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Mots de braise
Ahmed Foued Negem menacé d'emprisonnement
Publié dans Le Temps le 27 - 03 - 2012


«Nous nous sommes reconnus et rassemblés
Ouvriers, paysans, étudiants
Notre heure a sonné
Nous nous sommes engagés
Sur un chemin sans retour
La victoire est à portée de mains
La victoire pointe à l'horizon »
Etoile, dans la longue nuit d'un monde arabe englué dans la dictature, Ahmed Foued Nagem, tu éclaires un horizon assombri par l'arbitraire, l'oppression et l'autoritarisme. Quand tes mots grondent, les fondements du pouvoir tremblent. Quand tes mots tonnent, le pouvoir vacille. Compagnon de nos routes sinueuses, jonchées d'épines, de drames et de tragédies, depuis 1967, tu n'as cessé de tisser des mots-volcans pour éveiller les consciences, pour réveiller les peuples, plongés dans un sommeil lourd et pesant. Quand l'aurore se leva sur les rives du Nil, le bonheur nous submergea. Mais voila que les ombres du passé brandissent le spectre d'une geôle. Comme ils n'ont aucune raison valable, ils invoquent un prétexte déraisonnable : atteinte à l'Islam et critique du régime militaire.
Durant plusieurs décennies, les penseurs, écrivains, artistes, intellectuels ont été poursuivis, emprisonnés pour leurs idées, leur opposition à des régimes totalitaires qui ont condamné la pensée et tué la liberté d'expression, rares l'ont été pour des raisons religieuses. Mais, voila que les révolutions arabes nous réservent un nouveau mal : le fanatisme qui s'attaque à tous ceux qui pensent différemment en leur jetant l'anathème : profanation de la religion, accusations de plus en plus virulentes au nom d'un islam rigoriste et intolérant.
«Quand le soleil se noie dans une mer de brume
«Quand une vague de nuit déferle sur le monde
«Tu n'as plus d'autre guide que les mots»
Negem, tes mots ont illuminé nos journées maussades, nos nuits sombres, ont ensoleillé nos hivers interminables, ont calmé nos tempêtes intérieures, nos colères rentrées, ont cicatrisé nos blessures, nos déchirures, ont allégé le fardeau des combats âpres pour survivre et se relever. Tes mots ont séché nos larmes, ont rallumé l'espérance dans les yeux éteints, ont insufflé force et détermination. Tes mots sont le lien qui unit tous les damnés de la terre. Répétés, repris, appris, criés, chuchotés, murmurés, les jours de terreur et de détresse, quand le découragement ankylose et pétrifie, les jours douloureux pour des peuples écrasés, pour des militants désemparés. Des jours pénibles et harassants pour des travailleurs et des ouvriers exploités : conditions de vie difficiles, salaires dérisoires, précarité, pauvreté, misère. Negem, tu parles au nom des déshérités, des laissés pour compte, des marginalisés par un système injuste qui favorise les nantis et asservit les plus faibles.
Quand les libertés s'évanouissent, l'indignation monte et la colère tonne, la réponse est implacable : « le bâillon pour la bouche et pour la main, le clou ». La terreur de l'état policier et du parti unique s'abat comme un glaive. Société asphyxiée, citoyens écrasés, plongés dans la nuit et le brouillard, militants poursuivis, arrêtés, les libertés sacrifiées. Arrestations arbitraires, tortures, angoisses et interrogations.
Negem, tes mots protestent, contestent et condamnent des dirigeants qui ont spolié leurs peuples et dilapidé les richesses des pays. Negem, tu t'adresses à Moubarek, le dictateur déchu :
«Monsieur, le déchu, revenez parmi nous
«Puisque vous dîtes que vous êtes l'un d'entre nous
«Vous avez sucé notre pays et notre sang
«Nous, peuple spolié et crucifié
«Revenez écouter notre sentence :
«Œil pour œil, dent pour dent »
Des mots qui, tel un raz-de-marée, ont emporté des dictatures et des ténèbres. Tes mots, ce parler populaire vrai et percutant qui jaillit, hurlement, geyser, orage, racontent les souffrances, les drames, les tragédies des peuples muselés, les rêves avortés et les aubes à venir. Bouffées salutaires d'espoir, ils nous permettent de résister et de rester debout.
Negem, te voila, à quatre-vingt-deux ans, après dix-huit ans passés dans les geôles, menacé d'emprisonnement pour un prétexte fallacieux par ceux qui ont confisqué la révolution du peuple, toi qui aimes ton pays comme on adore une bien-aimée, toi qui vénères ce pays au point de « le porter dans les yeux », toi qui le chantes, l'exaltes et attends sa délivrance, son lever du soleil.


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