•Elle est lancée par Mohamed Ali Harrath, lui-même le directeur général de la chaîne britannique « Islam Channel » •La chaîne sera probablement baptisée Zitouna et aura pour ligne éditoriale une vision moderne de l'Islam qui se reconnaît à ses valeurs endogènes de modération •Budget : 5 millions de dinars En ces temps d'économie, la coquette somme de cinq millions de dinars réservée, a priori, au lancement de la première chaîne privée islamique en Tunisie, fait grincer des dents de plus d'un. D'abord parce qu'il s'agit d'une chaîne de télévision islamique au pays où le parti de Rached Ghannouchi y est propulsé au devant de la scène politique. Et surtout parce que de sourdes convergences opposent aujourd'hui la frange la plus islamophobe et les tenants d'un Islam rétrograde dans une Tunisie postrévolutionnaire. Que vient chercher, dans ce cas, Mohamed Ali Harrath qui s'active actuellement à lancer sa chaîne de télévision dans une Tunisie, qui par ces temps qui courent, n'a pu jusque-là, résorber ses plaies de l'après Révolution et où des attitudes excessives entourent des débats passionnés sur l'Islam ? Qui est cet homme décidé, vraisemblablement, à s'engager dans une guerre contre des moulins à vents ? Mohamed Ali Harrath est un citoyen britannique dont le nom sonne comme aucun autre au Royaume Uni et dans les milieux anglophones. Il a été classé quelques années auparavant parmi les 100 personnes les plus influentes en Angleterre par un magazine anglo-saxon de renom. Il est, excusez le peu, le président d'un groupe de médias éthiques EMG, membre du bureau exécutif de Salam world, le premier réseau socialisant du genre Facebook destiné aux Musulmans qui verra le jour sous peu, le président de la fondation ‘'Global Peace and unity'' qui organise une conférence devenue au fil des ans la Mecque des hommes et des femmes toutes appartenances religieuses et idéologiques confondues visant à instaurer des liants coupant court avec ce qu'on est allé appeler le choc des cultures . Il est également membre de l'Association ‘'Stop the War coalition'' qui draine des personnalités internationales faisant fi des guerres et de leurs séquelles. Mohamed Ali Harrath alias Mohamed Ali qui pendant 20 ans s'est forgé l'image d'un homme œuvrant pour la paix est aussi un ancien ‘'wanted'' d'Interpole qui en a bavé des courses poursuites haletantes d'un Mossad et de son « meilleur allié », un Ben Ali sans foi ni loi. Mohamed Ali en est sorti indemne après le 14 janvier 2011 qui l'a réconcilié avec sa tunisiannité longtemps brimée par un despote et ses subalternes influents. ‘'Zeitouna'', la version tunisienne d'''Islam Channel'' Mohamed Ali Harrath est par dessus tout un Tunisien. Il est un des nôtres qui a dans les veines un pur sang arabe qui coule et qui garde intact ce sentiment de fierté d'appartenir au pays de la si prestigieuse Zeitouna. Né à Sidi Bouzid, l'enfant du pays se dit fier d'être originaire de la ville qui a allumé la mèche de la Révolution tunisienne, celle du « peuple qui veut ». Bon chic bon genre, il est bien à l'aise dans l'image qu'il veut donner de lui-même, celle d'un musulman moderne, la tête bien sur les épaules. Bardé de diplômes, il cumule entre autres deux masters en langues appliquées et en sciences politiques. En 2004 il fonde « Islam Channel » qui réussit à fidéliser 2 millions de téléspectateurs en Angleterre où 800 chaînes de télévision se livrent à une rude concurrence. « La voix des sans voix et celle des opprimés » : est le slogan de la chaîne qui diffuse sa programmation à travers huit réseaux satellitaires dans plusieurs contrées du monde dont le Niger où elle rafle quelque 40 millions de téléspectateurs. Le promoteur de la chaîne de télévision londonienne s'active aujourd'hui pour lancer une version tunisienne de la chaîne, au fil de ses allers et retours entre Londres et Tunis. Jusque-là on apprend que la chaîne dont les studios seront installés du côté du quartier Al Mourouj, emploiera pas moins de 100 Tunisiens et sera probablement baptisée ‘'Zeitouna''. « Une chaîne de télévision à vocation islamique ne signifie pas forcément que les animateurs soient des Oulamas et des Cheikhs » avance Mohamed Ali Harrath qui laisse entendre que le contenu de sa chaîne de télévision ne sera pas cantonné aux seuls discours rébarbatifs et assommants de quelques exégètes mais que les portes seront ouvertes à des compétences parmi les journalistes reporters et spécialistes de la chose religieuse. Le but étant de faire la promotion d'un islam qui se reconnaît d'abord à ses valeurs endogènes de modération et qui se définit comme le compromis le plus actuel avec la modernité à laquelle il a toujours aspiré. C'est aussi un contenu destiné à toutes les franges de la société tunisienne toutes catégories d'âges et sociales confondues, qui veulent en découdre avec des programmes d'une banalité affligeante qu'on regarde souvent sur des chaînes de télévision généralistes. Wait and see.