Sud Editions vient de publier un ouvrage de 250 pages sur le «Complot» Barraket Essahel (Chronique d'un calvaire) témoignage personnel de Sami Kourda, commandant d'armée accusé en 1991 de complot pour le renversement du pouvoir du président Ben Ali. Cet homme aujourd'hui la soixantaine atteinte et dont la vie se trouve brisée est-il réellement un des auteurs de ce complot ? Ce complot ne serait-il pas un coup monté de la part de Ben Ali, une épuration lancée dans la foulée de la campagne de grande purge menée contre le mouvement Ennahdha visant à éliminer une centaine d'officiers de l'armée ? Le livre n'apporte pas une réponse définitive sur cette affaire, mais met la lumière sur ce qu'a vécu l'auteur impliqué dans ce complot militaire monté de toutes pièces par les services de sécurité de l'Etat. Sami Kourda raconte le calvaire qu'il a subi durant son arrestation en insistant sur la torture et les méthodes de sévices utilisées par les bourreaux. Une chronique au jour le jour d'un calvaire dont il ne s'est pas remis tant que ceux qui ont commis ces actes abjects n'ont pas été jugés. Il nomme un par un ses agresseurs en donnant de menus détails sur leurs exactions. Après toutes ces longues séquences d'interrogations, de tortures et d'aveux. Les officiers présumés avoir comploté contre le régime du dictateur sont traduits devant la justice qui les a condamnés à des peines allant de la perpétuité à l'acquittement. Sami Kourda a été acquitté et mis d'office à la retraite anticipée par mesure disciplinaire avec juste 45% de salaire bien que le tribunal militaire l'ait innocenté. Au-delà du fait que l'auteur rapporte les faits qu'il a vécus dans cet enfer dantesque dont il n'est au bout du compte que le dindon de la farce, le livre dévoile les dessous d'un régime pourri qui a enfreint toutes les règles de droits de l'homme et a fait vivre le peuple sur le mensonge et la peur. On imagine que l'écriture de ce livre pour Kourda représente tout d'abord pour lui une sorte de thérapie qui lui permet d'évacuer les souvenirs d'un épisode noir de sa vie et ensuite de mettre à nu un système tyrannique qui ne recule devant rien pour exister. Pourvu que cela serve de leçon aux régimes qui succéderont à celui de Ben Ali. La révolution, et le vent de liberté qu'elle a apporté avec elle, a permis à tous ceux qui étaient privés de parole de s'exprimer et surtout de révéler des vérités cachées aux citoyens. Sud Edition compte parmi les maisons d'édition qui donne la priorité à ceux qui étaient privés durant 23 ans de paroles. Le témoignage de Sami Kourda entre dans le cadre des ouvrages politiques écrits après la révolution et dont le mérite est que ce travail de mémoire serve à marquer les esprits pour qu'ils n'oublient pas qu'un jour une certaine forme de pouvoir peut mener à la dérive et faire perdre aux citoyens leur dignité en les faisant vivre sous pression et dans la terreur. Que cela serve de leçon!