Par Khaled Guezmir - Vu le manque d'équilibre politique au sein de la Constituante et qui se répercute sur la société et le monde politique par une certaine arrogance de l'Islam politique, faut-il encourager les velléités indépendantistes des deux autres Présidents : Dr Marzouki et Dr Ben Jaâfar ! Je pense que si parce que le paysage des alliances ne rame pas dans le durable et pour cause, parce que tout simplement l'Islam politique a prouvé jusque-là et presqu'universellement à l'exception de la Turquie d'Erdogan qu'il est hégémoniste et dominateur au sens de l'interprétation classique de la démocratie. Dans sa rencontre « historique » au G20, Béji Caïd Essebsi avait promis à Obama sympathisant et tout acquis à la Révolution tunisienne qui a réussi le miracle de dégommer un grand dictateur de la planète, que la Tunisie serait la « première Démocratie islamique » et que l'Islam n'est pas antinomique de la démocratie classique telle que instituée et pratiquée en Occident. Il serait intéressant au vu des malheurs et des procès qu'on lui fait ces derniers temps, de voir, si M. Béji Caïd Essebsi tient encore ce « projet » pour faisable et crédible, ou s'il a bien changé, comme ces eaux de la Seine qui coulent sous le pont Mirabeau par la plume merveilleuse de Guillaume Apollinaire ! Notre histoire d'amour avec la Révolution, que tout le peuple tunisien a salué de ses tripes, est-elle en train de virer au cauchemar de voir la nature de l'absolutisme triompher de tous nos beaux rêves et de tous nos espoirs ! On rêvait d'une rupture définitive avec tout ce qui a permis à Ben Ali, le bel officier Saint-Cyrien, de devenir ce qu'il est devenu et de faire de ce pays, ce qu'il en a fait : « une propriété familiale et privée ». Au fait comment le système totalitaire peut-il s'approprier l'Etat, ses institutions et ses finances ! Il ne faut pas trop se fatiguer par des lectures «savantes» du maître Raymond Aron (Démocratie et totalitarisme) ou d'Annah Arendt (le totalitarisme), pour comprendre le cheminement de cette larve volcanique et malveillante. Prenez le pouvoir. Mettez au pas la presse et faites en, un organe de propagande, puis prenez le contrôle des forces de la coercition publique celles qui détiennent les moyens de la violence légale, et puis nommez « vos » hommes dans les régions et les banques et constituez des « milices » d'intervention appropriées pour tabasser et faire peur aux simples citoyens, aux intellectuels, aux producteurs et aux hommes d'affaires et vous serez intronisé : « Dictateur sauveur et bien aimé » ! La Tunisie post-révolutionnaire a-t-elle atteint ce seuil critique ! Je reste optimiste et je pense … pas encore heureusement! Mais le contrôle des mosquées devenues cellules actives de l'Islam politique extrémiste, les nominations nombreuses dans le corps des gouverneurs, des délégués et dans la hiérarchie de l'administration, sur la base de l'allégeance politique inquiétent plus d'un. En effet qu'est ce qui légitime tant de nouvelles nominations alors que nous sommes en période de transition avec un seul mandat impératif : « Rédiger une Constitution » ! Rien, sauf une réappropriation de l'Etat et ses institutions avec des purges que rien ne justifie à part la substitution d'un Parti par un autre. Les mauvais esprits (partie quand même non négligeable de la société civile et politique) diront qu'il s'agit d'une action de mobilisation stratégique pour gagner les prochaines élections, qui seront décisives pour sculpter le nouveau système politique et lui donner son aspect définitif : démocratique ou absolutiste ! En effet, l'alternance ne peut être que bénéfique pour tout le monde, y compris pour la Nahdha qui doit comprendre que les Tunisiens et les Tunisiennes n'accepteront jamais plus un système totalitaire comme le précédent. M. Ben Jaâfar le martèle, un peu tardivement, il est vrai, alors que M. Moncef Marzouki, plus en pointe, peut être par tempérament marque des points précieux pour l'avenir proche. Au fait tout le monde semble avoir oublié, que nos deux Présidents précités, font naturellement partie de la famille et du projet modernisateur libéral et progressiste, attaché au « gouvernement civil » et à l'identité arabo-musulmane « Tunisienne » et non celle des prédicateurs d'Orient. D'ailleurs, pourquoi n'en seraient-ils pas les leaders dans de nouvelles coalitions possibles. Le fait qu'ils se soient associés à la Nahdha pour des raisons tactiques de partage du pouvoir ne les condamnent pas à le rester indéfiniment surtout avec les déviations dangereuses actuelles de l'Islamisme politique ! J'ai été à Monastir, en toute indépendance et j'ai écouté Si Béji Caïd Essebsi faire l'appel du pieds au Dr Marzouki ! Est-ce tomber dans l'oreille d'un sourd ! J'en doute. Le Président de la République, Sadikien et vigilant comme il est, a certainement de bonnes « oreilles » ! Tiens on reprend goût à la politique… et c'est tant mieux pour la démocratie ! K.G. juliejolie Hésa