La Méditerranée est la première destination touristique du monde ; cette région de grande affluence touristique accapare à elle seule 33% de l'ensemble du marché mondial, la moitié des arrivées internationales, soit 292 millions d'arrivées en 2009, et 29% des recettes touristiques. Mais, depuis quelque temps, la région commence à trahir quelques signes d'essoufflement, voyant sa part du marché international du voyage péricliter considérablement, en raison tant de la concurrence des pays du Sud-Est asiatique de plus en plus prisés par les touristes, que des bouleversements récents sociaux et politiques qui ont secoué certains pays de la région. Dans ce contexte difficile de récession et de baisse de régime, l'Organisation Mondiale du Tourisme en partenariat avec le ministère du Tourisme tunisien organise les 16 et 17 avril la 6è Conférence Internationale sur la gestion des destinations, consacrée cette année à l'avenir du tourisme en Méditerranée, et il choira à l'île de Djerba d'en abriter les travaux. Forte de la participation annoncée de plus de 350 experts internationaux venant d'une quarantaine de pays, ainsi que de plusieurs ministres de deux rives de la Méditerranée,( ces chiffres restent à confirmer, car jusqu'à ce jour seuls 160 invités ont confirmé leur participation à une dizaine de jours du jour « J »), la conférence devra leur offrir une plateforme de dialogue et de concertation à même de leur permettre dans le cadre d'une vision commune de réévaluer et de restructurer leurs industries touristiques, d'évoquer les défis, de conclure des accords de partenariat, de nouer des alliances stratégiques, de mener des actions en coopération de marketing et de promotion en vue de rester compétitifs et concurrentiels sur le marché mondial du tourisme. Au programme de la rencontre, des ateliers et des tables rondes animés par des modérateurs multinationaux tiendront lieu pendant les deux jours et il sera question de débattre de trois questions prioritaires qui constitueront les trois axes thématiques de cette sixième Conférence internationale, à savoir le diagnostic du tourisme en Méditerranée, son avenir et la stratégie de marque et de positionnement. Par la même occasion, un atelier national consacré à la relance de la destination Djerba sera organisé le 18 avril et il sera ouvert à la participation des Etats membres et d'autres délégations invitées, aux représentants du secteur dans le pays et aux cadres de l'administration de tutelle. Djerba face à ses responsabilités Il va sans dire qu'un tel événement n'est pas pour se reproduire tous les ans sous nos cieux, et que l'avènement d'une telle conférence en présence de cette « armada » impressionnante d'experts, de personnalités influentes d'envergure internationale dans le secteur du tourisme et de journalistes est une aubaine à saisir à deux mains pour relancer l'activité, en léthargie depuis plus d'un an, une chance inouïe pour rattraper le temps perdu et redonner l'espoir aux centaines de milliers de nos concitoyens qui n'ont d'yeux que pour le salut de ce secteur vital dont ils puisent leurs ressources. Entretemps, qu'a-t-on fait de Djerba, ce fleuron du tourisme tunisien, élue meilleure destination touristique du monde en 2010, pour qu'elle soit fin prête, et à la hauteur de la renommée qui lui sied, et…de l'événement ? Les responsables locaux, régionaux et même nationaux, de tous domaines confondus, croient-ils avoir fait le nécessaire pour parer l'île de tous les soins, pour remédier à toutes les défaillances et combler les lacunes Ô combien nombreuses, regrettables et révoltantes ? A une dizaine de jours de l'échéance, force est d'admettre que le constat en vigueur est loin d'être reluisant. La situation environnementale est préoccupante du fait de l'amoncellement des déchets dans tout le territoire de l'île, en ville, dans les quartiers, dans la campagne, dans la zone touristique. La collecte et le ramassage des ordures est à l'arrêt depuis déjà cinq jours, en raison du sit-in observé par les habitants de Guellala, irrités à outrance par les odeurs nauséabondes se dégageant de la seule décharge contrôlée de l'île sise au voisinage de leur village. Ni les tentatives des membres des délégations spéciales des trois municipalités de l'île, ni la visite du nouveau gouverneur, mercredi 4 avril, n'ont pu avoir raison des contestataires pour les faire fléchir. D'autres lacunes, non moins graves, sont à l'ordre du jour et ternissent l'image idéalisée et auréolée de Djerba. Le piteux état des routes, aggravé certes par les dernières pluies, est vergogneux et il n'est pas pour nous faire honneur aux yeux de nos hôtes. De plus, si, par malheur, un poteau d'éclairage public vient à être la cible de quelques chauffards, ce qui est devenu désormais monnaie courante, il n'est malheureusement personne pour intervenir promptement et faire le nécessaire pour réparer les dégâts ; les voilà, donc, plus d'un à joncher sur le bas-côté ou à ne tenir qu'à un fil pour tomber. D'autre part, la vente illicite du carburant provenant de la Libye prolifère au point que de nouveaux points de vente font incessamment leur apparition pour élire domicile effrontément, au vu et au su de tous, aux abords des routes, y compris celle menant vers la zone touristique, ce qui n'est nullement beau à voir, ou pour rassurer. Au lieu d'être au mieux de sa forme, parée de ses plus beaux atours, fin prête à ce rendez-vous tant espéré et attendu, pour accueillir bellement ses hôtes, pour les séduire et les rallier à la cause de la destination Tunisie, Djerba ne donne pas l'impression de resplendir d'éclat au vu de l'état des lieux prévalant à une dizaine de jours du démarrage de la conférence.