A vrai dire, ni l'un ni l'autre apparemment. Juste un sentiment d'injustice qui aurait poussé ce jeune homme à jouer les pyromanes, comme on en trouve dans les thrillers, puisque prenant le soin d'envoyer une lettre de menace avant de commettre son forfait. Pour une futilité, d'ailleurs, d'après ses aveux, dans ce sens que les arguments avancés par le suspect pour justifier son acte criminel n'ont pas du tout convaincu la cour, notamment en première instance. Toujours est-il que le point de départ de cette affaire, abracadabrante soit dit en passant, fut une plainte d'un quinquagénaire, responsable au sein d'une entreprise d'entretien et de gardiennage, dont la déposition accable un ouvrier parmi le personnel dont il avait la charge. Le personnage en question aurait, toujours d'après le témoignage de la victime, mis le feu à sa demeure, pour la simple raison qu'il l'a congédié une première fois, avant de céder à des interventions et le reprendre parmi son équipe de travail. Il n'a pas manqué non plus d'indiquer que le suspect était devenu agressif et violent depuis un certain temps, ajoutant également qu'il lui a envoyé une lettre de menace quelques jours avant de passer à l'action. Le plaignant fut soutenu par les témoignages de son fils, qui l'a aidé à éteindre le feu, et sa fille. Celle-ci ajoutant qu'elle a eu elle-même affaire au suspect, du moment qu'elle aurait tenté de le faire raisonner lorsqu'il a proféré des menaces à l'encontre de son géniteur. Mal lui en prit, d'ailleurs, puisqu'elle fut soumise à son tour à un harcèlement via des SMS que le type lui aurait envoyés à plusieurs reprises. Interpellé, le suspect en question n'a pas nié les faits, il a au contraire avoué dès le démarrage de l'interrogatoire, mais mettant ses actes sur le compte de la vengeance, du moment que son chef hiérarchique le maltraitait et lui confiait le plus souvent des tâches ingrates et non moins harassantes, allant jusqu'à lui retenir la paye d'une journée, cependant que sa situation n'était pas du tout reluisante, au point de ne pouvoir payer le loyer. Aussi, emporté par ce sentiment d'injustice qui le tenaillait depuis quelque temps, n'a-t-il pas trouvé mieux que d'aller prendre une quantité de lubrifiant et mettre le feu à la porte d'entrée du plaignant. Il a toutefois tenu à préciser qu'il n'avait nullement l'intention d'incendier toute la demeure, ayant juste l'intention de lui faire peur ! Passé une première fois en jugement, l'apprenti-pyromane a été condamné à cinq ans de prison ferme, mais il a tout de suite interjeté appel, ce qui lui a permis de n'écoper en fin de compte que de huit mois de prison. Il est vrai qu'entretemps la victime allait retirer sa plainte…