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Quelle perception de la sexualité par les salafistes?
Dossier
Publié dans Le Temps le 21 - 03 - 2012

L'information est passée inaperçue, alors qu'elle pourrait bientôt se dérouler chez nous si les choses continuent à aller dans le sens des salafistes : depuis le début de cette année, au moins quatorze jeunes Irakiens ont été lapidés pour leur tenue vestimentaire jugée « déviante ».
Ces faits divers dramatiques et les déclarations contradictoires de hauts responsables du gouvernement nous ont amenés à poser une question inattendue, car incongrue : quelle sexualité prônent les salafistes, si présents dans l'actualité depuis quelques semaines ? Quel avenir pour la femme tunisienne face à tant de provocations ? Quelle vie pour les enfants issus de ces mariages sans sécurité, puisque plus faciles à défaire qu'à faire ?
Un dossier chaud, dans tous les sens du mot !

Selon l'agence Reuters, « au moins quatorze jeunes Irakiens auraient été lapidés dans les quartiers pauvres chiites de Bagdad au cours des trois dernières semaines. On leur reproche d'arborer un style “emo”, du mot anglais emotional : cheveux colorés et coupe punk, tenue mêlant genre gothique et accessoires fluo, et ils sont souvent fans de musique alternative ».
Si l'on suit cette logique, nos jeunes qui ne s'habillent pas en « jellaba » et nos filles qui portent un piercing sont des hérétiques qui seront lapidés en public dès que la Chariâ s'appliquera sous nos latitudes… Ce n'est pas de la science fiction, c'est une réalité très proche, surtout après la légalisation de ces milices qui vont dorénavant agir comme une police des mœurs autoproclamée et liberticides.
Mais revenons aux origines de cette affaire : le parti Ennahda a gagné les élections grâce à des slogans qui se révèlent vides de contenu depuis qu'il est aux commandes. Il fait en tout cas preuve d'une grande indulgence et même de bienveillance à l'égard des salafistes, quelle que soit leur action et leur provocation, comme ces mariages « Orfi » dans les universités tunisiennes, notamment à la Manouba.
De nombreuses étudiantes tunisiennes portant le Niqab sont invitées par de jeunes salafistes à avoir des relations sexuelles « Halal », puisque obéissant à une forme de contrat de mariage traditionnel finalisé devant deux témoins, eux-mêmes intégristes, croyant ainsi légitimer cette union devant Dieu. Or ce que ces jeunes confondent le mariage « Orfi » et le mariage non écrit, pratiqué en des temps lointains dans nos campagnes isolées et dans les montagnes difficiles d'accès.
Un juriste nous a affirmé que « le mariage coutumier n'est pas une vieille pratique dans la société tunisienne. C'est le mariage non écrit qui était courant et c'était souvent pour des empêchements d'ordre pratique, notamment la difficulté voire l'impossibilité de trouver un notaire dans les coins reculés du pays. »
Ces salafistes confondent donc plusieurs notions pour aboutir à une relation sexuelle « Halal », quand ils ne jouent sur l'ignorance de leurs victimes pour obtenir un mariage souvent temporaire. Certains évoquent « Zawaj El Motaâ » (mariage pour le plaisir), autorisé par les Chiites, mais rigoureusement rejeté par les Sunnites, car il peut devenir une forme banalisée de prostitution. Pour certains, les femmes tunisiennes se retrouvent ainsi coincées entre le mariage « Orfi » illégal et la crainte de devenir de vieilles filles.
Selon une spécialiste du droit musulman, « le mariage temporaire est pratiqué en Iran où les relations sexuelles sont interdites avant le mariage. On y pratique donc le « sigheh » où l'accord d'un dignitaire religieux suffit au couple pour s'unir en toute légalité. La durée de ce type d'union peut aller d'une heure à 99 ans ! Il s'agit souvent d'une forme de prostitution légale… »
Souvenez-vous des propos prêtés à Sihem Badi, ministre de la Femme et qui avaient provoqué un tollé général début février, lorsqu'elle aurait déclaré à un quotidien de la place que « le mariage coutumier s'inscrivait dans le cadre des libertés personnelles », alors qu'il est passible de trois mois d'emprisonnement, selon les dispositions des articles 31 et 36 du code civil et de l'article 18 du Code du Statut Personnel.
Elle confirmera quelques jours plus tard sur les ondes d'une radio privée l'existence des mariages Orfi, affirmant que « ce phénomène est en train de se propager dans les universités et parmi certaines couches sociales, alors qu'il n'a pas de fondement, ni sur le plan religieux ni sur le plan juridique. » Vaine tentative de corriger le tir, car les réseaux sociaux vont la descendre en flammes…
Le grand problème des salafistes, c'est leur vision de la femme et leur conception de ses droits. Pour eux, c'est une sorte de « mamma » qui doit s'occuper du confort de son époux, de l'éducation de ses enfants, faire le ménage et la cuisine. Elle ne doit pas étudier, sauf le Coran, elle ne doit pas travailler, elle doit sortir couverte de la tête aux pieds, visage compris et surtout être le gardien des traditions.
Une conception éloignée de la vie tunisienne et de son histoire, puisque hommes et femmes travaillent ensemble aux champs depuis toujours. Et allez faire des travaux agricoles avec un Niqab ! Cette attitude révolte de nombreuses femmes actives, comme cette directrice de société qui se demande : « mais pourquoi détestent-ils tant les femmes, au point de vouloir les asservir, les priver de toute liberté ? »
Un historien précise : « il faut savoir que la femme est à l'origine du péché originel et que c'est par sa faute que les humains ont été chassés du Paradis. Ajoutez à cela le poids des traditions et la notion d'honneur des familles que les filles doivent conserver en arrivant vierges au mariage, et vous aurez une première esquisse de ce sentiment de haine vis à vis des femmes. Elle doit obéir à l'homme, se soumettre à ses exigences. Elle n'est qu'un objet sexuel, une vulgaire marchandise, une poupée qu'on n'a même pas besoin de gonfler,. »
Une opinion à laquelle les salafistes opposent un argument historiquement juste : « l'Islam a libéré la femme pour la première fois dans l'histoire, car à l'époque de la Jahilia les petites filles étaient enterrées vivantes, puisqu'elles constituaient un poids pour les tribus pauvres du désert… »Sauf que, depuis cette lointaine époque, le monde a évolué et la femme est devenue un partenaire active et responsable, ce que ne semblent pas accepter les extrémistes.
En fait, un sociologue estime que « par ces actions, les salafistes poussent les limites pour tester le gouvernement en place et voir quand il se décidera à freiner leurs ardeurs. Ils confondent liberté et anarchie. Certains s'arrogent le droit de ne pas respecter les lois, d'user de violence pour imposer leur vision de la religion par la menace et l'intimidation… »
Reste le problème des enfants nés de ces relations illégales : quel statut auront-ils en l'absence d'un état civil clair ? Que faire de la sauvegarde de la famille, qui est la cellule fondamentale pour la protection des enfants ? Est-ce que dans ce type de mariage, les enfants sont légitimes ou adultérins ? Autant de questions auxquelles la ministre de la Femme devrait réfléchir…
La conclusion de cette affaire nous est fournie par un vieux routier de la politique : « les filles d'aujourd'hui vont à l'école, elles sont médecins, avocates, cadres ou chefs d'entreprise. Elles conduisent leurs voitures et gèrent elles même leurs budgets... Croyez vraiment qu'elles vont accepter de perdre tout cela sans réagir ? » Wait and see !


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