De notre correspondant permanent : Zine Elabidine HAMDA - Le Maghreb des films 2012, organisé par l'association éponyme, s'est déroulé entre le 11 et le 15 avril autour d'un hommage appuyé au cinéaste René Vautier, véritable précurseur du cinéma algérien. Cet hommage, structuré en deux séquences, accompagne la commémoration du cinquantenaire des Accords d'Evian en 1962 qui aboutirent à l'indépendance de l'Algérie. La session précédente, révolution oblige, a été consacrée, entre autres, au cinéma tunisien. Des hommages aux cinéastes Selma Baccar et Naceur Khemir, des films sur la révolution réalisés par des cinéastes tunisiens ont été le centre de la programmation. Le Festival a eu aussi l'heureuse idée d'une rétrospective sur le cinéma « militant », emprunt de tiermondisme, dans le pur jus des JCC des années 70. Des œuvres d'Ahmed El Maanouni, de Moumen Smihi et du Mauritanien Med Hondo ont reconstitué une certaine mémoire militante et rappelé les combats pour la liberté des premières générations de cinéastes maghrébins. Cette année, la figure de René Vautier, résistant et militant anticolonialiste, s'est imposée pour la commémoration cinématographique du 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Réalisateur d'« Avoir vingt ans dans les Aurès » et de « La Folle de Toujane », témoins de ses années algéro-tunisiennes, René Vautier reste la figure emblématique de la naissance du cinéma algérien. Autour de lui, se retrouvaient Ahmed Rachedi, Djamel Chanderli , Nacerdine Guenifi et Mohamed Lakhdhar Hamina, dans les maquis de Tunisie et dans l' Algérie indépendante pour fonder les premières structures du cinéma algérien. Les « bandes » filmées durant la guerre de libération permirent de monter « Algérie en flammes », « Djazaïrouna », « Les fusils de la liberté » qui participèrent à l'internationalisation du combat des Algériens pour l'indépendance. Pour René Vautier, le cinéma algérien se devait d'être un cinéma de combat, un art au service des idéaux de liberté et de justice. « J'ai toujours considéré une caméra comme une arme de témoignage. Mais ce n'est pas une arme qui tue. Au contraire, ça peut être un instrument de paix. C'est pour cela que je me suis bagarré pendant cinquante ans pour qu'il y ait des dialogues d'images, et tous les films que j'ai faits, je considère que ce sont des dialogues d'images. Le réalisateur prend parti. Il s'engage d'un côté, mais il donne aussi la parole aux gens d'en face », déclare-t-il à ce propos. A l'indépendance, en 1962, René Vautier participe à la mise en place des institutions cinématographiques du nouvel Etat en créant le Centre Audiovisuel d'Alger, destiné à former cinéastes et techniciens, qu'il dirige jusqu'en 1965. Le Maghreb des Films organisera en novembre 2012 sa troisième séquence sous la forme maintenant habituelle des éditions du Maghreb des films : inédits maghrébins, documentaires, films TV, Web, etc., avec une partie importante du programme portant sur les années d'indépendance de l'Algérie et un hommage à un grand cinéaste algérien qui reste à déterminer.