Par Khaled Guezmir - Si Kissinger avait bien conseillé Nixon, il n'aurait pas commis le «Watergate» et se verrait contraint de démissionner de la «Maison Blanche»… Les « Kissinger » et autres éminences grises, conseillers de malheur, ont toujours existé et continueront à l'être, tant qu'il y aura le pouvoir. Un Roi, un Président ou un Premier ministre a toujours besoin «d'aide», de soutien moral et d'une «ombre» bienfaitrice pour le protéger du soleil brûlant et des affres du pouvoir. Mais il arrive aussi que les conseillers deviennent une véritable malédiction pour leurs patrons, tant ils les poussent à la faute et à la perte de ce même pouvoir qu'ils veulent protéger. Revenons un peu en Tunisie, les exemples des « bons » et « mauvais » conseillers n'échappent pas à la règle. A titre d'exemple, si on avait conseillé à notre Premier ministre Si Hamadi Jebali de ne pas mettre les cent premiers jours de son gouvernement dans la perspective politique et politicienne, et s'il avait suivi son tempérament et ses propres sentiments, il aurait certainement accompli de meilleures performances à tous les niveaux. Pendant ces cent jours de « grâce » dont il n'a pas bénéficié, il faut le dire, le pays a été engagé, par de « mauvais conseils », vers un traumatisme et une crise morale sans précédent. A la base de cette dépression, une volonté « d'orientaliser » la Tunisie ! Premier acte : On ouvre grandes ouvertes les frontières à tous les charlatans et prédicateurs obscurantistes d'Orient. De Wajdi Ghoneim à Tariq Ramadan (encore un illuminé égyptien exilé en Suisse). C'est la valse à mille temps, chantée non pas par Jacques Brel, mais par des « chanteurs » (Ghanaya) qui du temps de notre enfance, élisaient domicile à la place de « Rahbet El Ghanem) (maintenant place du leader) du côté de la Kasbah (Bab Mnara) pour raconter les prouesses combatives de « Seif El Yazel ou des « hilaliens » venus eux aussi d'Egypte et leur chef Abouzid pour brûler le Théâtre romain d'El Jem et détruire Kairouan la malékite et sunnite de l'Imam Souhnoun ! Deuxième acte : On laisse faire les salafistes pour mater l'Université, diaboliser la presse en la surnommant « Presse de la honte » et qui au passage accueille tous les jours jusqu'à hier plusieurs leaders islamistes qui du coup se disent honorés, de participer à ces débats « démocratiques »… Allez comprendre ! Quand à l'agression sur les hommes de théâtre à la « bonbonnière », ou l'atteinte au drapeau national c'est tout simplement des actes et « faits isolés »… Troisième acte : On met le cap sur la « Chariaâ » et là c'est le commencement de la fin… pour la modernité bâtie par trois siècles de réformisme islamo-tunisien et le début de la discorde (Fitna) qui a failli nous transplanter dans la « Fitna Al Kobra » (la grande discorde) du temps de l'Imam Ali et Saïda Aïcha ! Heureusement qu'il y a eu l'intervention à temps du Cheikh Rached El Ghannouchi pour rappeler surtout à ses troupes et ses « conseillers » que l'art -1- de la défunte constitution de 1959 était largement suffisant pour affirmer le caractère arabe et musulman de l'Etat et de la société tunisienne. Quant au Premier ministre les points qu'il a marqués, se situent heureusement pour lui et pour nous « habitants » de ce pays, en dehors de la sphère « politique » et politicienne. D'abord il a pu avec un bon Ministre de l'Intérieur assurer une sécurité relative pour remettre les entreprises au travail, et réveiller de la torpeur, le tourisme, totalement sinistré par l'insécurité et la dégradation catastrophique de l'environnement des villes et des zones touristiques. Puis il a ciblé de bons déplacements à l'étranger à la recherche d'investissements des pays du Golfe et d'Europe surtout d'Allemagne. Enfin il a pu faire face à une série de catastrophes naturelles qui sont venues s'ajouter aux grèves « sauvages » et aux débrayages quotidiens et souvent injustifiés dans des secteurs sensibles comme le transport et les mines. Avouons que le bilan aurait pu être meilleur ! Tout cela pour dire s'il y a un conseil à donner au Premier ministre c'est de ne plus écouter que « ses » propres conseils et de continuer à s'investir dans l'économie qui est la véritable clef de la réussite ou de l'échec politique. Richelieu disait bien que « l'argent c'est le nef de la guerre » et aujourd'hui la croissance est la seule voie vers la stabilité politique. Nous y reviendrons dans « Cent jours ». A lui de choisir ! Inchallah ! K.G libremad daassi Hésa