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«Il faut un système fiscal vigoureux et accepté par tous» - «L'Utica et la Conect doivent se compléter» - «Pourquoi pas un système par objectifs pour les employés, s'ils produisent plus, ils auront un bonus»
La parole aux chefs d'entreprises - Ali Slama
Publié dans Le Temps le 28 - 12 - 2011

Propos recueillis par Haykel TLILI - Après avoir assisté à la réunion organisée par l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat, au cours de la semaine écoulée, et à laquelle fut invité Moncef Marzouki, Président de la République par intérim, nous avons rencontré Ali Slama, fondateur et Directeur général du Groupe Slama. Interview…
Le Temps : apparemment, le discours du président par intérim ne semble pas trouver un écho très favorable auprès des chefs d'entreprises et des hommes d'affaires présents… !?
- Ali Slama : au contraire. Je pense que si, bien sûr pour certains il n'a pas trouvé un écho favorable puisqu'ils s'attendaient à autre chose. Mais au fait que peut dire un Président nouvellement investi ? Il s'agit de messages forts adressés à l'ensemble de la population tunisienne. Il a brossé un tableau réel de la situation, il a mis tout le monde en garde du moment que nous sommes tous embarqués sur le même bateau et si celui-ci coule, tout le monde coulera.
Je trouve qu'il a adressé un message précis aux deux parties, particulièrement à tous les sit-inneurs, et à ceux qui exigent des demandes salariales excessives, ce qui bloque en d'autres termes l'économie. Un message s'adresse aussi aux hommes d'affaires, leur disant « voilà ce que vous devez faire ». Personnellement je pense, et j'espère, que le gouvernement va réussir à appliquer tout ce que le Président a dit dans son discours, car c'est son rôle (Ndlr le gouvernement). Car il a formulé un discours politique, mais il faut aussi noter que c'est un discours qui contient un engagement personnel de six mois. Dans son discours il a aussi adressé un message pour convaincre, sinon une application stricte de la loi sera de mise. Car l'application de la loi est la problématique dans cette situation. Si quelqu'un veut mener une grève ou autre, il existe des règles et des manières qu'il faut respecter, prévenir ou annoncer ces grèves là, est la moindre des choses. Enfin de compte, j'estime que le discours a été parfait, et il faudrait lui donner la chance, car nous sommes, tel qu'il l'a dit, dans une impasse et si on va gaspiller le temps à en chercher les causes c'est qu'on risque de perdre encore davantage. Ceci n'empêche qu'il existe des cas urgents au sein de certaines entreprises, et où la situation doit être revue et révisée, mais dans le contexte actuel il est difficile de traiter les cas particuliers. Tout à l'heure j'ai assisté à une scène où une femme d'affaires rouspétait, c'est un cas auquel le gouvernement actuel devra trouver des solutions. Mais aujourd'hui il faut voir la situation dans sa globalité, car comme l'a aussi indiqué Moncef Marzouki, les séquelles héritées et leurs résidus n'ont fait qu'aggraver la situation où la pauvreté et la précarité sont criardes plus que jamais. Mais il n'existe pas de baguette magique pour tout changer ou corriger du jour au lendemain.
• Que faut-il donc pour que la situation commence à s'améliorer ?
- Il faut conjuguer les efforts entre tous les acteurs. Les gens ont longtemps patienté, il faudrait peut être qu'ils attendent calmement encore un peu maintenant. Il faut surtout donner le temps au temps pour qu'on commence à bâtir et à travailler. Aujourd'hui l'investisseur étranger s'il ne reçoit pas un signal fort et surtout un retour de la sécurité, il hésitera à venir investir et s'implanter dans nos murs….
Mais le plus fort signal à l'adresse de l'investisseur étranger viendra surtout de l'investisseur local tunisien, ce qui manque encore, et continue encore à faire défaut…
C'est vrai. Et je pense que le discours du président Marzouki a été adressé aussi bien aux investisseurs tunisiens que ceux étrangers, même si on n'a pas enregistré une grande affluence de ces derniers. L'investisseur tunisien a certainement reçu un message rassurant. Il a fait un diagnostic et a prodigué la cure. Personnellement, c'était le discours auquel je m'attendais.
• Que faudrait-il pour que les choses arrivent à bon terme au cours de ces six mois ?
- Il faut tout d'abord que la machine reprenne à fonctionner. C'est vrai que pas mal de chantiers doivent être ouverts par le gouvernement actuel, à leur tête la question de l'administration, ce qui a d'ailleurs été souligné par le Président. Il ne faut pas oublier que notre administration a joué un rôle primordial après le 14 janvier, les citoyens n'ont manqué de rien pendant de longs mois et l'appareil de l'export ne s'est pas complètement arrêté, sans oublier les banques et l'ensemble des autres institutions. Ce n'était pas le rythme habituel, certes, mais actuellement il faut se pencher sur le dossier de la réforme de notre administration. C'est quelque chose dont j'ai parlé à maintes reprises auparavant, il faut doter l'administration des moyens, et nous en tant qu'hommes d'affaires avons besoin d'une administration forte et impartiale. Une administration capable de comprendre nos problèmes et nos doléances. La force de notre administration réside dans la valeur et la compétence des cadres qui la composent. Aujourd'hui il faut éviter que ces compétences soient tentées par le secteur privé. Les chasseurs de têtes proposent aux cadres de notre administration le triple voire plus des salaires qu'ils perçoivent dans le secteur public, c'est une réalité. Comment alors demander à notre administration qui manque de moyens humains et logistiques de perfectionner son travail et de réussir à résoudre l'ensemble de nos problèmes ? L'administration est un élément essentiel pour le développement. Il faut aussi lancer le débat entre l'ensemble des acteurs, tout en se mobilisant contre les entreprises qui ne respectent pas les droits de leurs employés. Le secteur privé doit à son tour retrouver son souffle et repartir avec un nouvel esprit pour travailler encore plus et créer plus de richesses. Le système financier est à son tour appelé à s'aligner avec la nouvelle donne en Tunisie. Il faut aussi revenir sur ce discours de Moncef Marzouki lorsqu'il a évoqué la question de la fiscalité qui doit être équitable et qu'il faudrait appliquer de manière qui ne sanctionne pas les entreprises. Il faut que tout le monde soit sensibilisé afin que l'ensemble des opérateurs honorent leurs engagements fiscaux...
• Dans ce sens, va-t-on s'attendre à un engagement ferme de la part des chefs d'entreprises à payer les impôts ?
Il y a deux choses qu'il faudrait faire. Il faudrait tout d'abord revoir le système fiscal, car en fin du compte comment veut-on avoir un système performant alors que 360000 sont adhérents au régime forfaitaire ? Est-ce que vous pensez qu'une pâtisserie sur l'Avenue Habib Bourguiba doive payer ses impôts selon ce système forfaitaire ? La fuite fiscale se trouve un peu partout, il faudrait donc un régime fiscal qui prenne en considération l'ensemble des conditions et que le citoyen accepte d'y adhérer. Il y a un proverbe qui dit que « les taux tuent les totaux », il nous faut donc des taux acceptables. Je suis certain qu'une révision de notre système fiscal va stimuler la croissance et contribuer à une reprise économique saine. Il nous faut surtout une réconciliation avec le système fiscal, et qu'il faudrait aussi bâtir une confiance mutuelle. C'est un travail de longue haleine, certes, mais il nous épargnera la fraude, le clientélisme et pas mal d'autres maux…Ce n'est pas à vrai dire au bout d'une seule année qu'on réussira à tout corriger, mais nous pouvons entamer cette phase de refonte et reconstruction.
• La CONECT (la nouvelle centrale patronale) a été la première à aller vers le marché libyen, est-ce que vous, au sein de l'Utica, percevez en cela un début de concurrence ?
- Tarek Cherif c'est notre ami. Aujourd'hui, c'est l'ère du pluralisme que ce soit sur le plan des syndicats ou des centrales patronales et c'est légitime. Tant que c'est pour le bien de la Tunisie, il n'y a aucun problème à ce qu'ils aillent les premiers sur le marché libyen.
Ce n'est pas la question de dualité entre Utica et Conect, mais la question réside plutôt en cet avantage que procure le marché libyen sur lequel pas mal d'opérateurs comptent !!
Nous avons tous un unique et ultime objectif, celui de collaborer tous ensemble. Nous avons, en tant que groupe Slama, nos investissements en Libye, notamment une usine à Misrata. Vous voyez donc, nos relations avec la Libye ne datent pas d'aujourd'hui et ne dépendent guère de l'appartenance à une organisation ou une autre. Il y a aussi la Chambre Mixte Tuniso- Libyenne qui s'active et dont les résultats sont assez intéressants. Je dirais qu'avoir la Conect et l'Utica en même temps ne pourrait que renforcer les différents secteurs d'activité et de commerce en Tunisie, c'est un plus. Et actuellement, nous avons besoin de conjuguer nos efforts afin de consolider l'économie tunisienne et de développer notre appareil d'export.
• Justement sur cette question de l'export, comment vous au sein de l'Utica pensez améliorer la productivité ainsi que la valeur ajoutée du produit tunisien, notamment celui destiné à l'export ?
- Le problème se trouve en effet dans la productivité. Les gens doivent être productifs, et là cela devient légitime de demander des augmentations, personne ne pourra contester ces demandes lorsqu'on est productif. Il faut aussi adopter le système par objectifs, si par exemple, un ouvrier produisait 100 pièces dans un temps déterminé, et s'il réussissait à en produire 110 ou 120, ce serait synonyme de bonus au niveau salarial. La productivité est la base, notre problème n'est pas le bas niveau des salaires, car je pense qu'il faudrait bien payer les gens, et leur demander de bien travailler. Beaucoup d'entreprises privées adoptent ce « système par objectifs », et elles sont en train de réaliser des résultats intéressants. L'entrepreneur s'il ne gagne pas de l'argent, il n'arrive pas à embaucher ! C'est toute une chaîne !
• Vous êtes à la tête de l'un des plus importants groupes en Tunisie, ce genre de groupe sur lesquels on compte. Est-ce que vous avez des plans prévoyant de nouveaux investissements dans cette étape cruciale?
- Nous avons réalisé un investissement majeur en 2010, nous avons aussi atteint un investissement assez intéressant en 2009. En 2011, nous sommes honnêtement en position d'attente, et espérons qu'en 2012 les conditions seront propices pour l'investissement.


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