brdo. La présence de Tarak Dhiab, l'ancienne gloire du football tunisien, de Rafik Abdessalem gendre de Rached Ghannouchi, dans l'équipe de Hamadi Jebali, l'absence de propositions concrètes et de données chiffrées dans la déclaration du Chef du gouvernement, ainsi que l'oubli de certains thèmes comme celui de l'enfance, des migrants tunisiens en situation inhumaine en Italie et en Europe, la durée que compte se donner les nouveaux gouvernants pour mettre en pratique leur programme… ont suscité des critiques de nombreux intervenants et la satisfaction d'autres. L'engouement pour le débat s'est exprimé par le nombre élevé des constituants qui ont demandé la parole. Ils étaient 138. Mustapha Ben Jaâfar devait limiter le temps de prise de parole à 3 minutes, pour chacun. Il a appliqué le timing de façon indifférenciée à tous les intervenants. Mohamed Brahmi (Mouvement du peuple), a précisé que le programme dugouvernement, nécessite une période qui va au-delà d'une année et demi, ce qui est un désistement des engagements de départ pour ne pas dépasser une année. Le tourisme sera dynamisé en encourageant les visiteurs à se rendre chez nous. Il s'interroge, est-ce que les habitants de l'entité sioniste sont concernés par cette ouverture ? La réforme de l'éducation, intéressant tous les Tunisiens, il revendique la création d'un Conseil supérieur pour la réforme de l'Education qui reste en dehors des considérations politiques. « Nos enfants ne sont pas des cobayes », dit-il, en ajoutant que la sécurité, comme la défense, la justice et l'autorité monétaire, doit être détachée du ministère de l'Intérieur et devenir indépendante du pouvoir exécutif. Mme Fattoum El Assoued (Ennahdha), a rendu hommage au Chef du gouvernement pour le contenu de son programme et lui a rappelé que le peuple n'accepte plus les promesses non tenues. Pléthore de ministres Mohamed El May (PDP), a rappelé que les Tunisiens à l'étranger participent à l'économie tunisienne avec plus de 3 milliards de dinars par an. En dépit de tous ces efforts, les Tunisiens à l'étranger n'ont pas les mêmes droits que leurs compatriotes dans le pays. Fadhel El Ouj (Al Moubadara) a remarqué la répétition des mots « nous allons faire… ». Quand ? Quel est le plafond des dépenses ? Le programme est fait de promesses. Comment les financer ? La pléthore du nombre de ministres est contraire à l'obligation d'économie et de compression des dépenses. On dirait que le gouvernement a été formé pour contenter toutes les parties intéressées. Le ministère de l'Environnement aurait pu être intégré à celui de l'Agriculture. Kaouther Qot, a rendu hommage à la composition variée du gouvernement. Une mosaïque qui fait honneur au pays. Elle reproche à la déclaration du gouvernement de ne pas avoir parlé du sport et exprime son appui à la nomination de Tarak Dhiab. Azad Bady (CPR) aurait aimé que les CV des différents ministres soient diffusés pour que les Tunisiens puissent les connaître. La majorité des postes sont revenus au premier parti. Il semble qu'il s'est immiscé dans les choix des autres partis. Les indépendants, ne sont pas réellement indépendants. « Nous devons accorder notre confiance au gouvernement pour qu'il commence à réaliser les objectifs de la Révolution », déclare-t-il, tout en lui rappelant que « le chèque de passage peut être retiré ». Il déplore l'absence de l'environnement dans la déclaration du gouvernement, c'est une déclaration générale, plutôt proche d'un communiqué électoral que d'un programme de gouvernement. Ali Bechrifa (Ettakatol) a parlé de la participation des partenaires sociaux et a demandé que le gouvernement clarifie sa position concernant le pluralisme syndical et ne voit pas pourquoi nommer une personnalité indépendante pour diriger le dialogue social. Les partenaires sociaux peuvent le désigner eux-mêmes ! Concernant l'enseignement supérieur, il a rappelé que le président Moncef Marzouki a promis la création d'une université à Sidi Bouzid. Il ne voit pas pourquoi, surtout que certains établissements universitaires sont appelés à disparaître. Il faut plutôt créer des pôles universitaires dans de grandes régions. Dalila Baba (Ennahdha) a apprécié la création d'un secrétariat d'Etat pour les émigrés et a appelé le Gouvernement à s'intéresser à la situation des émigrés clandestins. Office pour la réparation des injuustices Kalthoum Badreddine (Ennahdha) a déploré la présence réduite de la femme au sein du gouvernement, tout en rendant hommage au caractère exhaustif du projet de réformes proposé. Pour le financement des projets, il est nécessaire de penser aux banques islamiques surtout pour les petits projets. Hosni Badri (Al Aridha) a précisé que le programme du gouvernement a traité beaucoup de points et en a oublié d'autres. Dans l'emploi, il fallait parler de l'indemnité de chômage. L'augmentation du nombre de familles bénéficiant des aides de l'Etat, ne résoudpas le problème de la pauvreté. A Sidi Bouzid 3500 élèves n'ont pas passé les examens. Les enseignants d'éducation physique, souffrent du manque de stades et d'espace pour exercer leur métier. La situation des handicapés n'a pas été évoquée. Il a proposé la création d'un office pour la réparation des injustices. Naceur Brahmi (CPR) considère que le programme est à la fois réaliste et ambitieux qui a couvert le plus grand nombre des soucis du peuple. Concernant l'emploi, le programme n'a pas parlé des non diplômés. Concernant les micro-projets, il craint la reproduction des anciens mécanismes. Néjiba Berryoul (Ennahdha) a exprimé le vœux que le Gouvernement n'oublie pas les habitants des zones rurales. Selma Baccar (PDM), critique la pléthore du nombre de ministres. D'où va-t-on financer leur activité : Tarak Dhiab est uns super-star du football qui a déclaré être « nahdhaoui et fier de l'être », quelles sont ses compétences pour assumer les responsabilités d'un ministère ? Pourquoi Rafik Ben Abdesslem, gendre de Rached Ghannouchi, à la tête d'un ministère ? Est-ce qu'Ennahdha qui regorge de compétences, n'a pas un autre candidat pour ce poste, d'autant plus que dans la mémoire collective des Tunisiens, les considérations familiales pèsent encore. Hédi Ben Brahem (Ennahdha), rappelle que nous sommes en présence du premier gouvernement élu après la Révolution. Il doit répondre aux attentes du peuple. Les équilibres régionaux y sont respectés, tout en tenant compte des compétences. Il urge de passer à la discussion de la loi de finances pour qu'elle soit approuvée avant le 31 décembre courant. Abdelbasset Ben Cheikh (Ennahdha), a rappelé que la Tunisie profonde commence à quelques kilomètres de Tunis. A quatre kilomètres, à la Manouba, Sanhaja, Menzel Habib, Tebourba, vivent dans la misère. L'amnistie générale doit être activée. Mme Salha Ben Icha (Ennahdha) a précisé que le gouvernement est composé de compétences. C'est un gouvernement de réforme. Le gouvernement de Béji Caïd Essebsi était formé de 33 ministres. Mme Souad Abderrahim (Ennahdha) a proposé que la déclaration des revenus, aille au-delà des ministres et des secrétaires d'Etat. Il faut qu'elle soit périodique. Elle déplore le nombre peu élevé de femmes dans ce gouvernement. Mehdi Ben Gharbia (PDP), pense que la déclaration du gouvernement est pleine de bonnes intentions. Toutefois, ce n'est pas un programme de gouvernement. Où sont les objectifs ? Comment les financer ? Va-t-on garder le plan jasmin ? Quel schéma de développement ? Mounir Ben Hnya (Ennahdha) félicite les jeunes facbookeurs et appelle à revoir les critères et méthodes de recrutement. Karim Bouebdelli (Parti Libéral Maghrébin), rappelle que Pelé a échoué en politique. La déclaration du gouvernement est pleine de promesses non chiffrées. Le gouvernement manque de technocrates. Tarek Bouaziz (El Aridha) a déploré l'absence de certains membres de gouvernement. Comment accorder sa confiance à des absents ? Concernant les petits projets, il propose de baisser les taux de crédits. Ahmed Brahim (Ettajdid), a affirmé que les grandes intentions ne posent aucun problème. On attend, un programme cohérent et non une simple déclaration d'intentions sans aborder les questions ? Quel est le rôle de l'Etat Quel rôle pour les financements publics ? Comment créer de nouveaux pôles de développement. On a entendu des déclarations de création de 400 000 emplois. Est-ce la position du gouvernement ? Hattab Barakati (PCOT), affirme que la déclaration du gouvernement est pleine de généralités. Il a rappelé la pression du chômage. Quelles sont les nouvelles politiques à mettre en œuvre ? Mme Lobna Jeribi (Ettakatol), a des craintes quand à la place de la société civile puisque la déclaration du gouvernement parle de « Mojtama Ahli. La société civile sera-t-elle un partenaire économique, avec tout ce que cela suppose comme instrumentalisation politique ? Il faut activer la transparence Meya Jeribi (PDP), reconnaît que personne ne dispose d'une baguette magique pour résoudre les problèmes posés. Toutefois, il faut présenter des programmes réalisables ici et maintenant. La déclaration du gouvernement contient beaucoup de messages. Mais les Tunisiens ont besoin de plus. • Quel taux de croissance aurons-nous ? • Quel est le nombre global d'emplois à créer ? On ne peut pas compter beaucoup sur les pays voisins, ni sur l'Europe. Qu'en est-il de la réforme fiscale ? Habib Khedhr (Ennahdha) rappelle que le leg dont hérite le gouvernement est lourd. Rafik Abdesslem est un militant compétent. Il fallait peut être exiger qu'on ne nomme que des célibataires ! Les autres intervenants ont pratiquement évoqué les mêmes problèmes. La pléthore d'intervenants s'explique-t-elle par la transmission en direct à la télévision nationale des débats ? Les débats ont repris l'après-midi. Le vote de confiance, sans surprise, suivra.