Avant-hier soir, des représentants des médias étaient invités à dîner au Palais de Carthage avec M. Moncef Marzouki Président de la République. Dîner informel, mais empreint de convivialité animé par une discussion franche, éthique et, même, dialectique autour de la situation des médias actuellement et le panorama médiatique d'une façon générale. Moncef Marzouki voulait surtout nous écouter et tester un terrain qui, paraît-il, reste encore « complexe », sinon « insondable » aux yeux du pouvoir en place. Naturellement, les points de vue ne concordaient pas nécessairement parce que la personnification – démon récurrent dans notre métier – représentait une espèce de fixisme, alors que les problèmes sont d'ordre structurel. Il est évident que le Président de la République n'a pas été tendre envers les médias dans une intervention publique datant de quelques jours. Et croyant bien le lui rendre, des médias ont riposté. Dans les deux cas, néanmoins, nous considérons que cela reste un combat suranné, dépassé, si ce n'est carrément un combat d'arrière-garde. La dialectique ancienne presse / nouvelle presse, s'inscrit dans l'ordre normal des choses. Le conflit Pouvoir/Presse, lui, est une réalité, une récurrence même parce qu'il a toujours existé et bien sûr avec des pesanteurs inégales. Ceux qui fustigent les médias aujourd'hui, à coups de diabolisation et de chasse aux sorcières restent cloîtrés dans une vision étriquée des réalités et des besoins nouveaux de la presse tunisienne qui cherche à s'affranchir, (pourquoi pas à se racheter pour certains cas gérables), mais qui cherche aussi à revenir aux normes basiques, la sacralité de l'information, la relativité – et donc la liberté- du commentaire. Sur ce point précis, le Président de la République plaça une fléchette humoristique : « maintenant c'est l'inverse qui se produit » dit-il. Et même si Moncef Marzouki juge que les divergences sont tenaces, l'initiative du dialogue direct et informel autour de ce sympathique dîner dans un Palais de Carthage où trônait le portrait de Bourguiba, marque, nous l'espérons, l'enclenchement d'un nouveau processus de dialogue autour des médias et d'abord sur le plan structurel. Parce que là où cela charriait un peu de subjectivité c'est que nous avons eu l'impression qu'il n'y avait que pour la presse publique (pour ne pas dire étatique) alors que la presse privée et surtout la presse indépendante (comme DAR ASSABAH) ont leurs besoins pressants eux aussi et un besoin inévitable de repositionnement. On a aussi parlé d'argent sale qui tourne dans les rouages actuels des médias, mais cela c'est de la pure fantasmagorie.