La galerie Bel Art propose jusqu'au 6 février une exposition de groupe regroupant six peintres et un sculpteur. De démarches et de styles différents, les artistes n'ont aucune parenté, ce qui donne l'occasion aux visiteurs de trouver le fil qui relie les œuvres entre elles. On souhaite que cette sélection ne soit pas simplement le fruit du hasard et que bien au contraire le résultat d'une mûre réflexion. Revisiter les premières œuvres de Abdelmajid Bekri datant des années 60 est une bonne initiative. Les œuvres de jeunesse permettent de comprendre le cheminement effectué par l'artiste. Encre et techniques mixtes pour donner une texture à des thématiques tournant autour du regard, des souvenirs et de la souffrance. La poésie est de la partie. Elle rappelle les premiers émois de jeunesse et l'élan romantique de Bekri. Abdelmajid Ben Massoud propose cinq tableaux figuratifs portant sur des sujets divers qui passent de la musicienne aux mouvements de liberté. Espace, lumière, mouvement et couleurs sont distillés avec délicatesse laissant transparaître la maîtrise du peintre qui opte pour une approche romantique. Pour sa part, Ali Zneidi retrace à travers ses cinq huiles sur toiles les péripéties de la révolution à laquelle il consacre un hymne, un hommage au tisserand de Gafsa à qui il emprunte certains motifs de tapis. Ali Zneidi manipule avec dextérité les différentes techniques picturales et se plait à entretenir l'ambiguïté entre figuration et abstraction. Plus loin, Nadia Ben Ayed nous invite à une fête de couleurs, des giclées de couleurs brutes « driping » qu'elle pose couche sur couche jusqu'à en faire un mur illustrant les phantasmes enfouis de l'artiste et sa capacité à parcourir la toile dans une gestuelle ample et démesurée. Habib Bouhaouel quitte pour l'heure le dessin de presse et se lance dans la peinture. Cinq tableaux : trois huiles et deux acryliques sur papier pour des compositions représentant la médina et plus particulièrement Halfaouine qu'il connait bien pour y avoir vécu, une cavalcade, une caravane, le tout illuminé par des couleurs claires laissant apparaitre la lumière chaude de la Tunisie. Mohamed Zouari propose un univers surréaliste. Trois figurations réalisées à partir de techniques mixtes : verre, découpage, géométrie alignées sur des sujets humains ou animaliers que le peintre juxtapose ou mélange pour le bonheur des amateurs de ce genre. Parent pauvre des galeries, la sculpture s'impose grâce aux œuvres de Mohsen Jelliti. Quatre œuvres en fer et soudure représentant entre autres une méduse, des portraits défigurés, des membres en lambeaux rappelant un monde glauque où errent des ombres, des êtres et des mémoires. L'inquiétude en partage dans cette exposition où il y a à boire et à manger.