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«Sur le chemin de l'école», éducation à l'image, éveil à la citoyenneté
A la Maison de la Culture Cheikh Idriss de Bizerte (du 19 au 22 avril 2012)
Publié dans Le Temps le 17 - 04 - 2012

Les Caravanes Documentaires, projet initié par Hichem Ben Ammar dans le cadre de 5/5 production, présenteront, du 19 au 22 avril, avec le soutien de la Délégation Régionale à la Culture de Bizerte et en partenariat avec de nombreuses associations, « Sur le chemin de l'école, droit à l'éducation, droit à la culture ».
Il s'agit d'une manifestation pluridisciplinaire qui inclut théâtre, cinéma et photographie, avec l'ambition de souligner l'importance des droits culturels de l'enfant.
Au cours de cette rencontre, il est prévu de produire des supports de communication susceptibles d'interpeller les élus de la Constituante en leur proposant des recommandations concernant la nécessité de réhabiliter la culture, non pas en tant que simple loisir, mais en tant que moyen de socialisation et d'ouverture sur le monde à même de forger la personnalité de l'enfant. Le programme compte deux pièces de théâtre interprétées par des enseignants et des jeunes de Bizerte, un cycle de films dont neuf documentaires tunisiens, des séances d'analyse d'images, une table ronde et divers ateliers. Un programme très riche encouragé par l'Institut Arabe des Droits de l'Homme, l'UNICEF et le British Council. Entretien avec l'instigateur du projet.

Le Temps : comment justifiez-vous l'intitulé de cette manifestation: Droit à l'Education, Droit à la Culture ?

Hichem Ben Ammar : culture et éducation sont indissociables, car la scolarisation, si elle n'est pas complétée par un épanouissement culturel, condamne l'enfant à n'avoir aucune ouverture sur le monde et sur les autres. La culture est cette disponibilité de l'esprit qui permet de consolider l'identité. Pour nous, culture est synonyme de curiosité, d'éveil, de compréhension, elle est le liant de tout partenariat et le socle de toute socialisation. Aujourd'hui, à l'heure de la rédaction de la nouvelle constitution, notre but est de soulever la question des droits culturels de l'enfant car c'est un vecteur capital d'émancipation pour l'avenir de la Tunisie. La Tunisie a ratifié en 1992, la convention de l'ONU de 1989, relative aux droits de l'enfant dont l'article 31 prescrit les droits culturels. Notre souhait est de mettre des élus de la Constituante en contact avec des éducateurs et des jeunes pour que les droits culturels soient considérés sous l'angle de la citoyenneté.

De quelle mission les Caravanes Documentaires sont-elles investies ?

Les Caravanes Documentaires jouent un peu le rôle de la mouche du coche. Nous voudrions particulièrement attirer l'attention sur l ‘éducation à l'image qui fait cruellement défaut dans les programmes d'enseignement. L'apprentissage des codes de l'image est un vaccin qui immunise les jeunes, qui développe leur sens critique ainsi que leur libre arbitre en leur évitant de devenir la proie des idéologues. Ainsi entendue, l'éducation à l'image est une manière de consolider la responsabilité individuelle. Aujourd'hui, l'éducation à l'image doit faire partie des programmes scolaires. Cette discipline désormais incontournable devrait permettre aux jeunes d'affronter l'évolution du siècle en maîtrisant l'alphabet de l'audiovisuel et tout le code éthique qui s'en suit. C'est une nécessité. Or, le retard ne cesse de s'accumuler. Désormais, l'enseignant est même dépassé par l'élève qui dispose d'une technologie très avancée faisant de lui un émetteur d'images et d'informations. Chaque jeune muni d'un téléphone portable devient potentiellement un émetteur d'images. C'est une responsabilité à laquelle les jeunes ne sont pas préparés. Ils sont livrés à eux mêmes puisque les encadreurs sont dépourvus de pédagogie dans cette discipline et sont incapables d'en transmettre les rudiments. On constate de ce fait, une déferlante sauvage dénuée de fondements éthiques et esthétiques dont Facebook et les réseaux sociaux se font le support.

Pensez-vous que c'est de la négligence ou une politique, une option préméditée ?

J'ai entendu le dernier Ministre de l'Education sous Ben Ali annoncer avec une autosatisfaction béate qu'il comptait équiper tous les établissements scolaires de Karaokés. Cela veut tout dire et montre comment les responsables de l'époque considéraient l'activité culturelle. Ils étaient prêts à sacrifier beaucoup d'argent pour que les jeunes se contentent du moindre effort, invitant l'enfant à singer des modèles et des stéréotypes quelle qu'en soit la qualité. Pourquoi n'avoir pas plutôt pensé à équiper les écoles, collèges et lycées de caméscopes, de vidéo projecteurs, d'instruments de musique, de salles de théâtre, pour stimuler le talent et encourager l'exigence. Bien au contraire, la priorité était donnée au divertissement débilitant. Il fallait faire semblant ou ne rien faire du tout. Les actions tentées ça et là étaient tellement sporadiques et timides qu'elles faisaient simplement figure d'alibi. Le travail de fond et le suivi quotidien n'étaient pas et ne sont toujours pas effectués. En fait, on peut considérer cela comme un préjudice infligé à des générations entières.

Tout cela n'est-il pas l'expression d'une méfiance ?

C'est vrai. Les films sont toujours assimilés par certains directeurs d'écoles et par des parents d'élèves à des spectacles invitant les jeunes à la débauche. Pour eux, il faut protéger la jeunesse des modèles occidentaux qui colportent des valeurs non adaptées à notre contexte. Du coup, le spectacle cinématographique se trouve mis à l'index pour ne pas dire mis au banc des accusés et c'est encore l'éducation à l'image qui s'en trouve pénalisée. A notre avis, ce qui a manqué jusque là, c'est la volonté mais aussi l'expertise car le choix des films selon une stratégie intelligente aurait pu contourner ce problème et changer cette réputation en montrant des œuvres judicieusement sélectionnées et inattaquables. Il est bien évident que cela ne peut être l'affaire de bureaucrates mais bien plus l'engagement d'éducateurs motivés qui n'ont pas peur de soulever les montagnes.

Quels sont les autres obstacles ?

L'obtention de films libres de droits pour que cette activité obéisse aux règles du droit d'auteur. Il faudrait pour cela qu'une vidéothèque soit constituée, offrant aux enseignants un choix de DVD selon des thématiques variées. Le problème c'est que quand bien même ils le voudraient, ils ne savent pas où se procurer les films. Lorsqu'ils possèdent la copie, ils sont condamnés à se comporter en pirates et, plus souvent, ils n'ont pas le matériel de projection. Il se trouve aussi que les films disponibles sont en français et que cela constitue une dissuasion de plus dans la mesure où cette langue est presque tombée en désuétude. Il faut donc chercher des films doublés ou sous titrés en arabe.

Est-ce qu'il y a des enseignants prêts pour prendre en charge ces cours ?

Indéniablement non ! Les professeurs ont peur de l'analyse de film, ils manquent d'assurance et pensent que cette matière exige tout un arsenal de concepts théoriques, un jargon spécifique ainsi que des connaissances techniques. Or, il faut juste apprendre aux enfants à être de bons spectateurs. Il faut leur dire que les images sont faites pour être partagées et discutées. Qu'elles sont un prétexte pour permettre aux uns et aux autres d'exprimer des opinions et qu'elles peuvent de ce fait faciliter la communication. Il faut dédramatiser le problème tout en dissipant les appréhensions. Aux décideurs, il faut montrer que les images ne sont pas si dangereuses, et aux enseignants, il faut dire que les images sont des objets familiers que l'on peut facilement s'approprier.

Que proposez-vous pratiquement ?

Il faut envisager une stratégie pour que cet enseignement soit introduit progressivement de manière à l'enraciner durablement selon un projet où l'image devrait naturellement trouver sa place en tant que support pédagogique et en tant que support d'animation. Il faut multiplier les expériences pilotes. A ce titre les CREFOC, (Centres de Recyclage et de Formation Continue du ministère de l'Education), doivent jouer un rôle important pour le recyclage et la formation continue. On pourrait également envisager de recruter les titulaires des diplômes en audiovisuel et multimédia de l'ISAMM (Manouba) et de l'ESAC (Gammarth), pour introduire progressivement la discipline audiovisuelle dans les établissements scolaires. Je me permets pour justifier cette proposition de rapporter ce fait publié sur Facebook : Mme Chiraz Laatiri, l'ex directrice de l'ISAMM, s'est rendue dernièrement à El Manar. Dans une sandwicherie, un jeune vendeur se présente à elle et l'informe qu'il est titulaire, depuis 2009, d'un diplôme de l'établissement universitaire qu'elle a dirigé. Inutile de dire le sentiment d'échec qui s'est emparé de Mme Laatiri. Obligé de vendre des fricassés, ce jeune homme ne serait-il pas plus utile et plus à sa place s'il pouvait partager les compétences acquises à l'université ?

La plupart des films programmés sont tunisiens. Est-ce la preuve que nous commençons à avoir un catalogue où les éducateurs pourront puiser dans des films locaux correspondant à une réalité et des préoccupations tunisiennes ?

Sur les quatorze films, il y a titres films tunisiens récents dont trois ont été tournés après le 14 janvier. Ce nombre a de quoi réjouir d'autant que les films ont été sélectionnés selon un critère thématique et des exigences de qualité. Cette manifestation a donc l'ambition, outre celle de susciter le débat autour des sujets liés aux droits culturels de l'enfant, de constater qu'une fermentation prometteuse est en train de se produire. En fait, nous attirons l'attention sur des films épars qui, regroupés, prennent vite une dimension particulière, surtout lorsqu'ils sont mis dans la perspective du contexte.

Un mouvement serait-il en train de se profiler, annonçant, à l'orée des changements survenus en Tunisie, une approche spécifique ?

Se complétant dans une programmation parcourue par un fil rouge, les documentaires tunisiens indépendants produits au cours des trois dernières années, révèlent, en effet, un intérêt marqué pour la jeunesse et l'enfance. Il est peut être naturel que cette préoccupation surgisse maintenant alors que l'on vit une période de rupture et que la jeunesse ait besoin de s'affirmer et de se positionner dans le nouveau paysage. Que cela soit dans Un conte de faits, qui pressentait le changement à travers l'exemple d'un fils qui dépasse musicalement son propre père, dans Wayarayé ou La nation du livre, tournés avant le 14 janvier, la problématique de la transmission des valeurs est traitée de manière récurrente, insistant douloureusement sur la frustration de la génération des aînés. Arab essarrafa, présenté quelques mois avant la révolution, est, quant à lui, imprégné du désespoir des enfants laissés pour compte dans les campagnes de la région de Sidi Bouzid, alors que Le monde d'Inès, est un hymne à la survie, malgré tous les handicaps. La révolution aux yeux des enfants, Largo, et We are here, réalisés après la fuite de Ben Ali, laissent, quant à eux, entrevoir une possible résilience. Nous sommes heureux d'ouvrir une piste nouvelle donnant à voir les films tunisiens actuels sous un angle original tout en révélant de la cohérence dans ce qui semble être chaotique.
Propos recueillis par Sayda BEN ZINEB


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