En rejetant la requête de Dany Leprince, visant à faire annuler sa condamnation à la détention à perpétuité, - assortie d'une peine de 22 ans de sûreté-, pour un quadruple meurtre familial perpétré en 1994, la Cour de révision a renvoyé aussitôt l'accusé en détention. En juillet 2010, fait exceptionnel, celui-ci avait obtenu sa libération de prison après 16 ans passés derrière les barreaux. Et cela en raison de l'apparition de nombreux éléments nouveaux, confirmés par une enquête de cinq ans, dirigée par la présidente de la Chambre criminelle de la Cour de cassation (voir notre précédent blog). Peu avant 14 heures, de nombreux journalistes et membres du comité de soutien à Dany Leprince, se serraient dans le petit espace qui leur était réservé dans la salle de la Chambre criminelle. La rumeur que la Cour de révision rejetait la requête de Dany Leprince courait alors dans les rangs de la presse. Mais beaucoup n'y croyaient pas, tant les nouveaux éléments produits lors de l'audience du 17 mars dernier, paraissaient réellement de nature à faire naître un doute sur la culpabilité de celui que des médias avaient surnommé « le boucher de la Sarthe ». Le procureur de la Cour de révision avait d'ailleurs requis l'annulation de la peine et s'était prononcé en faveur de la réouverture d'une instruction. Il semblait, qu'au minimum, Dany Leprince pourrait être rejugé par une cour d'assises. Ce qu'il n'avait pu obtenir puisque la procédure d'appel n'existait pas au moment de son procès en décembre 1997. Son visage blafard, et la présence dans la salle d'un grand nombre de pompiers, vraisemblablement postés là en vue de faire face à d'éventuels malaises, auraient dû alerter les plus positifs quant à l'issue de la décision. Mais à l'heure dite, il a suffi de deux phrases du président de la Cour de révision, pour faire retomber l'espoir de ceux qui restaient persuadés que la plus haute instance de la justice française rendrait une juste décision. Une fois entendu annoncer le rejet de la requête de Dany Leprince, parce qu'« il n'existe aucun fait nouveau ou élément inconnu de la juridiction au jour du procès de nature à faire naître un doute sur la culpabilité de Dany Leprince », journalistes, familles et amis en pleurs de l'accusé et de son épouse Béatrice, ont été expulsés manu militari de la salle. Après avoir seulement perçu le « non !!! » déchirant de Béatrice et ces mots de son époux, prononcés, d'une voix blanche: « Je suis innocent, je ne comprends pas »...Avant de pouvoir demander sa mise -éventuelle- en liberté conditionnelle, ce dernier devra patienter près de 7 années de plus en prison. Le temps que s'éteigne sa peine de sureté de 22 ans. Au bas de l'escalier menant à la chambre criminelle de la Cour de cassation, attendait une nuée de micros et de caméras dans une belle bousculade et un déploiement de gendarmes tous passablement nerveux. Me Yves Baudelot, conseil de l'accusé, est sorti au bout de quelques minutes, la mine défaite, après avoir assisté au départ de son client entre deux gendarmes : « On lui a passé les menottes dans le dos, on l'a descendu à la voiture cellulaire. Il va passer la soirée et la nuit à la Santé avant d'être transféré à la centrale de Poissy ou ailleurs ». L'avocat a indiqué que Dany Leprince « croyait dur comme fer à la révision. Il était d'un optimisme total ». « C'est pour moi un échec personnel terrifiant, a-t-il ajouté, parce que je n'ai pas réussi à convaincre. Et c'est un échec terrible pour la justice. En l'espace de neuf mois, deux cours équivalentes ont dit exactement le contraire l'une de l'autre. Pourquoi une décision si contraire à la première ? On lui refuse le procès, on lui refuse des explications, on lui refuse la justice. Je suis profondément choqué. C'est d'une cruauté invraisemblable. Mais je continuerai à me battre pour faire reconnaître son innocence! » Un peu plus tard, lors d'une conférence de presse organisé en face du palais de justice de Paris, à la Maison des avocats, Me Baudelot a évoqué un possible recours devant la Cour européenne des Droits de l'Homme (CEDH) de Strasbourg, en vue d'obtenir une réduction de la peine de sûreté. « Je crois, a-t-il dit, qu'il a une possibilité théorique de l'obtenir [...] et puis il y a le recours en grâce (auprès du président de la République,ndlr).» SV
PS : A la même heure, la Cour de cassation s'est prononcée contre l'inscription sur les registres de l'état-civil des enfants nés de mères porteuses à l'étranger. C'est la fin, dans l'échec, d'un combat que mènent depuis onze ans les parents des jumelles Isa et Léa (voir notre blog du 19/03/2010).