En sa troisième journée, la conférence nationale sur la réforme du système éducatif, organisée les 29, 30 et 31 mars par le ministère de l'Education à Gammarth, défraye la chronique chez les syndicalistes tous secteurs confondus (enseignants du primaire et du secondaire, conseillers, inspecteurs, ouvriers de l'éducation, conseillers de l'information et de l'orientation scolaire et universitaire...). En fait, la matinée de la 2ème journée a été marquée par un débat houleux entre eux et Abdellatif Abid, ministre de l'Education lequel n'a pas hésité à les qualifier de « non patriotes ». L'accusation a suscité la réaction des syndicalistes lesquels se sont réunis dans le hall de l'hôtel pour exprimer leur mécontentement de l'attitude de Abdellatif Abid ainsi que l'organisation de la conférence marquée d'après eux par la présence des têtes qui faisaient partie de l'ancien régime. Deux communiqués ont été formulés à l'issue de la réunion où, les syndicalistes ont respectivement dénoncé le comportement du ministre de l'Education et exprimé clairement leur attitude par rapport à la conférence surtout que « ses architectes ont fait exprès de nous exclure », disent-ils. Ils considèrent par ailleurs, que le programme de la conférence est bourré d'interventions académiques et théoriques, au détriment d'un débat fructueux, critique et analytique. « La marge du temps réservée aux discussions est très limitée en comparaison avec celle consacrée aux communications », d'après eux. En effet, « les tribunes de débat ont été marquées par l'absence d'un vrai débat », selon le communiqué. Les syndicalistes n'ont pas également, hésité à s'exprimer librement et à critiquer la méthode adoptée par le ministère pour parler de la réforme du système éducatif en Tunisie. Ils considèrent qu'il est « impératif de ne pas avoir recours aux éléments qui bloquent cette opération et qu'il faut carrément écarter ». Ils font allusion dans leur communiqué aux « symboles de la corruption financière et administrative ».
Même état d'esprit
Mais comment se justifie la position des syndicalistes ? Ils trouvent que l'état d'esprit de la conférence ne rompt pas avec l'ancienne configuration laquelle recèle de grands dysfonctionnements. « Cela a été reflété par le grand nombre et le flux d'interventions alors que la part des discussions a nettement été minimisée ». Ils reprochent par ailleurs, la faible qualité des interventions à l'ordre du jour. Des interventions « médiocres », jugent plusieurs présents (enseignants, inspecteurs…). « Les organisateurs n'ont pas ciblé les problèmes réels. Il n'y a aucun regard critique mis à part une seule intervention qui fait une lecture critique des réformes du système éducatif en Tunisie de 1958 à 2002 », sur ce plan ils sont tous d'accord. Toujours dans le même contexte, plusieurs syndicalistes trouvent que la majorité des présents ont été parmi les acteurs de l'ancienne réforme, « d'où l'importance à dissocier le politique de l'éducatif », font-ils remarquer. Décidés à ne pas se taire sur ce qui se passe et surtout la manière dont, le ministère adopte pour réformer le système éducatif, les syndicalistes ont annoncé qu'ils refusent d'être des pions ou de simples figurants. « La réforme de l'éducation ne se fait pas dans un hôtel », scandent-ils. D'où l'importance à lancer un vrai débat national tout en impliquant les différentes structures de la société concernées directement ou indirectement par le sujet. Le ministère sera-t-il ainsi capable d'écouter les enseignants, les cadres pédagogiques, les élèves, les parents, les spécialistes (psychologues, sociologues…) pour assurer un meilleur avenir aux futures générations ? Sana FARHAT
La réponse du ministre
« Nous avons impliqué les syndicalistes dans la préparation de la conférence », répond Abdellatif Abid aux syndicalistes avant de les accuser d'être « pas patriotes ». Il a rappelé « qu'une commission scientifique composée entre autres, de syndicalistes et d'inspecteurs a organisé la conférence » tout en considérant qu'il n'a exclu aucune partie et que cette conférence a pour objectif de déterminer la méthodologie qu'il faut arrêter pour réformer le système éducatif ». « En tant que ministre je n'ai lésé personne », essayait-il de convaincre les syndicalistes mais il n'a pas hésité à leur dire à la fin de sa réponse qu'ils n'étaient pas patriotes.
Les élèves négligés
21 élèves de différentes régions ont été invités pour participer à la conférence. Négligés, ils ont été hébergés dans des centres très loin (à Ben Arous) comme ils n'ont pas pu avoir leur petit déjeuner. « Nous sommes venus pour donner notre avis sur le système éducatif parce que nous sommes directement concernés par la réforme. Sauf que les organisateurs nous ont négligés à tous les niveaux », protestent Faouaz et Nidhal.