Le front regroupe cinq partis d'extrême gauche et d'obédience nation liste arabe: le PCOT, le Parti Populaire pour la Liberté et le Progrès, le Parti du Militantisme Progressiste, le Mouvement Baâth et le Mouvement des patriotes démocrates Les alliances entre les partis progressistes, encore désarçonnés par leur cuisante défaite aux élections de l'Assemblée Constituante, se suivent mais ne se ressemblent pas. Alors que le Parti démocrate progressiste (PDP), le Parti Républicain, Afek Tounes, Ettajdid, le Parti du Travail Tunisien et les indépendants du Pôle Démocratique Moderniste ont choisi de s'engager dans un processus de fusion pure et simple, cinq autres partis d'extrême gauche ou d'obédience nationaliste arabe ont annoncé, dimanche, la constitution d'un front dont l'espoir de peser plus lourd face au parti islamiste Ennahda lors des prochaines élections. Annoncé au cours d'un grand meeting tenu à la Bourse de travail de Tunis, cette nouvelle coalition d'opposition regroupe le Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie (PCOT), le Parti Populaire pour la Liberté et le Progrès (PPLP), le Parti du Militantisme Progressiste (PMP) , le Mouvement Baâth et le Mouvement des Patriotes Démocrates (MOPAD) de Jamel Ben Lazher, une formation née d'une scission du parti d'extrême gauche éponyme dirigé par Chokri Belaïd. Baptisé « le front populaire du 14 janvier », cette nouvelle alliance, dont les composantes qui ne disposent réunis que de cinq sièges à l'Assemblée nationale constituante, ambitionne d'opposer une concurrence plus soutenue au mouvement islamiste Ennahdha lors des élections. Les participants au meeting marqué par la présence de certaines personnalités de la société civile, dont la veuve du militant nationaliste Salah Ben Youssef et les anciens secrétaires généraux adjoints de l'Union Générale Tunisienne du Travail Abdelmajid Sahraoui et Moncef Yaâkoubi, ont estimé que l'objectif du nouveau front est de remettre le train de la révolution sur les rails. « Jusque-là, la majorité des objectifs de la révolution de la liberté et de la dignité ne se sont pas réalisés. Compte tenu de cette situation, les forces révolutionnaires sont plus que jamais appelées à continuer la lutte pour parachever la réalisation des objectifs de la révolution et barrer la route à ceux qui tentent de confisquer la révolution du peuple », a affirmé Jalloul Azzouna, secrétaire général du PPLP et porte-parole du front. Programme économique et social Les membres du front ont également estimé que la situation actuelle politique en Tunisie n'est plus en harmonie avec le processus révolutionnaire initié par le peuple. Ils ont aussi exprimé leurs appréhensions quant à l'avenir du pays, pointant notamment du doigt le « laxisme du gouvernement en ce qui concerne le jugement des corrompus, la réforme de la justice et l'assainissement de l'appareil sécuritaire». Les participants au meeting ont, par ailleurs, dénoncé « l'encouragement de la violence exercée par des groupes religieux » et « l'inféodation à certains régimes arabes ». Le coordinateur général du MOPAD, Jamel Ben Lazher, a noté, dans ce cadre, que le gouvernement se concentre sur des sujets marginaux pour faire diversion. «Les vrais problèmes des Tunisiens ne sont pas le hijab ou le niqab mais la pauvreté, le chômage et le déséquilibre régional », a-t-il indiqué, estimant que le peuple doit reprendre son destin en main. Le secrétaire général du PCOT Hamma Hammami a précisé, quant à lui, que la nouvelle coalition d'opposition se pose comme « une vraie alternative à l'actuelle troïka au pouvoir, avec à la clef u n programme économique et social qui défend les intérêts des couches pauvres et moyennes de la société » ( voir encadré) A noter qu'un haut comité de coordination et des comités de coordination régionaux ont été mis en place en vue de veiller sur l'organisation des structures régionales et le contact avec les citoyens. Walid KHEFIFI
Le programme du “Front populaire du 14 janvier”, en bref -Le jugement de tous ceux qui sont coupables de vol des deniers du peuple, de ceux qui ont commis des crimes à son encontre comme la répression, l'emprisonnement, la torture et l'humiliation et enfin de tous ceux qui sont coupables de corruption et de détournement de biens publics. -L'expropriation des membres l'ancienne famille régnante et de leurs proches et associés et de tous les fonctionnaires qui ont utilisé leur position pour s'enrichir aux dépens du peuple. -La création d'emplois pour les chômeurs et l'octroi d'une indemnité de chômage -L'amélioration du pouvoir d'achat des salariés et le gel des prix des produits de base -La réhabilitation du rôle interventionniste de l'Etat afin de protéger le citoyen contre la flambée des prix ainsi que pour la régulation du marché des produits de base et la lutte contre la spéculation. -Le lancement de négociations avec les bailleurs de fonds internationaux en vue de suspendre le paiement de la dette extérieure pendant quelques années. -La création d'un fonds spécial dédié à l'investissement dans les régions défavorisées et le lancement de projets d'infrastructure dans les régions intérieures -La construction d'une économie nationale au service du peuple, la re-nationalisation des secteurs stratégiques qui ont été privatisés et la formulation d'une politique économique et sociale qui rompt avec l'approche libérale capitaliste.