Les violences survenues à l'occasion de la célébration de la commémoration de la fête des martyrs le 9 avril ou lors de la manifestation des diplômés au chômage, deux jours auparavant continuent à susciter l'indignation des forces politiques démocratiques et des associations de défense des droits de l'homme. De même les conclusions du congrès unificateur du parti Républicain suscitent des réactions. Quelle sera la valeur-ajoutée du nouveau parti ? Des militants du nouveau Parti républicain créé lundi dernier, ont participé à une manifestation organisée à Sousse par solidarité avec les victimes des agressions des forces de l'ordre le 9 avril. Yassine Brahim, secrétaire exécutif du nouveau parti, s'indignait hier sur les ondes de Mosaïque FM et s'insurgeait contre cette violence. Il rappelle que cette bastonnade fut le lot, il y a une semaine à Jelma des diplômés chômeurs. « On dirait qu'il y a une position pour donner des instructions autorisant la violence. On dirait qu'il y a une décision politique pour interdire les manifestations. La violence a été exercée à l'avenue Mohamed V ». Il ne faut pas oublier que les citoyens manifestent parce qu'ils ont des soucis et des revendications non satisfaites. Le 9 avril était une occasion pour fêter la mémoire des martyrs. D'ailleurs, le 20 mars a eu lieu une manifestation qui avait rassemblé des milliers de citoyens à l'avenue Habib Bourguiba dans une ambiance festive sans qu'il n'y ait le moindre dépassement. Maya Jéribi, secrétaire générale du parti Républicain interpellait, hier sur les ondes d'ExpressFM Ali Lâaraiedh, ministre de l'Intérieur, pour lui rappeler qu'il est en train de faire subir aux Tunisiens ce qu'il avait subi lorsqu'il était militant dans l'opposition. « Personne n'a le droit de cloîtrer les artères de la ville, les couloirs de la liberté ». Elle avertit que les manifestations ne cesseront qu'à la libération de l'avenue Habib Bourguiba. Elle déplore la présence de citoyens aux côtés des agents de l'ordre qui agressaient d'autres citoyens. « Si ces pratiques se poursuivent, nous irons pas à pas vers la dictature ». Ce n'est pas parce qu'il y a eu des dépassements dans la marche des Salafistes qui avaient agressé les artistes, qu'on va interdire les manifestations à l'avenue Habib Bourguiba. Et si, des dépassements auront lieu à l'avenue de Paris, va-t-on fermer cette avenue ? Concernant la naissance du nouveau parti Républicain, Yassine Brahim rappelle que les fiançailles entre les différentes composantes de ce parti ont eu lieu le 11 janvier 2011, le mariage les 7, 8 et 9 avril courant. Entre les deux dates des commissions avaient travaillé sur les motions. Le comité central du nouveau parti se réunira prochainement pour l'adoption de ces motions. Le congrès d'unification était démocratique. Les négociations avec les initiateurs de la Voie Démocratique et Sociale (VDS) ne sont pas fermées. Il n'y avait pas eu d'accord avant la tenue du congrès. Les portes restent ouvertes. « Le temps qui reste n'est pas très long. Il faut travailler dans les régions et consacrer la démocratie horizontale. Le pays est dans une situation qui n'est pas facile. Il faut aller vers les masses », dit-il. Maya Jéribi, explique le choix de la dénomination Parti Républicain par l'importance des valeurs républicaines. « Nous avons milité depuis longtemps pour une deuxième République », dit-elle. Elle rappelle que le congrès unificateur a été à la fois électif et consensuel. Des élections ont eu lieu au sein de l'ex-PDP pour désigner ses représentants au sein du nouveau parti. La commission supervisant les élections était très ferme. La direction choisie l'a été, pour la première fois à travers des élections. Avant, certains membres de la direction étaient désignés par consensus, d'autres par le vote. « Le nouveau parti, présentera dans les prochains jours des propositions concrètes pour redresser la situation dans le pays », dit-elle, tout en appelant à établir une feuille de route claire. « Les élections doivent se dérouler dans une année. La constitution doit être élaborée sous les projecteurs et présentée le plus tôt possible à l'Assemblée Nationale Constituante, pour éviter l'impasse ». Après les cents premiers jours du Gouvernement Jébali, Meya Jéribi, fait un bilan identique à celui fait par les autres Tunisiens. Il n'y a que des promesses, ni développement, ni emplois…Certes, les difficultés, mais l'activité gouvernementale s'est plutôt manifestée par une tendance hégémonique. Elle déplore la confusion entre l'Etat et le premier parti au pouvoir. « Certes, nous avons échoué dans les dernières élections, mais nous n'échouerons jamais dans notre démarche à être au service de notre pays ». Elle rappelle que le groupe démocrate au sein de la Constituante formé de 32 membres est le deuxième groupe en termes de nombre, mais le premier en termes d'initiatives et de contact avec la société civile. La nouvelle constitution doit répondre aux attentes de tous les Tunisiens. Le nouveau parti porte les soucis des régions qui ont besoin de mesures concrètes. Elle propose la création de Fonds de Développement régionaux pour les quatre régions déshéritées du pays, comme le Nord-Ouest, le Centre-Ouest, le Sud-Ouest… « Le Tunisien commence à perdre espoir », dit-elle. Pour gagner les prochaines élections le nouveau parti doit être proche du citoyen. Il doit être une machine effective qui propose des mesures pour servir les Tunisiens à tous les niveaux. Ce nouveau parti est fier de son appartenance arabo-musulmane et défendra un islam modéré. Le travail sera fait dans un esprit de groupe en se tournant vers la société.