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Partis et société civile
Publié dans Le Temps le 14 - 01 - 2012

Néziha Rejiba, alias Om Zied (journaliste opposante à Ben Ali et membre du CPR) : «Des avancées remarquables, mais tout n'est pas rose»
Le plus grand acquis de la révolution est incontestablement le départ de Ben Ali et de la mafia qui l'entourait. L'autre motif de satisfaction concerne la fin de la peur légendaire qui caractérisait naguère le Tunisien. Des avancées remarquables ont été aussi enregistrées dans le domaine des libertés publiques. Le gouvernement ne réprime plus les journalistes et la Tunisie est devenue championne mondiale en termes de nombre de partis politiques et d'associations. Le pays a, par ailleurs, connu des élections plus ou moins correctes, ce qui constitue une première dans le monde arabe.
Toutefois, tout n'est pas rose. Sur le plan économique, rien n'a pratiquement changé. Et c'est là que le bât blesse. L'histoire montre que plusieurs révolutions ont été avortées en raison de la détérioration de la situation économique.
L'Etat de droit et des institutions tarde aussi à se mettre en place. Sans verser dans le pessimisme, je constate qu'un autre parti est en train de quadriller le pays et de noyauter l'administration, les corps sécuritaires et les médias.
Les récentes nominations à la tête des médias publics montrent, d'autre part, que le gouvernement cherche à museler les médias qui commencent à peine à découvrir la liberté d'expression.
La Tunisie ne semble pas, par ailleurs, maîtresse de son destin. D'autant plus que le gouvernement a tendance à se plier aux diktats de certains pays du Golfe ou des Etats-Unis.
Malgré tous ces indices qui n'augurent rien de bon, je reste optimiste. Cette révolution ne peut pas être récupérée par un seul parti d'autant qu'elle appartient à l'ensemble du peuple tunisien. Et ce peuple qui a brisé le mur de la peur saura protéger sa révolution.
W.K

Hamma Hammami (secrétaire général du Parti Communiste ouvrier de Tunisie) : «La révolution est encore à mi-parcours»
Le peuple tunisien a réussi à faire plier un régime policier, à reprendre sa liberté et à imposer le principe de l'élection d'une Assemblée constituante chargée de jeter les fondements de la deuxième République. C'est là un grand pas. Mais la révolution est encore à mi-parcours. Les libertés arrachées au prix fort ne sont pas encore institutionnalisées et la démocratie reste à construire.
Sur le plan économique et social, le peuple ressent une grande frustration. Ses aspirations tardent à se concrétiser. La troïka n'a pas encore donné des signes rassurants. Bien au contraire, beaucoup d'indices poussent au pessimisme et laissent croire que la confiscation de la révolution est très probable. Les propos rassurants ont été jusqu'ici adressés aux détenteurs des capitaux locaux et étrangers. Le peuple a été, quant à lui, appelé à serrer la ceinture et à faire davantage de sacrifices malgré la détérioration de son pouvoir d'achat et l'explosion du chômage.
Sur le plan politique, la loi portant organisation des pouvoirs publics qu'on appelle également « petite Constitution» laisse croire que la « grande Constitution » ne sera pas démocratique.
Le parti islamiste Ennahdha a aussi commencé son travail de sape à harceler les médias, ce qui constitue une grande menace pour la liberté d'expression.
L'apparition de milices proches d'Ennahdha s'employant à faire taire les voix discordantes et terrifier les adversaires politique du parti représente, quant à elle, une menace pour l'ensemble du processus de transition démocratique.
Au niveau de la politique étrangère tunisienne, on remarque l'attachement d'Ennahdha à porter l'émir du Qatar au pinacle. C'est pourquoi, nous appelons le peuple à être plus vigilant, et à défendre sa révolution.
Contrairement à ce que vient d'annoncer Rached Ghannouchi, cette révolution est l'œuvre du peuple tunisien et non pas celle des islamistes. Tout au long des protestations qui ont conduit à la fuite de Ben Ali, nous n'avons entendu aucun slogan islamiste. Les membres d'Ennahdha n'ont pas été également visibles dans les rangs des manifestants qui ont bravé courageusement la terrifiante machine de répression de l'ancien régime.
W.K

Abdessattar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme : «Si l'Etat n'assume pas ses responsabilités, la situation actuelle va empirer»
«L'Etat doit assumer ses responsabilités autrement la situation dans laquelle nous sommes va empirer. J'ai été dernièrement à Sejnane et ce n'est qu'un exemple qui montre que la question sécuritaire n'est pas encore au beau fixe. Il faut dire qu'il n'est pas question de l'instauration d'un califat mais il est une minorité qui veut faire la loi. Les groupes qu'on appelle “Amr bil maarouf Nahy ala monkar'' veulent faire la loi alors que l'Etat en est le garant. Ces gens partent en patrouilles tous les soirs pour traquer ceux qui n'observent pas un comportement décent. Ils utilisent un ancien siège de la CNSS délaissé et délabré comme un lieu où ils prononcent leur verdict. Mais c'est complètement aberrant. Le problème est celui de la sécurité qui est quasiment absente. Ce phénomène dérange énormément car il y va des libertés individuelles des uns et des autres.
Les autorités nous ont parlé d'un sit-in au siège de la délégation. On y était. Avez-vous jamais vu un sit-in de salafistes au siège de la délégation ? On passe. On a voulu faire comprendre à l'opinion publique que le problème est uniquement un problème de chômage. Par ailleurs il en est un. Car dans cette région riche en ressources naturelles, on enregistre 54% de taux de chômage et 80% de la population est pauvre.
Nos problèmes actuels reviennent au développement régional que l'Etat doit traiter sérieusement car les régions longtemps mises entre parenthèses réclament aujourd'hui leur droit à une vie digne et libre également. »
M.B.G.

Ajmi Lourimi, membre du bureau politique d'Ennahdha : «Consensus établi, mais pas encore suffisant»
«Nous vivons une période transitoire pour mettre les bases d'une expérience démocratique qui est loin d'être une sinécure. Nous avons commencé par l'organisation d'élections transparentes, libres et démocratiques. Il faut continuer sur cette même lancée car on est encore au début. Je crois que le consensus est déjà établi entre les différents acteurs politiques. Mais ce n'est pas suffisant. Le but étant de fonder un échiquier politique avec de grands partis politiques. La grandeur se mesure par la grandeur des idées et des projets et non pas au niveau de l'effectif ou des moyens dont on dispose. Nous avons besoin d'une véritable pluralité politique et d'instaurer le principe de la succession pacifique au pouvoir. Cela dit nous avons besoin d'une opposition responsable qui suit et contrôle la vie politique tout en présentant des projets alternatifs. On doit comprendre que l'opposition n'est pas un crime. Le citoyen doit être rassuré par ailleurs en montrant que l'Etat est responsable et qu'il veille à sa sécurité et à ce que nos principes nationaux soient respectés. Quant à ce que vous appelez la tournure que prennent certaines manifestations je peux vous dire que le Cheikh Rached lui-même n'a pas apprécié de voir se produire des contre-manifs. Selon lui les citoyens ont le droit de manifester leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement et de le critiquer comme bon leur semble sans qu'ils soient intimidés.
Pour ce qui est de l'instauration du Califat à Sejnane, il n'en est aucunement le cas. Ce n'est pas un problème de salafistes encore moins de wahabistes. C'est un groupe de jeunes en chômage qui observent un sit-in au bureau même du délégué. Il y eut peut être un accrochage entre un vendeur de produits alcoolisés et des jeunes conservateurs. Nous refusons l'instauration d'un Etat dans l'Etat. Personne n'est au-dessus de la loi et personne n'est sous la tutelle d'un autre. Pour le Niqab je peux vous dire que la question a revêtu une grande ampleur alors qu'il s'agissait d'une question qui opposait l'administration à deux étudiantes mounaqabett sur les 5000 étudiants inscrits à la faculté. Les deux étudiantes ont été soutenues par des jeunes salafistes et se sont livrées à un bras de fer avec le doyen qui est du pôle. Le problème est devenu politique. Nous ne défendons pas un modèle social qui encourage au port du Niqab car ce dernier n'est pas une prescription islamique mais il fait partie des libertés individuelles des uns et des autres qui peuvent s'habiller comme bon leur semble. Ces jeunes dames ont le droit d'étudier mais elles doivent révéler leur identité quand on la leur demande. Il s'agit de règlement administratif à respecter.»
M.B.G.

Mondher Cherni, secrétaire général de l'Organisation de Lutte contre la Torture : «La torture existe toujours; même après la Révolution»
La Révolution tunisienne a été basée sur deux principes : la liberté et la dignité. Elle a en fait, permis de réaliser des élections qui ont donné lieu au Conseil National de la Constituante et au gouvernement. Mais, il faut dire qu'un an après, le peuple n'arrive pas à décrypter et à comprendre convenablement le paysage politique.
Par ailleurs, aucune évolution n'a été enregistrée dans le domaine de l'économie ou celui social. Au contraire, les chiffres et les statistiques restent inquiétants à ce sujet : hausse des prix, augmentation du taux de chômage et de la pauvreté. Ces problèmes sont plus palpables dans les régions où, l'on enregistre une régression au niveau des services socio-économiques ainsi qu'une évolution de la pauvreté et du chômage. Nous n'avons d'ailleurs, remarqué aucun changement en termes de travail dans les chantiers. C'est une atteinte à la dignité alors que le droit au travail était parmi les principales demandes exprimées lors de la Révolution.
Autre volet où nous n'avons enregistré aucun progrès, la situation de la femme dans les régions. Les veuves et les divorcées vivent dans des conditions sociales précaires. Mais elles restent tout de même dignes et font face aux dépassements enregistrés par l'armée à Thala lors de l'arrestation de leur progéniture suite aux événements survenus le 23 novembre.
Quant aux réformes tant attendues par les citoyens et qui doivent être introduites dans l'administration, la police, les médias… elles tardent à venir. Les dernières nominations et les déclarations ne vont pas avec l'esprit de la Révolution. Ce n'est pas tout, nous avons enregistré la poursuite des agressions, des violations et de la torture. Le rapport publié par l'Organisation de Lutte contre la Torture intitulé « La torture s'est poursuivie après la Révolution » donne une idée sur ces pratiques jusqu'au mois de septembre 2011. Autre constat soulevé, est qu'aucune réforme n'a été introduite au niveau du système de la police et des lois qui protègent les citoyens. Tous les gouvernements ont adopté les mêmes pratiques que celles exercées par l'ancien régime. Ils ont d'ailleurs, refusé d'examiner les dossiers relatifs à la violation des droits de l'Homme.
Par ailleurs, le gouvernement doit être conscient que les orientations économiques et sociales seront les grands défis à relever. Il est impossible d'instaurer la démocratie sans une répartition équitable des richesses et sans équité sociale et que toutes les réformes échoueront avec la régression des services sociaux et l'augmentation du taux de chômage et de la pauvreté. Le président de la République a demandé au peuple un armistice. Le peuple le demande également. Il faut arrêter la hausse des prix tout en introduisant des réformes sur les impôts. Les riches doivent assumer leur rôle pour instaurer ainsi l'équité sociale.
Toujours dans le même cadre, l'Etat ne doit pas se désengager totalement des investissements. Au contraire il doit investir davantage tout en consolidant les secteurs stratégiques sur lesquels se base l'économie nationale. Une politique économique qui se base sur la privatisation ou les investissements étrangers ne peut pas résoudre les problèmes qui se posent dans le pays. Au contraire, elle est fragile car elle dépend de l'étranger. Je lance ainsi un appel pour préserver les secteurs stratégiques de notre économie tout en limitant la privatisation des secteurs vitaux : l'éducation, la santé, l'électricité…
M.M

Abderrahmane Hédhili, président du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux : «Au niveau socio-économiques les grands dossiers n'ont pas été traités sérieusement»
Un an après la Révolution, aucun progrès n'a été réalisé au niveau socio-économique qui était d'ailleurs, la dynamo de cette Révolution. Les grands dossiers n'ont pas été examinés sérieusement par les gouvernements qui se sont succédé. Ils ne lancent pas toujours un vrai débat à propos des grandes questions ayant trait aux jeunes émigrés en Italie, aux disparus et ceux qui sont arrêtés dans les centres de détention à Lampedusa. Idem pour les conditions du travail des jeunes dans les chantiers. Aucun débat n'a été entamé sur le mécanisme 16 et les problèmes qui se posent dans le bassin minier. Nous n'avons enregistré aucune négociation de qualité à propos de ces problèmes. Nous sommes conscients qu'il n'existe pas de solutions immédiates pour ces dossiers épineux. Toutefois, il est primordial d'engager un vrai débat avec les concernés (familles des disparus, les chômeurs…). Cette attitude ne fait que prolonger la crise et laisse la porte ouverte aux protestations et aux sit-in. Il ne faut pas dès lors, reprocher aux gens ces attitudes, car ils ont en assez des promesses données dans l'absolu. C'est le moment pour négocier sérieusement avec les divers concernés.


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