Cette expression de Victor Hugo s'applique tout à fait à cette situation où Saïda Agrébi, qui pour se justifier, ne fait qu'enfoncer le clou, ou plutôt s'enfoncer. En effet, et en attendant de comparaître devant la Justice française qui se prononcera sur son extradition, Saïda Agrébi, clame haut et fort son innocence, au cours d 'une interview qu'elle a accordée hier à Express FM. Bien plus, elle a déclaré que « Ben Ali n'a fait que du bien à la Tunisie ». Il y a là quelque chose qui ne va pas. Ou la Révolution n'avait pas lieu d'être, ou alors cette Révolution était la conséquence des actes bénéfiques de Ben Ali. Car si l'on s'en tient à la déclaration de cette bonne dame au bagout inimitable, Ben Ali était un chef d'Etat modèle qui avait agi uniquement pour le bien de la Tunisie. Et la corruption et les malversations qui ont sévi durant les 23 ans où il a été à la tête du pouvoir, qui en était responsable ? Ah, il a été induit en erreur comme il l'a prétendu la veille de sa fuite. Au moins, c'est une femme de principe qui soutient ses amis, inconditionnellement. D'ailleurs le Hadith du Prophète Mohamed, où il est énoncé : « Soutiens ton frère, qu'il ait tort ou raison », est souvent interprété à la manière de Saïda Agrébi. Seulement ceux qui procèdent de la sorte oublient le reste du Hadith. En effet, les compagnons de Mohamed, étonnés, lui, ont demandé : « O Messager d'Allah, on comprend bien qu'il faut soutenir son prochain à raison ; mais on ne voit pas comment le, soutenir quand il a tort ? » Et le Prophète de répondre : « en l'incitant à réintégrer le droit chemin ».il ne s'agit pas de soutenir aveuglément quelqu'un parce qu'on l'aime. Ce n'est pas équitable, car c'est de nature à occulter la vérité. Saïda Agrébi a ajouté par ailleurs qu'elle ne voit pas l'opportunité de la dissolution du RCD. C'est un avis qui n'engage qu'elle-même. Cependant cette dissolution a été prononcée par décision judiciaire faisant l'objet de la force de la chose jugée. En tout état de cause cette réflexion à, propos du RCD, n'est pas de nature à la disculper. Au fait, de quoi est-elle accusée au juste ? Eh bien de moult malversations ayant causé un préjudice certain à l'Association des Mères Tunisiennes dont elle était la présidente. Il y avait à son départ un énorme trou de 10 mille dinars, dans la caisse de cette association, sans compter d'autres dépenses injustifiées. A cela Saïda Agrébi répond que cette accusation n'est pas fondée et que la veille de son départ elle, avait retiré de l'argent pour honorer des factures et surtout les salaires de ceux qui travaillent au sein de ladite association. Elle ajoute que cette accusation est à la base d'un règlement de compte, dont la principale protagoniste est l'aide comptable de l'association, le mari avocat de celle-ci y aidant. A la bonne heure ! si ces prétentions sont fondées pourquoi cette bonne dame veut-elle se perdre dans les tergiversations, et attendre la décision de la juridiction française, concernant son extradition ? Elle aurait du promptement décider de retourner au bercail pour démontrer son innocence. A vrai dire, et selon ses déclarations à Express FM, elle a pensé à le faire,étant convaincue de son innocence. Elle craint cependant, ditú-elle, de ne pas pouvoir bénéficier de toutes les garanties à préserver son intégrité physique et morale. Son avocat reste quant à lui sceptique quant à la garantie d'un procès équitable pour sa cliente, étant donné dit-il qu'il n'y a pas de Justice indépendante. Tout cela reste à vérifier et à prouver. En attendant Saïda Agrébi est entre le marteau et l'enclume. Elle se dit décidée à rentrer pour prouver son innocence, mais elle se ravise tout de suite après pour dire qu'elle a des réticences, à cause de l'instrumentalisation qui est faite de son affaire. Un bouc émissaire ? Même pas, puisqu'elle déclare que Ben Ali a été l'homme providentiel pour la Tunisie. On comprend donc sa réticence à rentrer au pays : l'homme qui « n'a fait que du bien pour la Tunisie » et qui l'a utilisée à satiété, pour louer ses actes «bienfaisants » et surtout dissimuler ses malversations et celles des siens, n'est plus là pour la protéger.