Il est devenu l'une des figures de la contestation marocaine. Après quatre mois de détention préventive, le rappeur Mouad Belghouat, fervent contestataire du régime, a finalement été libéré à Casablanca. Pour ses défenseurs c'est une victoire. Connu pour ses chansons virulentes contre le pouvoir royal, il était accusé d'agression. Ce sont d'abord des mains qui se lèvent et font le signe de la victoire et puis une clameur retentit dans la salle bondée. Le juge vient d'annoncer la libération de Mouad Belghouat. Soumia, tee-shirt jaune à l'effigie du rappeur a du mal à y croire : « Il sera libre. On va le voir. Pour moi, c'est mon porte-parole, finalement. Il parle de mes droits, de la dignité, de la démocratie… ». Libre mais coupable. Le coupable a été condamné à quatre mois de prison pour coups et blessures, exactement la période qu'il vient de passer derrière les barreaux. Mariam, membre du comité de soutien dénonce cette victoire en demi-teinte. Les avocats vont faire appel. « Non, qu'il soit libre c'est important mais qu'il soit innocenté, c'est le plus important. On ne peut pas accepter cela, on continuera ». « Et tu n'es pas seul », scande la centaine de militants venus soutenir leur héros du jour, devant la prison. Ils réclament la libération immédiate du jeune rappeur. Mouad apparaît enfin, les cris de joie fusent. Son frère l'embarque sur ses épaules. Chacun veut toucher celui qui dénonce sans peur la corruption et les erreurs du roi. Le rappeur n'a rien perdu de sa verve : « Je vais continuer à faire du rap, je suis engagé pour le peuple, et pour me faire l'écho de ses problèmes. Il y a un nouveau gouvernement, mais ils n'ont pas encore jugé ceux qui ont volé dans l'ancien. Il faut changer tout cela, on ne lâchera pas ». (RFI)